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jeudi 21 février 2013

Bernard Arnault de Polytechnique à la Légion étrangère, en passant par la Belgique et la Thiérache

Bernard Arnault, LVMH, en route pour la Belgique, a accepté de poser avec le bicorne de Polytechnique pour le petit reporter de l'Ane Vert
 
Interview exclusive de Bernard Arnault par le petit reporter de l’Ane Vert à l’occasion de la visite de B.A. en Thiérache (LVMH Fragrance Brands à Vervins) le 20 janvier 2013.
 
LPR : Bernard Arnault, je voudrais tout d’abord vous remercier d’avoir accepté de porter le bicorne de l’Ecole Polytechnique pour notre photographe. Les images de vous à cette époque de votre passage à Polytechnique sont difficiles à trouver, est-ce une histoire difficile à porter pour quelqu’un qui est aujourd’hui le patron et le propriétaire d’un des plus grands groupes mondiaux de l’industrie du luxe ?


BA : Pas du tout, le temps où Polytechnique formait exclusivement des officiers supérieurs de l’Artillerie ou du Génie, des cadres pour l’industrie lourde, est passé. Ne boudons pas notre plaisir, nous vivons dans un monde largement pacifié où la légèreté n’est plus honteuse. Et puis j’ai frayé des voies nouvelles et je me réjouis de voir que Polytechnique forme aujourd’hui la fine fleur des cadres de haut niveau de l’industrie financière mondiale. Leurs innovations sur les modèles mathématiques de gestion des produits dérivés et l’optimisation fiscale bouleversent notre monde avec une efficacité que pourrait leur envier l’artillerie de feu la Grande Armée. Excusez moi pour cette litote quelque peu anachronique, elle me semble cependant aussi éclairante que le soleil d’Austerlitz.
Pour ce qui est de la propriété de LVMH, même si j’y pèse d’un bon poids, je voudrais vous faire remarquer que je ne suis que co-propriétaire ; j’ai des actionnaires extérieurs et mes enfants, par ailleurs, seront de plus en plus associés à la direction de l’entreprise.

 
LPR : Justement, à propos d’optimisation fiscale, le bruit à couru ici qu’à la suite de votre installation en Belgique il n’était pas impossible que l’usine de Vervins déménage dans la Thiérache belge et plus  précisément à Chimay, que pouvez vous dire à ce sujet à nos lecteurs thiérachiens ?


BA : Je dois dire que ça serait tentant, pour notre image de luxe, si Chimay était encore une principauté indépendante. Ce n’est plus vraiment le cas. Sauf découverte de gisements importants de gaz de schistes dans les parcs de leurs châteaux, les princes de Chimay ne sont plus que des princes d’opérette, pas mal de noblesse d’empire dans leur descendance, ce n’est pas très porteur en terme d’image. Donc nous n’avons pas de projets de ce genre dans nos cartons.  Mes enfants en jugeront peut-être différemment dans un avenir lointain, nul ne peut présumer des hasards des alliances dynastiques à venir, notamment si la Belgique finit par retourner à ses anciennes principautés, ce qui n’est pas tout à fait improbable. Les réflexions de mon confrère Arnaud Lagardère sur ce terrain me paraissent plus audacieuses que celles mes enfants, tout cela est à voir.

 
LPR :  Pour en rester aux mouvements qui s’observent depuis quelques mois sur la frontière belge, quelle réflexion vous inspire l’actualité de ce légionnaire d’origine belge qui vient de perdre la vie – donner sa vie serait plus exact - dans les combats du Nord-Mali et qui n’avait pas, lui, « fait Polytechnique » ni été biberonné aux valeurs et honneurs de la République ?
 

