jeudi 24 mars 2011

Une bataille duraille en gare de Saint-Quentin : quelques nouvelles du front archéologique et des problèmes du temps présent sur la ligne Sncf Paris-Maubeuge. Un reportage signé Fantasio et Gaston Lagaffe !

Il n’a sans doute pas échappé aux usagers de la gare de Saint-Quentin qu’un vaste chantier archéologique est en cours dans le périmètre des abords (jardins et parkings) de cette gare. Ce chantier est lui-même un préalable au réaménagement des espaces de stationnement dont la configuration actuelle, même si elle n’est pas luxueuse, rend de grands et peu onéreux services aux centaines de citoyens clients du ferroviaire qui, bon an, mal an, y trouvent un stationnement bien commode, particulièrement les années où Madame Chirac se dispense d’y localiser son dispositif de collecte des pièces jaunes. Je parle ici des citoyens qui n’ont pas d’autre choix que d’y venir en voiture car c’est par milliers qu’il faut compter ses usagers quotidiens si l’on inclut ceux qui, proximité aidant, y viennent à pied, ou ont la possibilité de s’y faire déposer par des services privés ou publics, notamment par le réseau de bus de l’agglomération (ne parlons pas des bus départementaux de la RTA dont l’interconnexion avec le ferroviaire est nulle).

Renseignement pris auprès des autorités municipales il ne semble pas qu’une concertation soit prévue avec les usagers forts nombreux de cette gare. Un démenti serait bien entendu le bienvenu mais dans l’attente il ne me semble pas inutile d’éclairer certains aspects de ce dossier.

Et tout d’abord éclairer les autorités sur les inquiétudes que ne manquent pas de susciter l’ouverture de ce chantier. La principale, à écouter mes voisins de voyage, tient bien entendu à l’état de déshérence croissant de la desserte Paris-Maubeuge où la qualité comme la régularité de la desserte est de plus en plus problématique (je reviendrai prochainement sur ce problème dans un autre billet). Le mot « archéologie » accolé à la gare de Saint-Quentin suscite en effet la question de savoir si ce n’est pas l’ensemble de l’espace ferroviaire de cette ligne qui serait désormais voué, par les autorités, à une entrée définitive dans une sorte de seconde vie purement muséographique.

Il est certain que des trains immobilisés, livrés à l’admiration d’un public curieux de touristes et de promeneurs, coûteraient moins cher en frais de maintenance et de personnel que des trains qui roulent mais qu’en penseront les quelques 1300 habitants de l’agglomération de Saint-Quentin qui chaque jour vont travailler en Ile-de-France (tous il est vrai n’y vont pas en train mais ils sont plusieurs centaines à le faire) ? Qu’en penseraient les si nombreux (et en nombre croissant) voyageurs qui empruntent les nouveaux TER si confortables vers Amiens, Reims, Lille, Cambrai.. ?

Ces inquiétudes tiennent pour partie aux précédents que nous avons en mémoire : la ligne Saint-Quentin-Guise abandonnée dans un passé pas si ancien, la ligne Guise-Busigny dont l’infrastructure préservée (bien que non exploitée mais en attente de réaffectations possibles dans l’espace public) a récemment été cédée à des intérêts mercantiles sans débat public, la gare de Jeumont devenue fantôme de ce qu’elle avait été quand Maubeuge est devenu le terme d’un véritable cul-de-sac ferroviaire (envolés les Paris-Bruxelles, Paris-Liège, Paris-Amsterdam, Paris-Berlin, Paris-Copenhague, Paris-Moscou qui circulaient encore à Saint-Quentin quand je suis arrivé en Thiérache il y a dix sept ans). Désormais pour un trajet Saint-Quentin Charleroi ou Mons, la Sncf vous conseille d’aller prendre le Thalys à Paris ou à Lille ! Il est bien paradoxal qu’au moment où l’Europe « s’ouvre » on ferme nos routes ferroviaires pour assurer un rabattement et une rentabilisation quelque peu « forcée » sur le Thalys ! Cela ne fait pas que des heureux, à ce que je sais, à Charleroi, à Namur, à Liège où la qualité de l’offre ferroviaire vers Paris s’est dégradée). 

