mardi 28 décembre 2010

Fêtes du 15 août en Outremeuse à Liège : fanfares, harmonies, orphéons, géants, et météorologie

L'homme est-il en sucre ? C'est la question qu'il m'arrive de me poser en écoutant la tonalité des alertes météo. Il neige sur Liège, chantait Brel et il y a des jours où l'on aimerait que les commentateurs météo de nos médias se fassent chanteurs plutôt que maîtres chanteurs. Alors que faire quand, cernés par les ours blancs et les cliquotes de dame météo, seules restent ouverts les sentiers du rêve ? Eh bien monter et montrer, par exemple, les images d'un autre été et d'un voyage à Liège. J'en ai déjà parlé sur les images d'un autre (billet sur ce blog à propos des "cramignons"). Donc, place aux images, et ne ratez pas la publicité à la fin du film, elle annonce des lendemains qui chantent.


Pour ceux qui ont une bonne connexion internet et un grand écran : la résolution des vidéos est meilleure sur "you tube". Vous y accédez en cliquant deux fois sur l'écran.

Et bientôt, sur ce blog, le film de l'enterrement de Mathy L'Ohè (16 août 2010), j'en ai déjà parlé ici (cliquez)

mardi 21 décembre 2010

Rencontre avec le fardier de Cugnot en balade à Paris aux Arts et Métiers

Balade dominicale à Paris et une rencontre qui n'était pas au programme : le fardier de Cugnot en démonstration et en parfait état de marche sur le parvis du musée des Arts et Métiers. Souvenirs du Mallet-Isaac de mon enfance ou des récits de mon grand-père meusien (plus au nord, côté Argonne) cette rencontre ma charmé comme je l'espère elle vous charmera. Ce fardier bien sûr je l'ai sans doute déjà vu une dizaine de fois : l'original est au musée des Arts et Métiers, longtemps poussiéreux (ce n'est plus le cas) mais de toute façon inerte puisqu'il a été accidenté lors de sa première démonstration à l'arsenal de Paris en 1769 et qu'il ne s'en est pas remis.
Ce fardier ce n'est pas rien puisque c'est la première automobile de l'histoire de l'humanité, initialement destinée à traîner les canons sur les champs de bataille, personne n'est parfait , donc c'est un "char" comme diraient les québécois. Premier accident automobile de l'histoire de l'humanité aussi. Par bonheur seul un mur de l'arsenal en avait souffert. On regrette presque que les militaires ne l'aient pas adopté car le rythme des opérations suivantes en aurait été fort ralenti. Il aurait peut-être jetté l'effroi dans les rangs adverses comme les premiers aérostats militaires... allez savoir, et imaginez Bonaparte au volant du fardier de Cugnot au pont d'Arcole !

La démonstrations que j'ai filmée était plus probante que celle de Cugnot. Merci aux anonymes de l'association "Le fardier de Cugnot" qui ont autorisé ces images et à Fabrice Génisson, l'un des initiateurs du projet, qui les a commentées.
Errata : à force de chanter quand je me balade je ne fais plus bien la distinction entre balade et ballade. D'où la faute qui est dans le titre du film. C'est un peu compliqué à changer dans YouTube sans tout reprendre à zéro, donc je n'y touche pas ce qui laissera le loisir à Bernard Pivot de me traiter de cancre : c'est mérité.


Pour en savoir plus : www.lefardierdecugnot.fr

mardi 7 décembre 2010

Stupéfiant : Aisne tv change de banque !

Selon certaines rumeurs, non encore confirmées, un certain nombre de décideurs politiques du département, légèrement fatigués de servir régulièrement d'hommes sandwichs à la banque bien connue du monde agricole qui sponsorise depuis des années Aisne tv, auraient souhaité qu'Aisne tv change de sponsor. Verra-ton prochainement le Crédit Coopératif et la Banque Postale prendre le relai ? 
L'opportunité de l'ouverture d'une succursale du Crédit Coopératif, une des rares banques "éthiques" du paysage bancaire français, dans la ville du Familistère de Jean-Baptiste André Godin, est également évoquée. Ce serait une petite révolution quand on sait que cette banque éthique n'a actuellement qu'une seule agence en Picardie et le signe fort que l'utopie n'est pas seulement, à Guise, un objet de musée. L'âne vert s'associe bien volontiers à ces perspectives en espérant qu'il ne s'agit pas d'effets d'annonce.
Remarquons que nos informateurs n'ont pas, pour l'instant, souhaité s'exprimer officiellement sur le sujet.

Notons que ces informations de l'âne vert ne sont sponsorisées ni par le Crédit Coopératif, ni par la Banque Postale.
Pour le Crédit Coopératif notez que même en l'absence d'agence dans votre ville il est très facile d'y ouvrir un compte (lisez le message laissé par Colette à ce sujet)

jeudi 21 octobre 2010

A Guise, ville du Familistère Godin, manifestation du 19 octobre pour les retraites


Manifestation du 19 octobre, à l'initiative des syndicats de métallos en grève de la ville de Guise (Godin, Majencia) contre la réforme des retraites promue, sans négociation ni concertation, par le gouvernement Sarkozy. La manifestation qui salue au passage Jean-Baptiste André Godin et son utopie, est rejointe par une partie des lycéens et des habitants de la ville. 500 manifestants c'est du jamais vu, de mémoire d'homme (et de femme), dans cette ville de 6000 habitants, depuis 1968. Le reportage photographique est de Michel Mahieux. La bande son, "la grève de l'orchestre" par l'orchestre de Ray Ventura et ses collégiens,  est empruntée à un CD de chansons de l'époque du Front Populaire édité par Frémeaux & associés. Je vous recommande ces deux CD, un régal de bonne humeur pour l'oreille ! Et c'est un éditeur qui fait un travail magnifique.

mardi 5 octobre 2010

Comment se procurer le supplément de Libération sur le Familistère de Guise et Jean-Baptiste André Godin, non distribué en province ?

Supplément gratuit distribué en Ile-de-France par le journal Libération le jeudi 30 septembre 
sur le Familistère de Guise

Plusieurs amis, sachant que j'étais à Paris à la fin de la semaine passée, m'ont demandé de leur procurer ce supplément gratuit distribué le  30 octobre par le journal, uniquement en Ile-de-France. Je l'ai fait bien volontiers car je sais d'expérience que les kiosquiers conservent assez souvent quelques jours ces suppléments qu'ils ne sont pas forcément tenus de retourner comme invendus puisqu'ils sont gratuits.
J'ai aussi constaté qu'une rumeur courrait dans l'Aisne que Libération n'avait pas fait son travail en ne diffusant pas ce supplément hors de la région parisienne. J'ai fait une petite enquête à ce sujet et il se révèle que cette rumeur est infondée. Tout d'abord ce supplément remarquable de 80 pages n'est pas une production rédactionnelle de Libération. C'est une production du Conseil Général de l'Aisne qui a simplement acheté un espace de diffusion à Libération et la décision de limiter cette diffusion à la région Ile-de-France est un choix (sans doute budgétaire) du seul département. Comme cette affaire fait beaucoup de bruit, si j'en crois les courriels que je reçois à ce sujet, il me semble équitable de dire ce qu'il en est. Libération reconnaît avoir commis un impair en n'annonçant pas cette diffusion restreinte dans le petit encart annonçant cette parution au début de la semaine dernière, ce qui a suscité semble-t-il pas mal de frustrations ...et cette rumeur qui désigne Libération comme bouc émissaire.


