jeudi 20 août 2009

Le Monstre du Loch Ness sur le canal de la Sambre à l’Oise à Vadencourt


Un serpent de mer, genre monstre du Loch Ness, aurait été aperçu a Vadencourt (Aisne) dans le canal de la Sambre à l’Oise. Un de nos lecteurs a d’ailleurs réussi à le photographier et cette image est bien troublante. Les plus hautes autorités scientifiques, et notamment le Muséum national d’Histoire Naturelle, ont été alertées et on espère leur arrivée prochaine sur le site. La mairie de Vadencourt a rappelé qu’ un arrêté municipal interdisait  toute baignade dans le canal (son état actuel fait d’ailleurs que seuls les amateurs de bains de boue ou de thalasso trash pourraient s’intéresser à de tels bains).
Les promenades aux abords du canal sont fortement déconseillées dans ce secteur et la sous-préfecture de Vervins, ainsi que la Sécurité Civile ont également été sollicitées. Par ailleurs les sociétés de pêche locales ont dit leur inquiétude pour la ressource halieutique, on ne sait rien en effet du régime alimentaire de cette étrange bestiole. Provisoirement la pêche est déconseillée dans le secteur. Le capitaine Achab (Moby Dick) spécialiste de la chasse et de la pêche aux espèces géantes aurait proposé ses services.

Pour l’instant on se perd localement en conjectures : certains se rappellent que deux écossais munis de canoës auraient été aperçus aux abords de ce canal en 1876 (Robert-Louis Stevenson et sir Walter Grindlay Simpson dit «Baronnet »). Auraient-ils jeté dans le canal, par une malveillance inouïe ou par distraction, des œufs du monstre qui hante leurs lacs et cours d’eau ? Un naturaliste interrogé dit qu’on ne sait rien du temps  de gestation de ces œufs et que c’est une hypothèse crédible. Par ailleurs il n’est pas impossible que l’extrême envasement du canal, lié à la fermeture du canal depuis trois années, à la hauteur du pont-canal de Vadencourt, ait créé un milieu favorable à l’éclosion de tels œufs.
Le silence de VNF sur cette affaire suscite aussi des interrogations : s’agirait-il des prémisses d’une reconversion, par VNF, de ce canal en site préhistorique comme le bruit en a couru depuis que les bateaux sont interdits à la navigation sur ce canal ? On espère une conférence de presse prochaine de VNF sur le sujet.

Un habitant de Guise nous signale aussi que certains se demandent, dans cette bonne ville proche du canal, si cette apparition ne serait pas un effet collatéral de la démission prochaine du Maire de la cité, mystérieusement annoncée puis démentie ; une nouvelle candidature – bien surprenante il faut le dire – à la succession ? On ne voit pas ce qu’un serpent de mer viendrait faire dans cette histoire et les esprits sérieux s’accordent d’ailleurs à dire qu’il s’agit d’une rumeur assez loufoque, même si elle est bien dans la tradition facétieuse de cette cité si imprégnée de l’esprit carnavalesque de nos voisins du Nord. Les exploits de Thyl Ulenspiegel sont effet encore lus et admirés par nos bambins, au désespoir, il faut le dire, des pédagogues.

En conclusion nous ne voudrions pas passer sous silence qu’une lettre de revendication a été adressée à la presse par le Front Nautique de Libération du Canal de la Sambre à l’Oise (FNLCSO-canal historique). Ce communiqué n’a pas encore été authentifié par les Renseignements Généraux mais une source proche de l’enquête nous a confié qu’une partie de cette mouvance semi-clandestine a participé, il y a quelques années, à un éphémère festival Stevenson où s’étaient produit des musiciens écossais (le monstre lui aussi viendrait d’Ecosse). On sait aussi que des musiciens d’Etréaupont, proches de ce groupe, font fréquemment des voyages en Ecosse. D’autres membres de ce groupe seraient aussi impliqués dans les activités du « Front de Libération des Chardons » de sinistre mémoire. Rappelons à nos lecteurs que ce groupe s’est récemment illustré en Thiérache, dans la défense bruyante d’espèces végétales aussi malfaisantes que les chardons, l’ortie et la grande berce du Caucase. On aurait aussi aperçu le comédien Jacques Bonnaffé à proximité du canal. Dans son communiqué le « FNLCSO-canal historique » appelle chacun à signer la pétition pour la réouverture du canal lancée par la Communauté de Communes de la Thiérache d’Aumale et à multiplier les initiatives pour la sauvegarde de ce canal. Il annonce par ailleurs une prochaine conférence de presse. Seront-ils cagoulés comme sur la photographie qui était jointe à leur communiqué ?