La faiblesse de la concertation sur cette ligne explique aussi ces inquiétudes. Le « comité de ligne Paris-Saint-Quentin » qui est censé être le lieu de cette concertation ne s’est pas réuni depuis deux ans (si j’en crois les comptes-rendus publiés sur le site du Conseil Régional).  Ensuite l’objet même de ce « comité de ligne » où Maubeuge, Le Cateau et Cambrai sont oubliés fait craindre que le cul-de-sac, à terme rapproché, se referme sur Saint-Quentin et nous coupe définitivement de nos voisins du Nord, comme il a été fait précédemment pour les wallons. Les arrêts du week-en au Cateau, par exemple, si essentiels au public du Musée Matisse comme aux habitants de cette ville, sont menacés à l'horizon de fin 2011. Ces faiblesses de la concertation tiennent aussi, il faut l’avouer, à la faiblesse de la mobilisation des usagers où se comptent plus de râleurs que de personnes prêtes à s’engager dans des associations d’usagers. Notons toutefois que ces associations ne mettent pas un grand zèle à se faire connaître des clients de cette ligne dans le même temps que l’inter-régional, comme le transfrontalier (avec lequel nous avons une proximité culturelle si forte), restent pour l’essentiel, en matière de coopération sur les transports publics, hors de la vue et de la voix des simples citoyens.

Mais revenons à l’archéologie dans les entours de la gare de Saint-Quentin car elle mérite aussi un regard positif, au delà des inquiétudes bien légitimes (comment sera gérée la transition pour le stationnement, quelles sont les finalités des travaux prévus ?), tant est riche l’histoire du site. C’est pourquoi je livre à mes lecteurs un petit dossier iconographique qui illustre ce que je sais de ce passé.

Et tout d’abord bien sûr, ce dessin, si magnifiquement illustratif des qualités architecturales de cette gare, unique témoin du reportage que firent Fantasio et Gaston (et l’ami Franquin) à l’occasion d’un voyage ministériel des années 60, lequel serait aujourd’hui oublié de tous sans le zèle de ces journalistes facétieux… Les archéologues remarqueront je l’espère que Gaston, à cette occasion, égara divers objets sur le parking de la gare. Tous les amis de Franquin, dont je suis, dresseront des palmes de reconnaissance à leurs travaux s’ils parvenaient à en retrouver quelques uns au cours des fouilles à venir. Leurs recherches permettront peut-être aussi de déterminer pour quelles raisons le si magnifique buffet art-déco de cette gare reste sans affectation depuis plus de 10 ans ?

Autre objet qui méritera je l’espère l’attention des archéologues : la trace toujours visible dans le pavage de la cour de la gare, de l’ancienne ligne de tram qui la desservait jusqu’à une époque indéterminée. Est-il permis d’espérer que la valorisation de ces vestiges archéologiques fera grandir en Vermandois le désir d’une résurrection, autre que muséographique, du tram à Saint-Quentin ?

Les archéologues ne manqueront pas aussi de traquer les vestiges d’une occupation moins éphémère du site de la gare (et de ses parcs à voitures) par l’ancienne Abbaye bénédictine  de Saint-Quentin-en-Isle. Disparue au milieu du 19 ème siècle pour des raisons sans doute autres que ferroviaires, cette abbaye a occupé le site, en créant l’étang en amont à des fins de pisciculture, de façon continue depuis l’an 963. Je vous en livre une vue dressée sans doute à l’époque du Consulat ou de l’Empire. On y voit l’abbaye alors transformée (depuis la période révolutionnaire) en « blanchisserie », terme à ne pas entendre au sens moderne mais comme entreprise de blanchiment (et sans doute de cardage) des draperies les plus fines produites par la ville, notamment les linons.

On peut encore apercevoir cette abbaye sur cet extrait d’une vue du siège de Saint-Quentin en 1557 (source : Cosmographie de Sebastian Munster , fin 16°). Sur cette vue le nord est grosso modo vers la droite. On aperçoit l’abbaye à proximité d’un pont sur la Somme, légèrement à gauche des remparts de la ville sur la gravure. Une partie de l’artillerie de l’armée de Charles-Quint campe sur son territoire. Les historiens disent que l’âpreté de la défense de la ville par ses habitants et les troupes qui parvinrent à renforcer sa défense, contribua à décourager les espagnols de s’avancer plus avant vers Paris.

Espérons qu’il ne faudra pas user d’arguments aussi extrêmes pour obtenir que le réaménagement en cours de cet espace ne se fasse sans concertation avec des usagers qui me semblent en droit d’attendre qu’ils ne compliquent pas trop une vie quotidienne déjà largement dévorée par le temps de transport et ses aléas.

Les abords de la gare routière, notamment les quais dévolus aux bus de la RTA, devraient aussi susciter l’intérêt des archéologues, notamment en raison d’une signalétique et d’aménagements franchement d’un autre âge. Il n’est pas rare non plus d’y rencontrer, (comme d’ailleurs un peu partout dans les abri bus de la RTA) des horaires affichés datant parfois de temps immémoriaux. L’interconnexion avec les horaires des trains Sncf, n’y est plus qu’un lointain souvenir.  Sur la ligne vers Guise par la vallée de l’Oise (desserte qui un temps fut promise en remplacement de la desserte ferroviaire) certains habitants et usagers se souviennent qu’une telle interconnexion fut autrefois d’usage. Nostalgie de chaumières dans un temps où le pétrole et l’essence se raréfient et se renchérissent sans doute durablement ?

