A propos des élections italiennes de ce week-end une partie des commentateurs politiques soulignent la responsabilité du système électoral concocté par Berlusconi et qui prive les citoyens italiens d’un deuxième tour où, selon l’adage familier des électeurs français, « au deuxième tour on élimine après avoir dit son choix au premier tour » et dont le résultat aux sénatoriales semble vouer l’Italie à l’ingouvernabilité.
Ce système à un seul tour électoral (avec prime au premier arrivé pour les législatives et proportionnelle régionale pour les sénatoriales) interdit aux force politiques de construire des alliances de deuxième tour (donc de dire avec qui ils souhaitent gouverner s’ils ne sont pas seuls majoritaires), il prive aussi les citoyens italiens de dire qu’elle genre d’alliance et de gouvernement ils souhaitent en éliminant ceux qu’ils ne souhaitent pas voir gouverner.
Personne dans la presse que je lis ne s’est risqué à une extrapolation des résultats des élections italiennes selon un système électoral à deux tours, avec possibilité de panachage, c’est ce que j’ai tenté en exploitant les résultats par régions. Je l’ai fait par régions car je ne dispose pas de base de donnée par province ( grosso modo l’équivalent de nos départements). Cette projection est réalisée sur la base des élections législatives car l’exotisme de notre système censitaire d’élections sénatoriales (sans doute unique au monde dans le cadre des démocraties contemporaines) est intransposable.
La carte suivante met en évidence les tendances probables d’un scrutin d’un deuxième tour à la française :
Note : les calculs ont été établis sur la base des résultats par régions publiés par La Stampa
Rappel du 1er tour :
Le résultat est assez surprenant et montre qu’on ne parlerait sans doute pas dans cette hypothès d’ingouvernabilité de l’Italie.
L’alliance Monti-Gauche (qui se dit centre gauche) serait largement majoritaire (majorité relative) dans les régions italiennes à l’exception de la Sicile où le Mouvement cinq étoiles l’emporterait au deuxième tour, à l’exception aussi du Val d’Aoste où la droite berlusconienne emporterait le deuxième tour. Une seule région est indécise : La Campanie (région de Naples) où le deuxième tour pourrait être indécis.
Les hypothèses sur lesquelles je me suis appuyé sont les suivantes :
1 – deuxième tour avec possibilité de panachage en considérant que l’alliance de deuxième tour la plus probable (c’est l’alliance de gouvernement qu’annonçaient la plupart des commentateurs et qui est rendue impossible par le résultat des sénatoriales) était une alliance entre le centre gauche et le centre de Mario Monti. Les autres forces en présences n’avaient que des possiblités d’alliance marginales.
2 – triangulaires généralisées : au vu des résultats, avec un seuil à la française, dans toutes les régions ne restaient en lice que le centre-gauche, le mouvement cin étoiles (Beppe Grillo), et l’alliance des droites berlusconiennes. Une hypothèse supplémentaire est que les électeurs des autres formations (régionalistes, extrême droite, extrême gauche, écologiste, divers) se reporterait sur les trois listes restées en lice et que le report de voix serait bons chez les électeurs des formations restées en lice.
3 – les circonscriptions uninominales à la françaises étant intransposables, j’ai considéré, par simplification chaque région comme une circonscription électorale où la liste arrivée en tête a une prime majoritaire (un peu comme dans nos élections régionales).
Bien entendu ces hypothèses sont discutables en particulier parcequ’une transposition exacte est impossible. Elles indiquent cependant une tendance qui aurait pu être celle d’un deuxième tour si le système électoral italien avait permis à ses citoyens de participer à un deuxième tour et contraint les forces politiques d’énoncer clairement leurs préférences d’alliances de gouvernement.
Je fais aussi ici l’impasse sur la signification de l’ampleur du vote populiste en Italie, ce n’est pas mon sujet : l’ampleur des politiques d’austérité impulsées par les droites européennes qui ouvre sans doute partout dans nos démocraties européennes le temps des boucs émissaires.
J’ajoute que j’ai tenté ce petit exercice parce que j’aime l’Italie et que la responsabilité de son système électoral dans la crise actuelle ne me semble pas avoir été suffisamment développée et illustrée par les commentaires que j’ai pu lire ces jours derniers.
J'ajoute que je n'entends pas faire ici la démonstration de la valeur universelle de notre système électoral. Il a lui aussi ses défauts. Le mode d'élection de nos sénateurs fait penser davantage aux valeurs de la France de Louis-Philippe qu'à celles d'une démocratie moderne. Le système par circonscriptions uninominales à deux tours de nos législatives produit des notables territoriaux attachés au cumul des mandats en lieu et place de législateurs à plein temps. Nos élections régionales à la proportionnelle, sans primaires, font une place sans doute trop grande à la définition par les seuls partis des citoyens éligibles.. etc.
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mercredi 27 février 2013
jeudi 12 janvier 2012
L'Europe, poêle à frire ?
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© l'âne vert 2012 |
Non je n’ai pas dit « dessine toi une carte » en me préparant un petit frichti ce matin-là, début janvier.
Ce qui s’est dessiné au fond de ma poêle, et sur mon poële, m’a fait sourire plus que poiler, ou rire à gorge déplorée.
Cette petite Europe, avec son cœur jaune sur une mer noire, et sans étoiles, c’était comme un rêve éveillé, rien de prémédité.
Pour l’attache de ce cœur, pas d’erreur : entre plateaux à Langres et estuaires mosans, Wallonie, Parisis, roses de Picardie, parages du Nord Ouest, les prairies où je m’esbaudis … et m’égare à siffler les trains, goût des lointains. Une toponymie à l’écoute s’il pleut que je chéris et où l’homme n’est pas en sucre, fut-il candi. Et moins encore la femme qui, en ces pays cy sait tisser et festonner la dentelle des rêves dont les hardes se disent « clicotes ».
L’ai trouvée bien jolie cette petite Europe, en ses clicotes où les bretons jettent des ponts vers ibères et lusitaniens, peuples marins.
Bien facétieuse aussi d’avoir osé amarrer une petite Corse à la côte des basques.
Plutôt « hip – hop », et assez « swing » : voyez ce grand écart d’Italie à Espagnes où elle semble danser-courir-bondir,
S’enfuir ? Ah, ça se pourrait bien, avec ces bruits à l’est où hongre ne rit.
Assez rétrécie, aussi, avec ces Royaumes désunis, l’Irlande fière, l’Hellade notre mère, tous ces naves scandis qui semblent le large avoir pris.
Hamlet sans royaume, fallait le faire, la poêle à frire, pour un cartographe, c’est peut-être un peu trop militaire.
Arrière ! fond d’idées noires ! répudier le genre masculin qui de la poêle au poêle : « Drap mortuaire, grande pièce d’étoffe noire ou blanche dont on couvre le cercueil pendant les cérémonies funèbres. », dit le wiktionnaire.
Pourtant cela peut advenir, la vie est maladie mortelle, et les agences de rotation, les rêves sombres de la peur, la nostalgie des gabelous et des gros bénéfices du change pour que rien ne change, la paix armée des tranchées mal refermées, y travaillent.
Si cela advenait, me ferais cartographe de toutes les contrebandes car, sur les cartes, les fleuves savent remonter à leurs sources. La « poêle à frire », c’est aussi un outil : pour ceux qui creusent et sculptent des trésors ? Pour les démineurs des lignes de fronts ?
Claude Harmelle - 11 janvier 2012
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