Nous rappelons à nos lecteurs le principe de la présomption d’innocence tant qu’une affaire n’a pas été jugée par les autorités compétentes. On espère qu’elles vont diligenter leur enquête !

mercredi 19 août 2009

Une lettre de soutien au FNLCSO-canal historique de Robert-Louis Stevenson


En septembre 1876, j’ai débarqué à Anvers avec un ami écossais et deux canoës (l’Aréthuse et la Cigarette – mes excuses pour ce nom là, en ces temps là ce n’était pas « politiquement incorrect »). Notre projet était de rejoindre Pontoise en passant par la Sambre et l’Oise. Je me souviens bien qu’entre Maubeuge et Etreux le voyage fut magnifique. A Etreux où les eaux de la Sambre et de l’Oise se séparent, nous avons vu qu’il y avait beaucoup d’écluses pour rejoindre l’Oise à Vadencourt. Les écluses étaient un peu notre hantise car traîner nos canoës et notre barda pour les contourner n’était pas toujours facile. Nous avons donc loué à Etreux une petite carriole avec un âne pour transporter nos bateaux jusqu’à Vadencourt. Nous parcourûmes le cœur léger cette petite route qui, d’Etreux à Vadencourt , suit la vallée du Noirrieu.  Je relis pour vous ce que j’écrivis alors : « Le lendemain matin, avant neuf heures, nos deux canots furent installés sur une charrette légère à Etreux, et nous les suivîmes bientôt tout le long d’une riante vallée pleine de houblonnières et de peupliers. D’agréables villages s’étendaient ça et là à flanc de coteau, notamment Tupigny, dont les perches à houblon suspendaient leurs guirlandes jusque dans la rue et festonnaient les maisons de leurs grappes. Notre passage suscita un très vague enthousiasme : les tisserands mettaient la tête à leur fenêtre, les enfants poussaient des cris d’extase à la vue des barquettes, et des piétons en blouse qui connaissaient notre charretier le plaisantaient sur la nature de son chargement.
Nous eûmes quelques averses, mais faibles et passagères. L’air était pur et doux parmi tous ces verts pâturages … le temps ne montrait pas le moindre signe automnal. Enfin, à Vadencourt, quand nous nous mîmes à l’eau, partant d’une petite pelouse face à un moulin, le soleil apparut et fit scintiller tous les feuillages de la vallée de l’Oise"

La « vallée d’or »  s’ouvrait alors à nous et une crue subite (il avait beaucoup plu les jours précédents) a quelque peu précipité l’allure de notre voyage vers Pontoise. Au passage nous avons pu admirer le pont canal de Vadencourt et par la suite nous sommes passés avec nos canoës sous celui de Macquigny. Les étapes d’Origny-Sainte-Benoîte et de Moÿ de l’Aisne furent particulièrement charmantes. A la suite de ce voyage j’ai publié mon premier vrai livre de voyage : « An inland voyage » (il a été traduit en français vers 1900) . On me dit que quelques esprits curieux le lisent encore, certains en cachette me dit-on eu égard à « la cigarette » mais c’est sûrement une exagération bien française, je me souviens que vous  êtes un peuple bien facétieux.

On me dit aujourd’hui que la circulation sur le canal est interrompue depuis des années à Vadencourt. Cette nouvelle me stupéfie au moment où les frontières s’ouvrent si largement en Europe (et vous avez bien de la chance sur ce point car au cours de mes voyages j’ai souvent eu affaire aux soupçons des douaniers et de la maréchaussée). L’abandon de ce canal pose la question de savoir pourquoi vos grands décideurs consentent aujourd’hui à ce que votre espace se referme.  Les seules voies immatérielles de la finance auraient-elles seules droit de cité dans le monde dont ils rêvent ? Chacun sent bien pourtant que ces voies d’eau sont une ouverture sur un avenir plus attentif à la douceur des choses, des êtres et de notre environnement. Il me revient un mot, d’une grande sagesse, que me dit un batelier sur ce canal pour m’expliquer la beauté de son métier : « Voir le monde autour de soi, il n’y a que ça. Un homme, vous savez, qui reste dans son village, comme un ours, très bien, il ne voit rien. Et puis la mort c’est la fin de tout. Et il n’a rien vu ». Bien entendu il y avait dans ces propos une exagération bien française : le pêcheur qui reste des heures ou toute une vie au bord de l’eau, le laboureur, le bûcheron dans sa forêt voient des mondes insoupçonnés. Mais ce qu’il voulait dire c’est que les voies d’eau ouvrent l’esprit, l’imaginaire des routes de l’avenir.