BA : (après un long silence)
« Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
Le malheureux qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
Au gilet déchiré
Au regard d'enfant perdu
Découronné défiguré
Celui qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés »
Votre question m’interpelle et me trouble au delà de ce que vous pouvez imaginer. Ne riez pas, je paraphrase ici une citation d’Eluard que le Président Pompidou osa dans ma jeunesse.
Quant aux flux de personnes qui s’observent sur la frontière belge votre question est bien pertinente. Les médias parlent trop des exilés fiscaux et pas assez de ces dizaines de milliers de belges qui viennent irriguer de leurs talents et de leur courage le pays de ma jeunesse. Cet oubli a une longue histoire, celle de nos flagorneries identitaires. Qui se souvient que Jules César écrivit que « de tous les peuples de la Gaule, les belges sont les plus braves » ? Qui se souvient que les grandes eaux de Versailles n’auraient jamais existé sans le talent des sidérurgistes liégeois qui construisirent la Machine de Marly ? Qui se souvient que le musicien le plus applaudi à Paris lors de la période révolutionnaire et de l’Empire fut le liégeois Grétry ?  Qui se souvient que les belges volontaires furent si nombreux dans les armées de la Révolution et de l’Empire ? Qui se souvient de Théroigne de Méricourt ? Et nos érudits savent-ils qu’ils ont ânonné leur grammaire française dans le grand ouvrage de Maurice Grévisse, natif du borinage ?
A l’inverse, après la révocation de l’Edit de Nantes les protestants français, des gens souvent bien éduqués et entreprenants, sont allés trouver refuge aux Pays-Bas et jusqu’en Prusse. Bruxelles fut aussi souvent le refuge des éxilés de toutes nos contre-révolutions. Les mouvements ont toujours existé dans les deux sens.


LPR : La différence avec le présent c’est peut-être que, pour les protestants, il s’agissait d’un exil forcé. Vous ne dites rien des contemporains ?

BA : Ils sont trop nombreux à investir leurs talents dans nos campagnes, nos industries, nos beaux arts, je craindrais d’en oublier beaucoup. Il faudrait aussi parler de tous les peuples nos voisins et de tous les outre-mers dont les concours ont été si importants tout au long de notre histoire, parler aussi en sens inverse de tous nos aventuriers et découvreurs au long-cours, c’est une trop longue histoire pour votre petit journal.

 
LPR : Un journaliste belge a récemment réalisé un long reportage sur les exilés fiscaux Outre-Quiévrain en notant que beaucoup se plaignent, pour leurs enfants ou petits enfants restés en France, de la mauvaise qualité de son système éducatif et de santé. Comme cela date un peu il a négligé de leur demander ce qu’ils pensaient du niveau de nos forces armées, n’y a-t-il pas là une forme d’inconséquence ?

BA : Je ne comprends pas votre question, voulez vous dire que seul celui qui paie est en droit de se plaindre ? Cela ferait beaucoup de silence dans les rangs car les pauvres qui  contribuent peu ne manquent pas et pèsent d’un poids électoral bien plus considérable que nos maigres bataillons de résistants fiscaux. Par ailleurs la Belgique autorise la double nationalité, les citoyens français de l’étranger seraient des citoyens de seconde zone privés de la liberté de leurs opinions ? Nos enfants devront-ils, comme ce malheureux sous-officier d’origine belge, s’engager dans la Légion étrangère pour recouvrer une citoyenneté de plein exercice ?
LPR : Ça ne semble pas d’actualité, même le Directoire et l’Empire n’en ont pas demandé tant aux enfants de la noblesse émigrée à leur retour, et ce en des temps autrement troublés où les périls étaient bien plus tranchants,. Mais n’apercevez vous pas que réduire ce soldat à un « malheureux » est faire peu de cas et de respect à son engagement ?

BA : Je vous l’accorde, c’était une facilité de langage, un lapsus peu digne d’une tête qui a porté bicorne. Je vais vous dire le fonds de ma pensée sur la chose militaire. Il me semble que nous ferions un bond en avant gigantesque vers un monde pacifié si toutes les armées du monde n’étaient autorisées à recruter que des hommes et des femmes ayant dépassé la soixantaine. Si les Nations Unies décrètent cela demain à l’unanimité par traité inviolable je vous jure que je m’engage illico dans la Légion étrangère.

LPR : Demanderez vous alors à être intégré dans le grade qui était le vôtre quand vous êtes sorti de Polytechnique ?

BA : C’est à réfléchir, je n’ai pas tout à fait perdu la main mais repartir à zéro pourrait me rajeunir. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas la seule difficulté. Il y aura sans doute des contrevenants à cette loi internationale et il faudra peut-être une force de police internationale plus jeune dans son recrutement pour faire face à cette occurrence.

 
LPR : N’est-ce pas contradictoire ?

BA : Pas du tout, regardez les rues de Paris ou de Bruxelles : qui a le droit d’emprunter les sens interdits ? La police, les pompiers et les ambulances.

LPR : Et l’industrie du luxe ?

BA : C’est hors sujet !


                                                                         Fin de l'interview

Ppc : l’âne vert - mes lecteurs auront compris qu'il s'agit d'une fiction

mercredi 18 avril 2012

Thiérache : vers un bocage peau de chagrin ?

Que faire face à ce constat ? L'âne vert s'associe bien volontiers et co-signe la tribune libre qui suit
Vers un bocage peau de chagrin ?