 Enfin un petit post-scriptum à l'usage des archéologues qui feront les fouilles : j'espère que pour votre confort votre chantier sera équipé de cabanes de chantier bien équipées car les toilettes de la gare sont fermées un jour sur deux (c'est une moyenne plutôt optimiste). Enfin si vous devez aller à Paris, songez aussi à "prendre vos précautions" car dans les trains corail de la ligne, le remplisssage des chasses d'eau des toilettes a souvent été oublié.

mercredi 16 mars 2011

Un cadeau de l'ami Jacques Bonnaffé aux lecteurs de l'âne vert : un poème de Valérie Rouzeau pour le printemps des poètes

Pour le printemps des poètes 2011, Jacques Bonnaffé dit un poème de Valérie Rouzeau


Le poème de Valèrie Rouzeau est extrait du recueil "Quand je me deux" 
Editions : Le temps qu'il fait

dimanche 13 mars 2011

Printemps des poètes 2011 à Guise le 12 mars. Manuel Caré vous conte, à dos d'éléphant, un rhinocéros et un singe capucin

Je dois confesser qu'en écoutant Manuel évoquer sa rencontre avec un rhinocéros népalais, hier après midi à Guise, dans le cadre du Printemps des Poètes 2011, je me suis demandé s'il n'avait pas fumé quelques feuilles de ce chanvre dont on dit qu'il se fait commerce à Katmandou. Les poèmes qu'il nous a lus sont en effet tirés d'un livre de poésie "Loin de Katmandou", qu'il a publié l'an passé, retour du Népal. Manuel, je l'espère, me le pardonnera, ces soupçons étaient infondés et tenaient à mes lacunes en matière de zoologie. J'étais persuadé, pour des raisons de cancritude avérée, que le rhinocéros était un animal purement africain et je fus bien surpris de cette rencontre poétique avec un rhinocéros népalais. Un petit voyage sur Wikipédia m'a vite mis le nez sur l'étendue mon ignorance. Non seulement un cousin du rhinocéros africain gambade en Inde et au Népal mais de surcroît il est moins menacé que ses cousins africains. Par chance il semble doté d"une seule corne au demeurant moins volumineuses que celles du rhinocéros blanc d'Afrique. Ce qui lui vaut de moins attirer la convoitise des braconniers qui sont au service des vieux chinois libidineux (principale clientèle de la poudre de corne de rhino comme on sait).

Cette méprise est d'autant plus ridicule que mes lecteurs se souviendront peut-être que j'ai rencontré un rhinocéros à Vervins au printemps de l'année passée (voir mon billet "le rhino c'est rosse"). Personne donc n'aurait du être mieux averti que moi de l'aptitude au voyage de cette espèce animale. J'en profite pour remercier le lecteur qui m'a signalé récemment que le rhinocéros de Vervins pâture désormais au centre du grand rond-point sud de cette bonne ville. Rappelez vous que c'était une suggestion de l'âne vert. Entre herbivores nous avons l'oeil et parfois bon conseil sur les pâturages qui peuvent convenir à nos congénères.

Mais assez parlé, écoutez cette rencontre avec un singe-pèlerin et quelques mammifères omnivores dont Manuel Caré tire si belle sagesse et plaisir des mots.
Pour ceux qui rechercheraient le livre de Manuel Caré j'indique une piste pour le trouver : le blog de "l'entente du gué de l'Oise" qui a pris l'initiative de cette rencontre poétique :
http://kesskinne.over-blog.com

lundi 7 mars 2011

Discours de José Bové à Doue, Seine-et-Marne, le 5 mars 2011, à la manifestation contre l'exploration des gaz et pétroles de schiste par fracturation hydraulique. Collectif Carmen

Manifestation joyeuse et combattive à Doue le samedi 5 mars, au lieu même où la société Toreador veut procéder en avril à un premier forage d'exploration par fracturation hydraulique. Le collectif Carmen, né à Château-Thierry le 8 février, au cœur d'un vaste périmètre d'exploration accordé par JL Borloo sur les territoires de l'Aisne et de la Seine-et-Marne (avec des ambitions affichées d'extension à la Marne, à  l'Oise et à une bonne partie du bassin parisien (bassin versant de la Seine et de l'Oise), était présent. Malgré les barrages dissuasifs établis par la gendarmerie tout autour de Doue, nous étions très nombreux, sans doute plus de 2000 personnes, Eva Joly en était ainsi que beaucoup d'élus de Seine-et-Marne et du Sud de l'Aisne. Des membres du collectif sud (Drôme, Ardèche, Aveyron, Lot..) étaient présents en nombre. J'ai filmé pour vous le discours de José Bové, je mettrai bientôt en ligne un reportage plus complet, ce n'est qu'un début... José Bové parle :