C’est pourquoi je vous prie de faire savoir à Monsieur le Ministre que toute l’Ecosse (et peut-être l’Angleterre entière), ainsi que la communauté si sympathique de mes lecteurs, vont porter le deuil à la nouvelle de cette fermeture. En effet le moyen de fortune que nous employâmes  pour aller d’Etreux à Vadencourt paraît peu adapté aux péniches de commerce comme aux bateaux de plaisance qui ont succédé à nos frêles esquifs sur cette voie d’eau. J’espère que vous aurez gain de cause dans votre défense de cette circulation bien douce du canal de la Sambre à l’Oise et je suis de tout cœur à vos côtés.
                                                                         Robert-Louis STEVENSON
Pcc : Ane Vert  

lundi 25 mai 2009

Affluence record en Thiérache, les belles dames sont de sortie


Dimanche en fin de matinée les habitants notre hameau ont été intrigués par un afflux soudain de belles visiteuses. Des dizaines de milliers de papillons tachetés orange et noir arrivent en vol serré depuis le plein sud et foncent droit sur notre maison. Ils escaladent avec grande vélocité le toit d’ardoise et filent vers le nord dans la prairie de l’étang où ils batifolent un temps autour des consoudes et des chardons, semble-t-il pour y faire quelques provisions de route, avant de repartir plein nord dans un vol rectiligne. Le flux est continu, régulier, rien à voir avec les papillons autochtones qui ordinairement batifolent dans la lumière et les fleurs sauvages abondantes en cette saison, dans un mouvement brownien, sans orientation précise. Cela dure jusqu’à la fin du jour en une longue procession qui de désempare à aucun moment. Ces papillons semblent attirés par les zones les plus ensoleillées et les plus chaudes des prairies. Le fils d'un de nos voisins parle de papillons migrateurs, il suggère de nom de “monarque”. L’idée d’une invasion de sans-papiers papillonnant et défiant les lois de Mr Besson (Ministre de la République en charge de la “chose”), soulève l’incrédulité générale. Personne, dans le hameau, n’avait imaginé de si frêles bestioles abonnées au vol au long cour, on leur supposait une existence brève dans des espaces limités et éphémères. 

Une rapide recherche sur internet dément bientôt ces préjugés : il s’agirait bel et bien d’un papillon migrateur et ce n’est pas le “monarque” qui est un papillon migrateur américano-mexicain mais d’un papillon migrateur nommé “la Belle Dame”, en latin “vanessa cardui” ou “vanesse du chardon” (du nom de la plante dont se nourrit sa chenille). En Rhône-Alpes on signale cette année une migration exceptionnelle, un coup de fil en Belgique nous apprend que la Radio-Télévision-Belge-Francophone signale aussi des passages exceptionnels chez nos voisins du Nord. C’est un papillon qui chaque année migre depuis l’Afrique du Nord (et notamment du Maroc), franchit le détroit de Gibraltar, et fonce par temps ensoleillé (nécessaire à son vol car il a le sang froid) vers le grand nord où il va pondre. C’est un voyage sans retour : les nouveaux nés feront le chemin inverse à l’automne et le cycle recommencera l’année suivante. Deux grand routes sont connues : l’une passe par le Portugal et l’Espagne, c’est sans doute de cette route que viennent nos éphémères visiteurs. Une autre route, plus à l’Est, passe par la Sardaigne, la Corse et la vallée du Rhône. Ces bestioles dont l’envergure ne dépasse pas 6 à 7 centimètres sont capables de parcourir des distances de 3000 à 4000 kilomètres, ce qui est assez stupéfiant. Les compagnies aériennes et les pétroliers ont du souci à se faire ! On les signale, pour la ponte, jusqu’au cercle polaire.

La dernière grande migration remarquée par les entomologistes remonte à 1996. Cette année on signale de partout que la migration est très exceptionnelle et ce dimanche en Thiérache, c’était bien l’évidence. Dans la grande prairie au nord on pouvait voir des dizaines de milliers de ces individus brouter le végétal pour recharger leurs batteries. On se demande ce que fait la police de Monsieur Besson !