On me dit à Libération que l'afflux des demandes est tel que le département de l'Aisne a décidé d'envoyer gracieusement cette brochure à tous ceux qui en font la demande par courriel à l'adresse électronique suivante :
missionfamilistere@cg02.fr

Postscriptum : le service du Conseil Général qui est l'éditeur de cette brochure me prie, ce que je fais bien volontiers, d'ajouter les précisions suivantes : Cette publication sera mise à disposition des habitants de l’Aisne en différents lieux d’ici une quinzaine de jours.
On pourra la trouver dans les CIPAS, dans trente bibliothèques du département grâce au concours de la Bibliothèque départementale de prêt, dans les OTSI de Laon, Saint-Quentin et Thiérache, au Familistère de Guise (cela va de soi), à la Caverne du Dragon-Musée du Chemin des Dames. La logistique est en cours : liste complète d’ici peu sur le site
www.aisne.com <
http://www.aisne.com/>

dimanche 12 septembre 2010

Jour de fête au village et "cramignons" : ne fermez pas vos poulaillers !

Il y a une semaine je ne savais pas ce qu’était un « cramignon ». J’étais le 15 et 16 août à Liège jour de la grande fête de « Roture », le quartier populaire d’Outre-Meuse, le quartier le plus populaire (ancien faubourg inondable) de la ville. Je vous en reparlerai car j’ai ramené de ces journées 2 heures de « rushes » dont je ferai un documentaire cet hiver. Un air joué par une fanfare m’avait intrigué car c’était un des moments de transe des festivités de clôture de cette fête (le 16 août où l’on enterre « Matî l'Ohê» (Mathieu l’os, en wallon), le public en chantait les paroles que je comprenais mal. J ‘avais juste retenu le début des paroles « tant qu’il y aura… ». Une recherche sur internet m’a conduit aux fêtes des Cramignons, où cet air est souvent chanté et joué. Alors les Cramignons, c’est une fête que la jeunesse (principalement les jeunes couples mais personne ne semble exclu) se donne en dansant dans les rues des villages de la Basse Meuse durant plusieurs jours.

La Basse Meuse ce sont les confins du plateau de Herve (qui produit un fromage qui ne s’oublie pas), sur la rive droite de la Meuse entre Liège et Maastricht. Le beau film qu’a déposé MissAlive (merci à elle) sur Youtube et que je vous donne à voir a été tourné lors de la nuit de clôture du Cramignon du village de Saive. C’est la « flambée de la mascotte ». Moment où, comme souvent dans les traditions carnavalesques, la fête se termine par l’enterrement parodique et symbolique de la fête (l’enterrement de Matî l’Ohê, à Liège, le 16 août, a la même signification). C’est souvent, dans ces fêtes, le moment le plus intime, celui où les touristes sont repartis et où les acteurs des festivités se donnent à eux-mêmes un moment de transe collective : le bouquet final de la fête.

Il est possible que les paroles de la chanson qui est reprise par le public fassent rire jaune les féministes qui ont oublié de lire Rabelais (on dit que les Cramignons remontent au 16ème siècle) car la métaphore des coqs et du poulailler n’est pas « politiquement correcte » même si la suite des paroles s’éloigne un peu de l’humour machiste.
« Tant qu'il y aura des coqs dans un village
Il y aura des poules à surveiller
Des ptits oiseaux sortiront des cages
Pour écouter le rossignol chanter
Si de l'amour vous craignez les ravages
Dites-vous bien, fermant vos poulaillers
Tant qu'il y aura des coqs … »
Bien entendu, dans le film de MissAlive, le tournage de nuit, la danse des flambeaux, donnent une force particulière à l’évènement filmé. Comme le refrain, repris en boucle par la fanfare, qui évoque pour moi l’esthétique des musiques de transe du soufisme et des derviches tourneurs. J’ai toujours aimé les fanfares, les orphéons, les harmonies (et aussi bien d’autres musiques) mais ce qui m’émeut le plus c’est de savoir que dans cette extrême pointe  de la francophonie (la frontière linguistique avec le monde germanique et néerlandophone est à quelques lieues de ce village), la jeunesse sait se donner une fête truculente, en recyclant une chanson d’un répertoire oublié* par la francophonie académique. J’ espère que la Belgique continuera à vivre et à faire la fête, elle y excelle.

* Musique de Romain Desmoulins, paroles de Dommel et Valfy (années 20 ?)

jeudi 9 septembre 2010

On reconnaît une société à la façon dont elle traite les fous, par le docteur Jean Oury

Au mois de mai je vous ai parlé du docteur Jean Oury (voyez les archives de mai de ce blog: "la nuit sécuritaire...", vous y trouverez aussi une bibliographie).

Je vous donne à entendre une autre interview de lui (elle est extraite d'un documentaire "un monde sans fous" qui a été programmé cet été sur une chaîne du service public.

En cliquant sur l'image vous accéderez à cette interview. Si vous êtes sensible à ces questions lisez aussi la pétition contre les soins sécuritaires et décidez de la signer si elle vous paraît pertinente. En cliquant sur la deuxième image vous accéderez au site de cette pétition.


Site de l'appel contre les soins sécuritaires : cliquez sur l'image ci-dessous

mercredi 25 août 2010

Jacques Bonnaffé dit des poèmes de Pierre Coran et Raymond Queneau


"Comptines pour ne pas chuinter" : un cadeau de l'ami Jacques Bonnaffé aux petits curieux, lecteurs de l'âne vert..

Portrait de Pierre Coran et couverture des "Comptines pour ne pas chuinter" aux Ed. Casterman, collection DIRELIRE










Pour avoir lu Froissart, quelques publications de Daily-bul de La Louvière, lu, écouté, aimé, les œuvres de  Julos Beaucarne et Dominique Sampiero, je savais le Hainaut terre d'écritures, mais, avant de recevoir par la malle-poste électronique, la missive sonore qui est la matière de ce petit film, je ne connaissais pas l'œuvre de Pierre Coran. Merci donc à Jacques pour cette rencontre et aussi pour l'Art POPO de Queneau.
Merci aussi à Pierre Coran, et aux éditions Casterman, qui ont accueilli ce projet radiophonique sur l'âne vert avec sympathie.
De Pierre Coran je sais peu de choses : il a été instituteur Freinet dans le Hainaut belge, où il vit dans une forêt, puis professeur de littérature à Mons, il a écrit ces "Comptines pour ne pas chuinter" qui m'ont enchanté et beaucoup d'autres textes que je vais découvrir au cœur des nuits à venir (je ne lis bien que la nuit en écoutant l'effraie des clochers - une très belle chouette - chasser le mulot autour de ma maison). Ah oui, au fait, cette chouette, ne lui dites surtout pas que je lis un truc pour "ne pas chuinter", c'est un programme à lui donner l'envie de réveiller tout le quartier car pour chuinter, elle chuinte, la belle dame rousse et blanche  qui hante mon grenier : hululer moi ? vous rigolez ! pourquoi pas braire pendant que vous y êtes ?
J'espère que cette écoute vous donnera le désir de faire de même...  si ça vous chante.

