lundi 1 février 2010

On ne se méfie jamais assez des belles caucasiennes !

 
Une grande berce du Caucase

Article publié suite un appel à la délation et à l’éradication de la berce du Caucase dans l'Aisne Nouvelle 15 février 2008 par Mr Borel de l'antenne Picarde du CBNBL. Cet article est toujours d'actualité car l'œuvre d'éradication se poursuit. A la suite d'une séance d'information (3 personnes présentes) l'été dernier dans ma commune une opération commando d'éradication dans un jardin privé proche de la mairie s'est déroulée sur un massif de berces datant d'une décennie, massif parfaitement géré par le propriétaire de ce jardin, sans incident aucun depuis 10ans. Les journaux régionaux relatent chaque fois ces opérations et contribuent à affoler les populations. Le maire de ma commune avait accepté cette séance "d'information" après s'être fait traité de "lâche inconscient" en réunion de Conseil Municipal !
 
J'ai lu avec intérêt l'article que vous avez suscité dans l'Aisne Nouvelle sur la Berce du Caucase. On ne se méfie jamais assez de ce qui vient du Caucase (et des nomades), et sur ce point le Président Poutine qui les poursuit "jusque dans les chiottes" (comme il dit) nous a très certainement montré la voie. J'en connais une dizaine(de ces caucasiennes) dans un périmètre de deux à trois kilomètres autour de notre site mais j'hésite à les dénoncer. Avons-nous des garanties sérieuses d'anonymat ? (On a bien vu qu'après l'occupation des délateurs se sont fait pincer par la résistance car les officines policières ont une fâcheuse tendance à tenir des dossiers bien rangés).

D'autant que même dans nos villages de Picardie des résistants qui ont entendu à la radio l'appel de Gilles Clément (Le jardin planétaire, Le jardin en mouvement : http://www.gillesclement.com) rodent la nuit dans ce qu'il nous reste de forêts, de bosquets, de haies, de prairies humides ou de simples friches en multipliant et protégeant toutes sortes d'herbes folles ou nomades. Un enfant d'un village voisin m'a dit récemment que son instituteur leur apprenait qu’il est facile de limiter l'extension de la berce en supprimant les inflorescences fanées avant la maturation complète et la chute des graines et que, dans les lieux accessibles au public, il était prudent de signaler les irritations qu'elles peuvent produire durant l'été. Voilà un type qui n'a pas lu votre article, et on se demande ce que fait Monsieur de Robien ! On m'a même signalé la naissance d'un "Front de Libération des Chardons" qui brave l'autorité de nos arrêtés municipaux et de nos gardes champêtres.

J'espère que Monsieur Sarkozy a été prévenu et que le lobby betteravier va mettre à votre disposition les moyens puissants d'éradication dont il dispose. Il semblerait aussi, que détournant les dispositions récentes de la loi anti-tabac, des individus fument en cachette dans des lieux publics des feuilles de berce du Caucase (grand bien leur fasse).

Après avoir lu l'article de l'Aisne Nouvelle, j'ai relu quelques ouvrages de botanique et de mycologie (pour continuer à dormir la nuit, j'évite pour l'instant les traités de zoologie, de biologie, sans parler des insectes...etc), quel cauchemar, Monsieur Borel, la nature est vraiment diabolique et la vie, semble-t-il, une maladie horriblement mortelle !

J'espère, Monsieur, que votre organisme recrute en masse car le travail est immense et je ne suis pas sûr que l'addition de nos phobies suffira à ce grand ouvrage de nettoyage de la planète (notons qu'en Picardie nous avons quand même une bonne longueur d'avance sur beaucoup de contrées encore ensauvagées et les petits sumos qui prolifèrent désormais dans nos cours de récréation témoignent avec éloquence de la contribution de la betterave sucrière à la vitalité de notre région, comme au recul des espèces nomades).

Il semble que sur Mars et dans la Lune les anciens habitants ont parfaitement réussi votre grand oeuvre d'éradication. Je comprends dès lors pourquoi tant de nos contemporains rêvent de s'y installer : toutes les photos publiées semblent indiquer que dans ces contrées c'est parfaitement net : on n'y note pas même trace de la moindre moisissure. Quel repos ce doit être pour l'esprit !
En conclusion permettez-moi une petite citation de René Char (je la tiens du Père René Courtois, fondateur du jardin des simples de l'abbaye de Vauclair, dans l’Aisne) :

"Jadis l'herbe connaissait mille secrets qui ne se divisaient pas.
Elle était la providence des visages baignés de larmes.
Elle incantait les animaux et donnait asile à l'erreur.
Jadis l'herbe était bonne aux fous et hostile au bourreau"

                                                                         René Char