jeudi 28 mars 2013

John Kerry, secrétaire d'Etat des Etats-Unis aux affaires étangères déjeune Chez l'Ami Louis, seul restaurant parisien chauffé au poêle Godin (l'âne vert s'essaie à faire paparazzi)

Ce jour (27 mars 2003) l'Ane Vert sort de chez son amie Gabrielle où il est en vacances, rue du Vertbois à Paris. Petit attroupement policier devant "Chez l'Ami Louis", seul restaurant parisien chauffé par un poêle Godin, et une voiture de l'Ambassade des Etats-Unis. L'Ami Louis, l'âne sait que c'est la coqueluche des américains à Paris. Clinton et Chirac y déjeunaient il y a peu, Francis-Ford Coppola fréquente l'endroit (Jim Harrison dans son dernier bouquin consacre deux pages truculentes à 'un repas avec Coppola Chez l'Ami Louis). L'âne se souvient qu'il a un petit appareil numérique dans sa poche et se dit "pourquoi pas faire le paparazzi" (il travaille à un grand oeuvre sur l'histoire de cette rue). La maréchaussée ne l'entend pas vraiment de cette oreille, c'est de bonne guerre, elle contrôle que ma béquille n'est pas un lance-roquettes et que mon appareil photo n'est pas une grenade, menaces de saisie du matériel mais ça s'apaise vite; d'évidence je n'ai pas le profil d'un espion de la Corée du Nord. J'essaie d'arguer que je suis un descendant de La Fayette, mais ça ne prend pas, on me fait comprendre que rien ne sera fait pour me faciliter la tâche. Mystère et bouche cousue personne ne veut dire de quelle personnalité il s'agit, je comprendrai plus tard qu'il s'agit de John Kerry, secrétaire d'Etat des Etats-Unis (en France on dirait Ministre des Affaires Etrangères). Clinton ou Coppola ont du le tuyauter, il est francophile, dit-on (et pour cela mal vu par la droite américaine), ce n'est peut-être pas sa première visite Chez l'Ami Louis.

Je mets ce petit reportage sur mon blog car il contient en filigrane une (petite) suggestion pour la Picardie. Si Godin à Guise veut créer un paquet d'emplois en exportant à tout va aux "States", un "show room Godin" (comme ils disent) en face de Chez l'Ami Louis serait une excellente idée, il y a même une boutique libre juste en face et c'est une société d'économie mixte de la ville de Paris qui semble en disposer !
John Kerry chez l'Ami Louis, rue du Vertbois, le dispositif de sécurité se met en place.
John Kerry chez l'Ami Louis, attente, le dispositif se resserre
John Kerry arrive rue du Vertbois à Paris
Nervosité policière, John Kerry est rue du Vertbois devant chez l'Ami Louis
John Kerry sort de sa voiture rue du Vertbois
John Kerry entre Chez l'Ami Louis
Vous n'apercevez que sa chevelure grisonnante dans l'embrasure de la porte, mon appareil photo n'est pas doté d'un dispositif rafale, je ne suis pas un pro comme paparazzi !
John Kerry est à table Chez l'Ami Louis, tout le monde de calme
Ce qui est un peu triste pour tous les petits restaus sympas du quartier c'est que cette armada de gardes du corps et de policiers n'a même pas profité des autres bonnes tables de la rue, ils ont mangé leurs sandwichs dans leurs bagnoles ! Je me suis tiré car j'avais faim.

J'ai connu Antoine Magnin (les gens du quartier disaient "le père Antoine"), le fondateur de ce bistrot-restaurant, dans ses vieux jours (il est mort il y a une vingtaine d'années, Paix à son âme, il était brave homme) . Il était très généreux avec les pauvres du quartier qu'il régalait à l'occasion sans barguigner. Dans ces années là je n'étais pas assez pauvre pour qu'il se soucie de moi, et aujourd'hui trop désargenté (l'addition est "salée", lisez Harrison, si vous voulez vous en faire une idée) pour songer à y déjeuner.

jeudi 14 mars 2013

Un pape écologiste ?

François d'Assise saint patron des écologistes (Sermon de Saint-François aux oiseaux par Giotto)
Ma jeunesse a baigné dans la spiritualité franciscaine et ma vieillesse comporte une part de fidélité à cette histoire. C’est en lisant les Fioretti et le Cantique de Saint-François à Frère Soleil, Sœur Lune et aux Créatures que je me suis d’abord éveillé aux beautés de la création et à la fraternité aux plus pauvres d’entre nous. Sans doute vient de là aussi mon amitié ancienne pour les ânes et particulièrement pour l’ânesse Modestine de Robert-Louis Stevenson. François d’Assise a été canonisé par une Eglise qui avait beaucoup à se faire pardonner en un temps où la frontière était ténue entre la canonisation et le bûcher (ceux qui ont lu « le Roman de la Rose » d’Umberto Ecco comprendront). C’est aussi une Eglise qui a beaucoup à se faire pardonner (mais quelle institution humaine n’a pas à se faire pardonner ?) qui a érigé François d’Assise, plus récemment (une trentaine d’années) en saint patron de ceux et celles qui se préoccupent d’écologie.