Pour en savoir plus je vous donne ce lien vers une biographie de Pierre Coran, et cet autre vers un article sur lui dans Wikipédia.

mardi 24 août 2010

"Liberté" de Tony Gatlif, un film pour réfléchir (vite) à la question pressante : que faire ?


J'ai vu ce film cet hiver, qui m'a bouleversé, j'en ai parlé sur des blogs amis mais j'ai oublié de vous en parler. Je ne mesurais pas bien alors ce que le poids de l'oubli et les émotions sans lendemain peuvent avoir de paralysant. Il est urgent, ce me semble de nous souvenir qu'il est écrit au fronton de nos mairies et de nos écoles "Liberté Egalité Fraternité". Les colères nécessaires ne doivent pas paralyser l'urgence de nos solidarités. Ce matin je suis tombé par hasard, à un péage, sur un traquenard à "gens du voyage", j'ai partagé mon déjeuner avec eux et leur ai souri, c'était peu, juste la moindre des choses. 
Depuis juillet l'âne vert se souvient de plus en plus souvent qu'il a été gens du voyage et il aspire à partager son pré ou faire un bout de chemin avec ses semblables. Ceux qui me lisent et ont des idées plus claires sur "que faire", sont les bienvenus sur ce blog.

http://www.lavoixdesrroms.org/

dimanche 22 août 2010

Jacques Bonnaffé dit un texte de Georges Duby sur les moines cisterciens



Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine 2009 à l'abbaye de Bohéries (Picardie), le comédien Jacques Bonnaffé dit un texte de Georges Duby (extrait de "l'art cistercien", Ed Flammarion) sur la vie des moines cisterciens au premier siècle (12 ème) de l'ordre. Marie Eberlé est au violoncelle. Les images sont de Stéphane Mazot et Michel Vandestien, en fond sonore vous pouvez entendre les moines de l'Abbaye de Cîteaux (Bourgogne) chanter (c'est un enregistrement des années 50) le Rorate, un chant grégorien du temps de l'Avent. C'est une réalisation de l'âne-vert.

Pour mémoire, le grand historien Georges Duby était membre de l'école des Annales fondée par Marc Bloch dont il a déjà été question sur ce blog. 

dimanche 8 août 2010

Le Père Courtois, créateur du jardin des simples de l'Abbaye de Vauclair, dit un texte de René Char

Un film de l'âne vert :


En 2003, le Père Jean-René Courtois s.j., donne, à l'initiative de l'association des amis de Foigny, une conférence à La Bouteille sur les herbes médicinales dans le monde monastique (il est le créateur du jardin des simples à l'abbaye de Vauclair dans l'Aisne, après avoir été un des animateurs, avec le groupe "Source" des fouilles de Vauclair ). En conclusion il cite et commente un texte de René Char sur l'herbe (extrait de "Jacquemard et Julia" dans "le Poème pulvérisé" (1945-1947). Le texte dit par le Père Courtois est très légèrement différent de celui publié dans les œuvres complètes de la Pleïade. Je ne sais pas s'il a eu entre les mains une variante antérieure où s'il s'agit d'une liberté commune à tout lecteur d'entendre les textes d'une autre oreille que celle de l'auteur. Tendez bien l'oreille car la bande son n'est pas fameuse, je l'ai enregistrée il y a 7 ans avec un tout petit magnétophone. Les images ont été filmées par l'âne vert dans le jardin des simple des abbayes de Vauclair (où il repose depuis 2005) et  de Bohéries en juillet 2010, sauf le portrait en noir etblanc qui est du photographe Lin Hai Yui Suko (ses photographies de Vauclair ont été publiées dans l'ouvrage "Vallis Clara" édité par le département de l'Aisne et disponible sur le site de Vauclair). Jean-René Courtois était mon ami. Aux heures de solitude de l'hiver j'aimais aller écouter le puits de science qu'il était dans sa cabane d'ermite  de Vauclair. Pour nous réchauffer un vin généreux accompagnait souvent ces rencontres, en bon jésuite il aimait particulièrement, comme moi, les Châteauneuf-du-Pape.

Je signale à mes lecteurs que le livre de René Courtois, "le jardin de plantes médicinales, Abbaye de Vauclair" vient d'être réédité par l'Association des Amis de Vauclair et qu'il est disponible sur le site de Vauclair.

mercredi 4 août 2010

C'est l'été, l'âne fait dans la presse "people" et vous dit tout sur Emmanuel Mousset

Un scoop : Emmanuel MOUSSET profite de ses vacances pour faire la vaisselle !
Bon c'est lui qui a choisi la photo. Compte tenu des ses ambitions j'aurais préféré vous le montrer à cheval sur le Pont-Neuf à côté d'Henri IV. C'est un ami et on pardonne tout (enfin presque) à un ami, y compris d'aimer montrer qu'il met trop de détergent quand il fait la vaisselle, et des gants de caoutchouc que je déteste dans ce genre de situation (mon côté claustro). Jaunes en plus ! visiblement il ne sait pas qu'il en existe aussi de couleur rose ou verte qui seraient quand même mieux assorties avec ses bigoudis (pardon, en fait il les a retirés pour la photo, je me demande s'il ne devrait pas changer d'attaché de presse)


L'histoire c'est qu'Emmanuel tient un blog depuis des années et que je me chamaille avec lui de temps en temps sur ce blog. Et ce matin qu'est-ce que je lis sur son blog ? Qu'il est un peu triste que la presse people de la région ne parle pas de lui pendant l'été... et il leur propose cette photo.
La veille j'ai écrit sur son blog, en conclusion d'un petit billet,  cette phrase dont je n'ai pas mesuré l'imprudence : "...Devenir documentariste de nos amitiés serait un bon antidote aux pestilences de l'air du temps." (en fait c'est un peu le programme de l'âne vert). Et ce matin, il me prend au mot en lançant cette bouteille à la mer. Donc je vais essayer de vous parler de lui, cette nuit peut-être, si je suis en forme (j'aime écrire au mitan de la nuit). En attendant vous pouvez aller le lire son blog :

http://laisneavecdsk.blogspot.com

Ah oui parcequ'il faut quand même que je vous dise (intitulé du blog oblige) que c'est un fan de DSK, personne n'est parfait et on pardonne beaucoup à ses amis. D'ailleurs si le peuple de gauche veut DSK je voterai aussi prochainement DSK (un peu comme les athées vont à la messe et je ne rate jamais ces messes là) bien que j'en pince plutôt pour un ticket Eva Joly- Martine Aubry, personne n'est parfait, et je ne m'exclus pas de ce constat. Alors peut-être à demain la suite.

Suite et fin...


Le point de départ de ce billet c’est quand même la photo, et finalement si j’écris aujourd’hui sur Emmanuel c’est que j’ai bien aimé cette photo décalée : Emmanuel que le genre facétieux effleure rarement, se lâche un peu, c’est le charme de l’été – saison que pourtant je n’aime guère – d’autoriser cette légèreté.  J’aime aussi l’intelligence du ou de la photographe qui a évité l’effet « yeux rouges » en décalant le cadre et en envoyant le flash sur le carrelage de la cuisine, ce qui vaut à Emmanuel de ne pas ressembler à un de ces martiens qui peuplent subrepticement nos albums de photo.  Et puis il a une bonne bouille, sur cette photo : il a laissé au vestiaire cette intranquilité et ces crispations que je lui vois si souvent dans les meetings. Comparez avec la photo qui est sur son blog et vous comprendrez le poids d’accablement (et souvent il y a de quoi), dont il se départit ici. D’ailleurs je serais lui je virerais la photo du blog et je mettrais à la place ce portrait. Si on compare les deux photos on aperçoit aussi qu’il a pris de la bouteille ce qui me fait espérer qu’il va finir par aimer les vins généreux et comprendre qu’un peu de rondeur peut le bonifier.  Peut-être bien que l’été il prend le temps de faire le marché pour d’autres plaisirs que de serrer des paluches et vérifier que ses confrères – amis et adversaires – occupent toujours le pavé.

Emmanuel je l’ai connu surtout dans les cafés philo qu’il anime souvent avec talent dans la région de Guise (et aussi dans tout le département si j’en crois les journaux) en alternance avec Jean-Paul Senellart, sous la houlette bienveillante de Lise, mère aubergiste et cuisinière infatigable de ces moment de grâce. Son goût des paradoxes et du genre pince sans rire donnent souvent de la légèreté à nos débats, autorisent la complexité et contribuent à déjouer les pièges narcissiques de l’auto-fiction. J’aime en lui le petit travailleur infatigable de l’éducation populaire, un genre dont l’âge d’or fut les années cinquante (ma jeunesse) et tombé presque complètement en déshérence (il y a quelques années une association thiérachienne dont c’est plus ou moins la mission envoyait les gosses de la région sur les plateaux de la télé-réalité-poubelle…). J’aime sa persévérance à tracer ce sillon tout en m’autorisant parfois quelques notes discordantes quand, sur son blog, je le sens dériver dans une tonalité, à mon goût (bien discutable) trop « père sévère ».

J’aime aussi son imprudence en un temps où l’esprit de précaution et la prudence matoise règnent presque sans partage. Son blog, où il écrit au jour le jour tout ce que l’actualité politique lui inspire, est un bon reflet de cette imprudence. Aucun de ses  pairs, confrères ou concurrents ne se risquent à une telle entreprise : ils savent que le silence est d’or. Bien qu’il s’en défende je crois qu’Emmanuel n’aime pas les ors de la République et qu’il n’a pas renoncé à bousculer le style des gouvernances qui obscurcissent l’avenir.  Les convictions que je partage le plus facilement avec lui sont que la professionnalisation des carrières politiques n’est pas garante d’un progrès de nos démocraties, et que le cumul des mandats est le terreau d’un néo-féodalisme électif en grande partie responsable de l’incrédulité croissante des citoyens dans l’idée même de bien public.

Emmanuel a l’ambition de fédérer une gauche élargie et renouvelée à Saint-Quentin et si vous lisez son blog vous comprendrez vite qu’il se verrait bien en premier magistrat de cette ville. Il faudrait sans doute une sorte de miracle pour qu’une telle chose advienne car il cumule les handicaps (et je crois qu’il le sait). Tout d’abord « il n’est pas d’ici » et dans une région où la gauche aime surfer sur le chauvinisme (combien de discours officiels en Thiérache commencent par le rituel « en Thiérache, on aime être chauvin ») son côté berrichon lui sera rappelé jusqu’à plus soif. Ensuite son ancrage politique dans la mouvance DSK n’est pas un atout dans une ville où le Parti Communiste a longtemps été dominant, même l’hypothèse d’une raz de marée DSK aux prochaines présidentielles ne lui sera pas forcément favorable, ses concurrents deviendront du jour au lendemain plus légitimistes que lui et œuvreront sans doute à lui barrer la route. D’autant que le processus de désignation des candidats aux élections locales est, dans son parti, logé à l’adresse des boutiques obscures. Particulièrement dans la fédération de l’Aisne où l’on s’est surpassé, aux dernières municipales, à Saint-Quentin, à Bohain, et à Guise (je connais mal le sud du département) dans des cooptations brutales et sans élégance, par quelques grands notables qui ont désigné, parfois sans vote ou simple débat avec les militants, les candidats qui convenaient à la préservation des équilibres de leurs détestations mutuelles.

Les autres handicaps que je lui vois sont plus intimes. Un maire de grande ville n’est pas seulement un animateur de la vie locale, il est aussi un aménageur et un urbaniste et sur ces sujets je trouve Emmanuel trop souvent muet sur son blog,  ce n’est pas un scoop car je le lui ai dit plusieurs fois . Ensuite chaque fois que je le vois à la campagne je suis stupéfait de sa phobie pour la nature, le jardinage, une simple prairie : il voit partout des serpents et des bestioles qui l’effraient. J’espère vaguement que c’est une mise en scène un peu provocatrice à mon égard, sans le croire tout à fait. Dans le même temps un maire est un chef d’orchestre donc j’espère qu’il saura fédérer d’autres talents que les siens propres. Cette phobie, chez lui, de la verdure n’est d’ailleurs peut-être qu’à mes yeux un handicap car en Picardie il faut bien reconnaître que les excès passés (et encore bien présents bien qu’en recul) de la grande culture en matière de saccage de l’environnement ont profondément marqué les esprits : combien de jardiniers amateurs et de services des espaces verts ne connaissent-ils, dans nos communes, comme seul impératif que l’idée obsessionnelle et mortifère de « faire propre » ?
Donc j’espère qu’il saura s’entourer de jardiniers qui aient un peu écouté les conseils d’Alain Baraton , le matin, sur France Inter, et lu Gilles Clément, par exemple. Et je lui conseillerais volontiers quelques lectures pour s’initier au charme à préserver du Marais d’Isles, dans sa bonne ville : de Julien Gracq par exemple « les eaux étroites » et « la forme d’une ville ». Et qu’il ne s’inquiète pas trop, je ne suis pas électeur à Saint-Quentin !

jeudi 8 juillet 2010

Le Tour de France 2010 en Picardie, étape Cambrai-Reims, comme si vous y étiez


5ème étape, Cambrai - Reims, du Tour de France 2010, la côte de Vadencourt&Bohéries, dans l'Aisne, était l'épreuve phare de cette étape, en dehors de l'arrivée. Film tourné par l'âne vert dans cette côte le 7 juillet 2010, au lieu dit "le paradis" où étaient les vignes de l'Abbaye du lieu au Moyen-Âge. Hier après midi ce n'était pas le paradis pour les coureurs, 1,6 km de montée, personnellement je la monte à pied quand je passe sur cette route. Et sans rancune à Jacques Tati ("jour de fête") pour son intervention inopinée sur le tournage...et pour les photos.