Il a aura fallu près de huit siècle pour qu’un pape porte ce nom,  c’est pour moi, ce soir, un formidable signe d’espoir. J’avais relu ces temps derniers le droit canon pour voir qui était éligible et j’y avais appris, ce dont aucun média ne vous a tenu informé, que tout prêtre catholique ou simple moine était éligible. Et de fait, au moyen âge, les papes qui n’étaient pas cardinaux mais des hommes sages ou savants ou simples moines ne furent pas si rares en un temps où la foi chrétienne était plus largement partagée. J’ai failli vous en entretenir tant l’ensemble des médias semblait ignorer complètement cette donnée, mais la rapidité du conclave ne m’en a pas laissé le temps. Alors cette élection, (dans un scrutin qui n’est pas si éloigné des règles de nos sénatoriales) d’un pape si éloigné dans ses choix de vie, des pompes et palais dorés de le curie romaine (notre République ne fait guère mieux), quelle joie !

Vous me direz : et les femmes ? C’est une vraie question. Les textes fondateurs des grandes religions monothéistes ont été écrits dans des temps ou dominaient une culture, une politique, un droit public, patriarcaux. Elles peinent (même le bouddhisme n’y échappe guère) à se dégager d’une lecture littérale  et les forces les plus obscurantistes et conservatrices y travaillent sans relâche (pas seulement dans le monde musulman comme on le dit trop souvent). Mais l’espoir luit, dans toute ces cultures, que les conservatismes finissent par céder le pas à une lecture des écritures sur des fondamentaux moins racrapotée et plus fraternelle. Déjà une partie des églises luthérienne élisent des prêtres et évêques femmes et même homosexuel (le)s. Beaucoup de femmes d’origine musulmane et dans les églises chrétiennes sont en lutte pour de nouveaux droits. Au moins peut-on espérer qu’on ne verra pas ce nouveau Pape tenir la main de Frigide Barjot dans les rues de Paris et que le message évangélique n’est pas, chez lui, soluble dans l’eau de rose.

Une chose me réjouit aussi c’est qu’il vienne d’Argentine. J’ai vécu en Amérique du Sud dans les années soixante dix, j’y ai côtoyé des sœurs et des prêtres catholiques d’origine française engagés dans les luttes pour la défense des plus pauvres, je sais le prix de sang très élevé que beaucoup (et tant d'autres) ont payé (et dont il n’est presque pas de mémoire collective) au temps des dictatures les plus féroces. Les choix de vie du cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio font douter qu’il ait pu être de ceux (pas si rares dans l’épiscopat sud-américain) qui ne barguignèrent pas à bénir les bourreaux des « grands cimetières sous la lune ».

Un de mes livres de chevet est le « sermon de Saint-Antoine aux poissons » d’Antonio Vieira. C’est un texte fondateur de l’écologie politique dans une langue magnifique (Fernando Pessoa dit, et c’est mérité, qu’il est un des plus grands prosateurs de la langue portugaise). Antonio Vieira est un père jésuite (comme le nouveau pape) du XVII ème qui n’échappa au lynchage par ses paroissiens (colons portugais du Brésil), après un de ses sermons, qu’en s’embarquant promptement pour l’Europe. Au Portugal et en Espagne il échappa de justesse aux foudres de l’inquisition grâce à l’intervention d’un pape lettré qui en fit un des diplomates les plus remarquables de son temps. Une œuvre que je ne saurais trop vous recommander et que le nouveau pape a sans doute lue. Le cas d’Antonio Vieira n’est pas une rareté dans l’Amérique latine de cette période et ceux qui en connaissent l’histoire savent  combien nombre de jésuites et de franciscains œuvrèrent à protéger ou émanciper les communautés indiennes de la rapacité du monde colonial. Le monde musical redécouvre par exemple actuellement les partitions baroques de compositeurs indiens oubliés de Bolivie et du Paraguay qui donnent à voir que le paternalisme n’était pas le seul ressort de ces entreprises.

Cela va faire hurler beaucoup d’entre vous, tant la légende noire des jésuites est forte dans notre pays (et ça ne date pas de la République, nos rois imbus de leurs privilèges gallicans ne barguignèrent pas à les stigmatiser comme dangereux internationalistes), mais je me réjouis aussi que le nouveau pape soit un jésuite.