dimanche 4 juillet 2010

L'orage doucement gronde dans le lointain


L’orage doucement gronde dans le lointain
Pluie chaude de l’été, arbres s’ébrouent dans le jardin.
L’herbe des prés se souvient de la mer en allée
Un papillon trouve refuge à la fenêtre, fragile ailée
Chacun prie à sa croisée, la vie qui renaît.

mardi 29 juin 2010

1er mai au Familistère Godin de Guise : un moment de grâce



Durant les festivités du 1er mai 2010 au Familistère Godin à Guise j'ai filmé un petit moment de grâce que je vous donne à voir. Durant 2 minutes la Compagnie "Fanfare Ballet" joue et danse autour d'un jeune enfant dans sa poussette. Profitant de l'état d'extase général on peut apercevoir qu'un piquepoquette, déguisé en tambour de ville, en profite pour voler la tortue de l'enfant. Mais la police veille au grain car ce tort tue. Un vigilant, lui même déguisé en danseur, parvient à récupérer la tortue et la rend à l'enfant. Le chef de gare (pourtant il n'y plus de gare à Guise depuis belle lurette) - ou le régisseur ? - interrompt ce moment de bonheur, qu'on aurait aimé voir se prolonger un peu, par une annonce incompréhensible (c'était peut-être un chef de gare ouzbek, que vous semble de l'idiome qu'il ahâne ?).

Ce signal semble le point de départ d'une chasse à courre, s'agit-il de tenter de rattraper le piquepoquette qu'on croit apercevoir s'enfuyant ?

Remercions "Fanfare Ballet" d'avoir ressuscité, le temps d'un premier mai, l'atmosphère de l'ancien pouponnat fondé par Godin au Familistère de Guise.  Et comme, c'est bien connu, on arrête très facilement le progrès en toutes choses (surtout  en celles qui sont utiles), notons qu'il n'existe plus, depuis la fin de l'utopie Godin, ni crèche, ni halte garderie, ni bien entendu de pouponnat à Guise, faut pas rêver !

Remercions les aussi pour ce moment de grâce dans une programmation des festivités du 1er mai au Familistère trop souvent vouée à la dérision et à la fuite du sens  à travers des spectacles de rue incongrus où une bonne part des artistes engagés semblent n’avoir aucune compréhension des lieux et peu d’interaction avec le public.
Pour compléter cette contribution, cliquez :  ici

samedi 26 juin 2010

J'ai mal à France Inter

Oui depuis quelques jours j'ai mal à France Inter en entendant la nouvelle de l'éviction de Didier Porte et de Stéphane Guillon de l'antenne. France Inter, radio de service public pluraliste, c'est depuis bien longtemps ma radio du réveil. Et pas seulement du matin car j'aime aussi, à l'occasion, beaucoup d'autres émissions de l'antenne, "la prochaine fois je vous le chanterai", "l’Afrique enchantée", Interception, "Carnets de campagne", "Crumble", "Eclectique" et les voix de Pascale Clark, Rebecca Manzoni, Vincent Josse, Philippe Meyer, Noëlle Breham, Laure Adler, Philippe Meyer, Jérôme Garcin, Kriss et Claude Villers dont j'aimais tellement l'empathie joyeuse et facétieuse.
Certes je n'adhérais pas tous les jours aux contenus de l'humour des deux licenciés, il est arrivé qu'ils me fassent hurler, mais ils étaient le contrepoint bien nécessaire à la pesanteur des vérités officielles et que serait l'art de la caricature sans la liberté de forcer le trait ?

Ces évictions interviennent dans un contexte de crise de la presse écrite et de soumission croissante de tous les médias à des actionnaires que n'intéressent que les régies publicitaires, la proximité avec le pouvoir en place, et notre "temps de cerveau disponible" comme le disait l'inénarrable Mr Le Lay. Au fil des décennies nos gouvernants ont laissé se réduire comme une peau de chagrin les conquêtes en matière de liberté et d'indépendance de la presse du programme du CNR, à la Libération. En Picardie l'abandon du statut de coopérative ouvrière du journal le Courrier picard, dans l'indifférence générale, a été le dernier acte de la déshérence de ces conquêtes issues du temps de la résistance.
 
Chateaubriand qui défendit toujours, et souvent contre ses amis politiques, la liberté de la presse écrivait : "La presse est un élément jadis ignoré, une force autrefois inconnue, introduite maintenant dans le monde ; c'est la parole à l'état de foudre ; c'est l'électricité sociale. Pouvez vous faire qu'elle n'existe pas ? plus vous prétendez la comprimer, plus l'explosion sera violente". Il écrivait cela dans un siècle où les atteintes à la liberté de la presse faisaient se dresser les barricades dans Paris. Nous n'en sommes peut-être pas là mais c'est un signe d'affolement du pouvoir. Qu'il se soit trouvé comme allié, pour cette basse besogne, quelqu'un comme Philippe Val dont il m'est arrivé d'aimer les chroniques dans Charlie Hebdo ou sur l'antenne en lieu et place des deux humoristes licenciés, est particulièrement révoltant.

mercredi 23 juin 2010

Crise de l'hospitalisation publique : enfin une bonne nouvelle !

En ces temps de morosité et de compression des moyens alloués à la santé publique comme à nos hôpitaux, il faut saluer l'équipe de chercheurs qui vient de réaliser une avancée très remarquable sur le front des troubles du sommeil

mardi 22 juin 2010

Mondial de foot : acheter au bruit du canon et vendre au bruit du clairon ?

Je lis ce matin que les rats quittent le navire, les sponsors de l’Equipe de France dont je parlais hier, retirent tous leurs logos des maillots des joueurs. Tout d’abord ils devraient éviter de lire mon blog qui n’a pas le sérieux de leurs enjeux. Et puis se souvenir que le cœur de leurs métiers c’est quand même d’acheter au bruit du canon et de vendre au bruit du clairon et d’orchestrer au bon tempo ces deux instruments. Ils auront l’air malin si, ce soir, l’équipe de France, retrouvant le panache de sa jeunesse, le goût du jeu collectif et de la coopération à la Godin (j’ai lu dans le journal que l’équipe était désormais en autogestion et ça me les a rendu tout de suite plus sympathiques), fait un match flamboyant. Je ne connais rien au foot à cause d’un instit qui nous alignait sous le préau et nous tirait dans la tronche pour s’entraîner (l’inspecteur d’Académie qui l’avait recruté un peu légèrement dirigeait le club de foot local), et des dimanches de colle à l’internat où l’on me traînait dans des stades où il faisait si froid (les terribles hiver des années 50, quand l’abbé Pierre parlait à la radio), mais je peux imaginer qu’avec tout ce qu’on leur a mis dans la tronche, ils peuvent avoir fabriqué une sacrée dose d’adrénaline.
Pourvu qu'ils se souviennent que c'est du jeu. Tiens je vais aller mettre un cierge à Saint-Antoine !

Granville : Concert à la vapeur

lundi 21 juin 2010

De quoi l'équipe de France est-elle le nom ?

Crédit Agricole, Carrefour, GDF-Suez, SFR

Il est bien rare que sur ce blog je cède la tentation d'écrire des billets d'actualité. Mais entendre, ce matin sur France Inter, Alain Filkenkraut (dont j'ai aimé les textes de jeunesse) invoquer "la caillera des cités" (entendez des banlieues) comme responsable du naufrage bien méprisable de l'équipe de France au mondial, ça passait un peu les bornes du supportable.
Et bien de qui cette équipe est-elle le nom ? La photo à la une de presque tous les journaux ce matin (ici de Libé), m'éclaire car je ne regarde pas les matchs. La photo dit tout, c'est l'équipe du Crédit Agricole (qui plume actuellement sans vergogne ses clients pour se refaire de ses pertes abyssales sur les subprimes), de GDF-Suez (ex fleuron du service public désormais aux mains des champions de la finance), Carrefour (signalétique désormais incontournable de toute nos entrées de villes et responsable du dépérissement de beaucoup de nos coeurs de ville, avec la bénédiction de la classe politique toutes tendances presque confondues), SFR abonnée aux amendes à répétition (sans doute pas à la hauteur des enjeux) pour ententes illicites  avec ses "concurrents" aux fins de plumer conjointement leurs clients. Donc il ne me paraît pas malséant de se réjouir de la déroute de cette équipe d'hommes-sandwiches, avec cette réserve qu'il faut nous apprêter à en payer le prix sur nos factures de frais bancaires, de gaz, d'épicerie et de téléphone car le "retour sur investissement", comme ils disent, ne va pas être fameux.
Et je félicite le Crédit Coopératif, une banque honorable dans un monde de voyous bling bling, de n'avoir pas sponsorisé cette mascarade.

dimanche 6 juin 2010

Les soldats oubliés de mai-juin 1940 sur les fronts de l’Aisne, de la Somme et de l’Oise

Groupe de soldats du 25 ème GRCA 1940 lieu inconnu,
mon père, Michel Harmelle, est le soldat de gauche à l'arrière du groupe

Je reviens d’une randonnée au sud de Roye (Somme) puis au nord-est de Noyon (Oise) et à Verberie (Oise) dans les pas de mon père, soldat du 25 ème GRCA, lors des ultimes combats de juin 1940. J’ai déjà brièvement évoqué sa mémoire dans un billet précédent (10 mai 1940 Début de l'offensive allemande, le grand historien Marc Bloch est à Bohain-en-Vermandois, dans l'Aisne) auquel vous pouvez vous reporter.
Je crée une page distincte de la temporalité de ce blog, en mémoire de mon père, sur les combats du 25 ème GRCA auquel il participa. Vous pouvez y accéder en cliquant, au bas de la colonne de droite de ce blog, à la rubrique "Documents", sur le lien "Michel Harmelle, un soldat oublié de 1940". Vous pourrez ensuite revenir au blog en cliquant sur l'imagette de l'âne vert.
Je ne donne ici que les grands traits des combats de cette unité ainsi que mes impressions de randonnée.
Après les combats de mai à la frontière belgo-luxembourgeoise à l’ouest de Longwy, le 25 ème GRCA est déplacé sur les fronts de l’Aisne, de la Somme et de l’Oise. Il est d’abord mis en réserve à la défense des ponts de l’Aisne d’Attichy à Choisy au Bac. Le 25 mai, il est mis en réserve du 24 ème corps d’armée « pour colmater les brèches en tous points du front », au sud de Roye (Plessis-de-Roye, Laberlière, Roye-sur-Matz). Ce corps d’armée défend le front de la Somme, au nord, et du canal de Crozat (ou canal de Saint-Quentin) à l’est. Le 5 juin, jour du déclenchement de l’ultime offensive allemande vers le sud, une brèche s’ouvre au sud-est de Noyon, les troupes allemandes franchissent l’Oise à Chauny et menacent Noyon par le sud-est. Le 25ème GRCA participe à la défense de Noyon en tentant d’empêcher les troupes allemandes de franchir l’Oise et le canal latéral de l’Oise vers le nord. Le 25 ème GRCA combat pendant deux jours au sud d’une ligne Baboeuf-Salency-Morlincourt puis se replie vers le nord-ouest de Noyon à un moment où il est presque encerclé (au nord les troupes allemandes ont dépassé Guiscard et à Noyon elles remontent vers le nord au mont Saint-Siméon) et à court de munitions. Il se repositionne à Verberie au sud de l’Oise où l’armée allemande menace de s’engouffrer, vers Paris, dans la trouée entre les forêts de Compiègne et d’Halatte. Au bout de deux jour de combats il est encerclé dans Verberie par des troupes qui ont franchi l’Oise à hauteur de Pont-Ste-Maxence et à l’est de Verberie. L’essentiel du 25ème RCA parvient à briser l’encerclement en combattant et amorce alors une longue retraite où il combat encore pour la défense des ponts de la Seine et de l’Yonne. Il franchit la Loire à Gien et Châteauneuf-sur-Loire le 17 juin quelques heures avant que les ponts soient détruits.

Quand il se regroupe au sud de la Loire le 25ème GRCA a perdu 489 hommes (tués, blessés, disparus ou prisonniers) soit près de la moitié de son effectif. De façon certaine l’unité a perdu 47 tués (parmi lesquels 12 officiers et sous-officiers) et 73 blessés (dont 15 officiers et sous-officiers), beaucoup de tués et de blessés sont présumés parmi les disparus. C’est une unité qui a combattu constamment, notamment sur le front de l’Oise, pour tenter de colmater les brèches et protéger la retraite des autres unités. Elle fait face à un ennemi toujours supérieur en nombre, sans soutien aérien alors qu’elle est en permanence sous le feu des stukas. Autour de Noyon et de Verberie elle combat jour et nuit sans sommeil et presque sans ravitaillement pendant 7 jours alors même que l’approvisionnement en munition, comme les communications avec les unités voisines, sont de plus en plus précaires. Mon père, dans son agenda, rend hommage au colonel Lesage qui commande l’unité « notre colonel est gonflé, un sang froid admirable » écrit-il après Verberie.