N’étant pas né avec une petite cuillère en argent dans la bouche je n’ai pas été éduqué par les pères jésuites comme quelques uns de mes amis. Cela me laisse peut-être une plus grande disponibilité pour lire leurs travaux savants ou spirituels. J’ai une grande curiosité actuellement pour les travaux scientifiques si remarquables des jésuites en Chine aux XVIIème et XVIII ème (finalement condamnés par Rome mais réhabilités aujourd’hui).

Comme des récits de voyages des pères franciscains, moins connus que Marco Polo, qui dès le XIII ème siècle voyagèrent en Chine et reprirent langue, au temps de Gengis Khan,  avec les civilisations d’Asie centrale et orientale et le christianisme nestorien qui y était présent sans doute depuis les premiers siècles du christianisme.

L’histoire de la route de la soie est passionnante parce qu’elle détruit l’idée de l’étanchéité  des civilisations et du caractère inexorable de la guerre entre elles.
Longue vie donc à ce pape qui a traversé les océans pour devenir évêque de Rome.

Je vous conterai un jour prochain l’histoire de l’origine de la pomme, elle aussi beaucoup voyagé sur cette route de la soie et il n’est pas impossible que sur cette route puisse s’apercevoir des leçons pour une gestion de nos vergers moins chimique et plus verte.

Si vous ne l'avez pas encore lu allez aussi voir le petit film et le texte que j'ai consacré à un autre jésuite, le Père René Courtois, créateur du jardin des simples de l'Abbaye de Vauclair dans l'Aisne en cliquant ici

samedi 9 mars 2013

Disparition ou retour des dinosaures ? Le jeu des 7 erreurs

Le retour des dinosaures ?

Le thème récurrent de la disparition des dinosaures m’horripile depuis que je les entends chanter  ou caqueter au cours de mes promenades quotidiennes. Béotien que j’étais (comme beaucoup d’entre vous sans doute) j’ai longtemps cru à cette fable de leur disparition. Jusqu’au jour où, au Muséum d’Histoire Naturelle, je suis tombé en arrêt devant le grand arbre généalogique de l’évolution du vivant. Ce fut mon chemin de Damas. Pour s’en tenir aux vertébrés, la science la plus affranchie de préjugés et d’erreurs grossières m’apprenait que tous les oiseaux ou volatiles qui peuplent nos forêts, nos prairies, nos jardins, nos poulaillers (nos cuisines ou nos balcons pour ceux qui hébergent une poule qui recycle leurs menus déchets ménagers en œufs succulents)… sont des dinosauriens ! Attention, pas des cousins lointains, ils font vraiment partie de la famille et ils ont survécu à leurs très proches (dans la chaîne de l’évolution) cousins, les grands dinosaures, qui eux ont disparu au cours de cataclysmes de sinistre mémoire.

A l’heure bleue, le couple de ces oisillons qui partage mes jours et mes nuits (voir la photo ci-dessus) m’a éveillé ce matin d’un concert inhabituel (ils ont souvent égard au fait que je lis ou écris fort tard) et fort péremptoire. Ils  avaient ouï dire qu’une chaine humaine devait se déployer dans les rues de nos villes et villages aujourd’hui pour signifier à ceux qui nous gouvernent que sortir progressivement du nucléaire était bien désirable si nous ne voulions voir se répéter le genre de catastrophe, je les cite « qui a abouti à la disparition de nos lointains cousins » 


Nous savons me dirent-ils que ton état actuel de santé (quelques soucis du côté de mes sabots) ne te permettra pas de rejoindre ces joyeux cortèges. Nous avons donc décidé de t’y représenter si tu y consens . Comment ne pas y consentir ? Les fenêtres étaient d’ailleurs grandes ouvertes.


Donc il n’est pas impossible que vous les ayez côtoyés au cours de vos pérégrinations de ce jour. Ils défilent généralement sous la banderole du « Front de Libération des Dinosauriens - Canal historique ». La Police, toujours pleine de malice, sera sans doute très inquiète de ce nouveau front (voyez le bas de la photo). Ce sera bien à tort, je l’espère, car je sais que mes petit-e-s amis sont généralement pacifiques, particulièrement sur des pavés où l’ombilic est rare !


Dernière minute :


De retour mes oisillons me disent que j’aurais été aperçu furtivement au cours des rassemblements de ce jour. Je vous livre les preuves (ci-dessous) qu’ils produisent et qui s’apparentent pour moi à un jeu des 7 erreurs.
Je vous laisse vous en esbaudir (et particulièrement vous frères baudets aux longues oreilles). Je trouve que j’ai bon dos (mais pas bon pied bon œil) dans cette affaire bien troublante.

L'âne vert : jeu des 7 erreurs
Addendum : pour les amis proches qui aiment modestine, l'ânesse aux longues et douces oreilles soyeuses, un petit hommage est caché dans ce blog, cliquez le lien tout en bas de la colonne de droite
du blog "Gabrielle...etc"