On est loin de l’imagerie, longtemps véhiculée par la vox populi, et de façon intéressée par les historiens pétainistes, d’une armée de la République (et du Front Populaire) qui n’aurait pas combattu. Dans un petit livre édité par la mairie de Verberie et que l’on m’a donné fort gracieusement un historien rappelle d’ailleurs ces données qui donnent bien l’échelle de l’âpreté des ces combats : en 14-18, durant les 300 jours de la bataille de Verdun, nombre de tués par jour (côté français) : 1116, et pour les combats de mai-juin 1940 : 3477 tués par jour !
Venons en à ma récente randonnée. Au cours des deux jours passés sur les lieux des combats où mon père fut présent j’ai rencontré des maires, des anonymes, des personnes ressources que le voisinage m’indiquait. Toutes ces rencontres, sauf à Verberie, m’ont confirmé ce que je pressentais : les soldats de 40 sont les oubliés de l’histoire. Les nations préfèrent le plus souvent se souvenir de leurs victoires que de leurs défaites et les soldats de 40 ont le plus souvent été enterrés à la hâte dans des combats d’arrière garde ou laissés à la diligence du vainqueur. Dans ce deuxième cas il semble que les civils mobilisés pour ces tâches d’inhumation ont travaillé à l’économie dans un temps et un espace si dévastés que la survie même des survivants était bien problématique. Le résultat est que même sur les lieux où je sais, soit par le journal de mon père, soit par le journal du 25ème GRCA, que des soldats ont été enterrés (à Baboeuf, à Sallency, à Laberlière par exemple) je ne trouve pas trace de ces tombes. A Sallency une plaque commémorative rappelle les noms de ceux qui sont tombés pour la défense de la commune en juin 40 mais personne ne sait où sont leurs sépultures.
La visite des cimetières militaires de Noyon et de Verberie me confirme dans cette impression. Au cimetière militaire de Noyon, un panneau officiel m’apprend que 773 soldats de la guerre de 40 sont enterrés dans l’ensemble des cimetières militaires de Picardie. C’est peu, compte tenu de ce que je sais des combats. Où sont les autres ? Nul ne semble le savoir. A Noyon, pas de tombes de soldat de 40, à Verberie je les trouve difficilement, ils ont été enterrés, dans le désordre, au milieu des soldats de 14-18. J’apprends, grâce au petit livre que m’a remis la mairie, que le Colonel Lesage, qui commandait le 25 ème GRCA est revenu souvent à Verberie et que c’est grâce à son zèle que les tombes éparses de juin 40 ont été regroupées au cimetière militaire de la ville.

Le souvenir est si vivant, et douloureux, à Verberie, de ces combats, que dans le premier bar où je m’arrête pour me rafraîchir, un inconnu, mon voisin de comptoir, tombe en larmes quand je lui raconte le motif de mon reportage et lui montre l’agenda de mon père, alors même qu’il n’est pas d’âge à avoir vécu cette époque. Il me parle du Colonel Lesage qu’il semble avoir connu et m’envoie à la mairie.
Agenda de soldat de mon père aux journées qui suivent les combats de Verberie

La visite de ces cimetières militaires qui voisinent souvent avec des cimetières allemands et anglais m’apprend aussi une chose que j’ignorais : nos cimetières militaires, dans cette zone, en comparaison des cimetières allemands et anglais, sont entretenus et gérés de façon bien misérable. Anglais et allemands se donnent les moyens de jardiner et de fleurir soigneusement leurs cimetières militaires là où les nôtres sont entretenus à minima. Les monuments funéraires en matériau pauvre (béton armé de mauvaise qualité) se dégradent, voire s’effondrent, sans qu’il y soit porté remède. Les plaques identifiant les soldats morts sont souvent illisibles, parfois cassées ou pendantes, certaines, brisées, jonchent le sol. Je vous livre quelques photos pour porter témoignage de cet état de fait. Je comprends bien l’argument que l’on m’opposera qu’il est plus urgent de s’occuper des vivants que des morts. L’armée qui a tellement marqué de son empreinte ces contrées du nord-est de la France, semble d’ailleurs se préoccuper prioritairement d’accompagner la ruée de mes contemporains vers le sud et l’ouest du pays, cette déshérence est peut-être un corolaire de cela ? Mais je voudrais aussi rappeler aux autorités militaires, qui ont la charge de ces lieux, que les anthropologues conviennent généralement à dater les débuts de nos civilisations aux premières traces, chez les humains, de pratiques de sépulture. Et au cours de ce bref voyage il m’est arrivé de me demander si nous étions encore une « civilisation ».

Cimetière militaire anglais de Noyon, juin 2010

 

Cimetière militaire français de Noyon, juin 2010

Plaque commémorative des soldats de juin 40 tombés à Salency (Oise)

Tombe collective 14-18 à Laberlière (Oise), juin 2010


Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Dassonville Guy, sous-lieutenant du 52ème BMM 
Mort pour la France le 11-6-1940

Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
ARTHUR Antoine, 20ème RI
Mort pour la France le 19-7-1918

Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Baisse Roger, lieutenant du 94ème RI
Mort pour la France le 11-6-1940
Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Debargue Marcel, lieutenant du 25ème GRCA
Mort pour la France le 11-6-1940

Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Assouline Moise, soldat du 94ème RI
Mort pour la France le 11-6-1940
Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
MATHIEUX Joseph, caporal du 105ème RI
Mort pour la France le 7-8-1918
 
Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Surcouf Jean, soIdat du 25ème GRCA
Mort pour la France le 11-6-1940

Pour aller vers la page consacrée à mon père vous pouvez cliquer sur l'intitulé suivant : Michel Harmelle

vendredi 28 mai 2010

Célébration du fromage de Maroilles , le film de l'âne vert


Une version basse résolution, pour ceux qui ont une connexion internet lente, est visible sur la page où est reproduit le texte de l'homélie (voir le lien à la fin de cet article)

Prédicateur souvent facétieux et truculent, Maurice Lelong o.p., originaire d'Estrées, au nord de Saint-Quentin, a donné dans son homélie sur le Maroilles, une page d'anthologie : sans doute le plus beau texte littéraire sur le fromage de Maroilles. Prononcée et radiodiffusée en 1961, dans le cadre des festivités du millénaire du fromage de Maroilles, cette homélie savante et souriante eut, en son temps, un succès mérité. La bande son de ce film est un enregistrement sur disque (Soder) que réalisa Maurice Lelong pour accompagner la sortie de la "Célébration du Fromage" chez son éditeur Robert Morel en 1961 (maquette d'Odette Ducarre). Cette "Célébration" comportait un texte inédit et le texte complet de l'homélie prononcée quelques mois plus tôt à Maroilles.
Auteur prolifique, Maurice Lelong obtiendra l'année suivante le prix de l'humour noir pour sa "Célébration de l'art militaire" chez le même éditeur. On peut se reporter, sur ce blog, aux billets que j'ai publiés sur ses "célébrations" de l'âne, de l'oeuf, de l'andouille (d'autres viendront).

Le texte complet de l'homélie est disponible sur ce blog. Il vous suffira, au bas de la colonne de droite de ce blog, à la rubrique "Documents", de cliquer sur le lien "Celebration Maroilles", je vous conseille de faire un copier coller dans votre traitement de texte car le texte est assez long et mérite d'être imprimé. Vous pourrez ensuite revenir au blog en cliquant sur l'imagette de l'âne vert.

Pour le film je remercie Odette Ducarre, Jacques Métille, le RP Kim-en-Joong o.p. et l'association des Amis de Robert Morel qui m'ont prêté leur concours et une partie des documents qui figurent dans le film.
Remerciement spécial aussi à Claire Halleux et à ses collaborateurs (trices) qui, à la ferme de la Fontaine d'Orion, à Haution, Thiérache de l'Aisne, fabriquent, à mon goût, le meilleur et plus onctueux Maroilles que je connaisse. (cette information n'est pas sponsorisée !)

lundi 24 mai 2010

Frère des sept moines cisterciens de Tibhirine (s'écrit aussi Tibéhirine)

Mémorial aux 7 moines de Tibhirine au monastère cistercien de Notre-Dame de l'Atlas
(merci à b. Laurent pour cette photo)
Bien sûr, j'ai pensé plus particulièrement à eux aujourd'hui à cause du film de Xavier Beauvois, "Des hommes et des dieux", qui a raté de si peu, semble-t-il, aujourd'hui, la palme d'or à Cannes. Film que je n'ai pas vu bien entendu, je n'étais pas à Cannes et il sortira seulement sur les écrans en septembre, mais dont j'ai lu les critiques élogieuses, comme vous tous sans doute, dans la presse de la semaine écoulée.

Comment expliquer au public, sans doute largement incrédule, de ce blog que je vis depuis 1996 très souvent en communion avec les belles figures de paix de ces sept moines cisterciens ?
Ceux qui me connaissent savent que je vis aujourd'hui sur un lieu cistercien mais une histoire d'adolescence bien singulière me rattache bien plus profondément au courage, à la modestie, au silence, à l'abnégation de soi, à la foi respectueuse de l'autre, des sept moines de Tibhirine. Dans les dernières années, si violentes aux vivants, de la première guerre d'Algérie, l'adolescent que j'étais, élève dans le technique et voué à une mobilisation sans sursis, était déterminé à échapper à cette guerre absurde et cruelle. Passer le bac comme candidat libre ouvrait la voie d'un sursis, c'était une voie de ruse plutôt modeste, je pouvais aussi me déclarer objecteur ou déserter, ce qui impliquait la prison et un prix à payer élevé, je n'en avais sans doute pas tout à fait le courage et cette détermination m'isolait dans mon milieu familial et scolaire. Je réussis à passer le premier bac comme candidat libre l'année même qui clôturait mes études techniques. Ensuite j'entrepris de passer le deuxième bac (philo, c'était assez culotté pour quelqu'un qui avait passé le 1er bac technique) en suivant des cours par correspondance tout en travaillant. A quatre mois du bac je me trouvai en grande difficulté dans mon travail de pion dont je dus démissionner. Les moines de l'abbaye de Cîteaux, mis au courant par un ami de mes projets et de mes difficultés, me donnèrent alors asile à l'hôtellerie de l'abbaye où je pus préparer dans la sérénité ce bac que je réussis.

L'espace de liberté qu'ils me donnèrent fût magnifique et sans contrepartie : le père portier veillait sur mon confort, j'étais libre d'assister aux offices à ma convenance, j'avais accès au jardin et à la ferme de l'abbaye où je croisais, dans le respect de leur silence, les moines de la communauté affairés au travaux des champs et du jardin. Au réfectoire de l'hôtellerie où je prenais mes repas, le plus souvent seul, un petit haut-parleur me reliait au réfectoire des moines où l'un deux lisait, "recto-tono", un livre pour les frères assemblés. J'ai toujours dans ma bibliothèque le livre que la communauté "lisait" ainsi durant les quelques mois de mon séjour : "L'Empire des steppes" de René Grousset. C'est un livre remarquable sur l'histoire des civilisations nomades d'Asie Centrale (Attila, Gengis-Khan, Tamerlan),  travail d'historien au demeurant fort éloigné des clichés sur les "huns" du manuel d'histoire Mallet-Isaac de mon enfance. Choix de lecture à bien des égards surprenant dans une abbaye cistercienne mais qui témoigne que la curiosité et le respect de l'autre de Tibhirine étaient déjà bien ancrés dans le silence de la vie cistercienne de cette époque. 

De ces années m'est resté, moi qui suis si éloigné d'être un croyant exemplaire comme de prétendre à la sainteté, fut-elle minuscule, une fidélité inexpugnable, à un article du credo de mon enfance : la foi en la communion des saints. Je ne dirai rien aujourd'hui des autres articles de ce "credo" qui ressortissent pour moi des mystères de la vie et du secret des cœurs.. Je vous donne simplement à écouter (la voix y est plus importante que l'image), en attendant le film de Xavier Beauvois, un petit film sur Tibhirine trouvé sur la toile.

mercredi 19 mai 2010

A Vervins, le rhino, c'est rosse !

 Dessin d'Yves Chaland - Faire la fête au rhinocéros ?
Nuit des musées à Vervins, le week-end passé. Et une bonne surprise car ce petit musée, qui était quelque peu à l'abandon lors de mes dernières visites, s'est enrichi de pièces remarquables sur l'histoire de la ville et elles sont données à voir de manière assez  savante et agréable. Un objet m'a cependant intrigué, il ne faisait pas encore tout à fait nuit, dans la cour de ce musée : un rhinocéros ! Est-ce que, comme les abeilles, ces animaux en  seraient réduits à se réfugier dans les villes pour échapper à leurs prédateurs ? En fait c'est une statue à l'abandon au fond de la cour, un rhinocéros monumental dans le style Tinguely (un artiste que j'aime), la vélocité en moins. Pas de socle, pas de notice, elle est en déshérence dans un carré d'herbes folles. Au moins, se dit-on, ce rhinocéros ne mourra pas de faim ! Mais il commence à rouiller, ce n'est pas très grave car l'artiste n'a pas utilisé des matériaux de première jeunesse et ce qui relève de la patine ou de l'état original est difficile à déterminer.
Un informateur, dont je tairai le nom (je protège toujours mes sources), me dit que la bonne ville de Vervins a acquis cette œuvre pour la somme bien modique, compte tenu du poids de la chose, de 6 000 Euros, et qu'elle semble, depuis lors, s'en désintéresser.
Rhinocéros - oeuvre d'un artiste inconnu dans la cour du Musée de Vervins
Alors je risque une supplique à la municipalité de Vervins : je suis prêt à accueillir de façon temporaire et contractuelle cette oeuvre en dépôt dans mon jardin, je la mettrai sur une socle, je rédigerai une notice sur l'artiste qui l'a réalisée, et créerai autour d'elle une petite placette que j'aménagerai pour l'occasion pour l'agrément de mes amis et de mes visiteurs. Cette placette je la baptiserai "Place des vieux chinois lubriques", pour rappeler à chacun le tribut que l'animal paie (enfin ce qu'il en reste en Afrique) aux forfanteries libidineuses de cette population qui, dit-on, use et abuse de la poudre de corne de rhinocéros.

Une alternative plus pédagogique serait que la ville de Vervins baptise elle même une telle place (le grand rond point sud de la ville n'a pas vraiment de nom par exemple) et y installe le rhinocéros en son centre. Pour que le résultat soit probant, en terme de développement durable, il serait souhaitable que la ville de Vervins se "jumelle" ensuite avec une grande ville chinoise.
Post scriptum : s'il s'agit d'un rhinocéros "sans papiers" et que la discrétion de sa présence à Vervins est une ruse pour tenter de le faire échapper aux épigones de Mr Besson, je retire immédiatement ce billet de mon blog, donc merci de m'en avertir le cas échéant !