Le bocage et ses haies vives qui est le paysage que nous aimons, façonné au fil des siècles par des générations d’herbagers producteurs de la merveille de Maroilles, le bocage thiérachien se réduit à vitesse accélérée, chacun le constate, et les chiffres des recensements de l’agriculture le confirment.
En dix ans la Thiérache a perdu près de 300 exploitations agricoles, pour l’essentiel des producteurs de lait. En vingt ans les surfaces de prairies herbagères ont reculé de plus de 53% dans l’Aisne, pendant que le nombre d’exploitations laitières chutait de 68% et que le cheptel de vaches laitières, malgré l’augmentation de la taille des troupeaux, reculait de 36%. C’est en Thiérache dont ce fut longtemps la spécialisation identitaire que ces reculs se sont faits pour l’essentiel.

A l’origine de ces bouleversements :
- très souvent le découragement des producteurs de lait dont la production n’est pas rémunérée à la hauteur du travail sans temps morts qu’elle exige
- la pression sur le foncier des filières agricoles plus rémunératrices sur le court terme, l’abandon des régulations de marché qui assuraient des prix planchers aux producteurs et rendaient possibles, en maîtrisant le foncier, des ambitions d’aménagement du territoire et de valorisation de nos paysages.
- l’insuffisance des aides publiques à développer, autour du lait et de l’industrie des produits laitiers, des labels de qualité et de terroir, des filières à haute valeur ajoutée, des circuits courts
- l’insuffisance encore de la reconnaissance publique de la contribution des herbagers, quand ils ne font pas de l’élevage en batterie, à la préservation de la biodiversité, à la protection des sols, au ralentissement du ruissellement des eaux dans les périodes de crue, à la préservation des zones humides, au développement de la filière bois pour le chauffage et la reconstitution des sols.

Si ces tendances lourdes se prolongent encore une ou deux décennies on peut craindre pour demain un bocage qui se réduirait aux vallées de nos rivières, à une étroite lisière des forêts du Nouvion et de Saint-Michel ; et une filière bois, dans le nord de l’Aisne, définitivement sinistrée. Bien entendu les subventions qui encouragent la plantation de haies sur le territoire sont un palliatif partiel, mais il ne sera jamais à la hauteur des dizaines d’hectares de prairie humides et de haies bocagères livrées aux labours chaque année depuis des décennies.

Pour relever tous ces défis, la vie politique de nos pays a besoin d’hommes et de femmes pour qui l’écologie ne soit pas une matière à option, claironnée le temps d’une campagne électorale, et vite rangée au rang des accessoires.
C’est pourquoi nous soutenons la candidature d’Eva Joly dont l’engagement, aux côtés de José Bové, est totale :
- pour une agriculture paysanne de qualité respectueuse de la biodiversité et protectrice des ressources si nécessaires à la vie que sont l’eau, les forêts, les zones humides, les zones de bocage, les insectes pollinisateurs
- pour des circuits courts à valeur ajoutée entre producteurs et consommateurs, pour l’approvisionnement en bio des cantines scolaires
- pour la promotion de labels de qualité et d’origine contrôlée assortis de cahier des charges transparents, pour une alimentation saine et une vigilance sans relâche sur les lobbys des grands groupes chimiques et semenciers (OGM, brevetage du vivant) dont les profits se font trop souvent au détriment de la santé publique.
- pour des pratiques d’élevage respectant l’animal et le consommateur et une reconversion progressive au bio des techniques culturales.
-pour une régulation internationale des prix agricoles garantissant une juste rémunération aux producteurs, pour une régulation du foncier agricole et une aide aux initiatives associatives favorisant l’installation de jeunes agriculteurs
- pour une équité et une solidarité territoriale garantes d’un accès aux services publics et de proximité dans les zones rurales délaissées.

Liste des 24 signataires, merci à eux :
 

Aurélien Wéry, des jeunes écologistes
Bertrand JEANDEL, EELV
Brigitte FOURNIE-TURQUIN, conseillère municipale à Laon
Christian SYLVESTRE. candidat Europe Ecologie les Verts dans la 3ème circonscription de l’Aisne
Claire JULLION, ardennaise bocagère
Claude HARMELLE, sociologue
Evangelia RALLI, Ribemont
François BRAILLON, paysan retraité
François TURQUIN,
François VATIN
François VEILLERETTE. conseiller régional Picardie
Gabrielle ELIAS, jardinière de Bohéries
Gérard BALITOUT, conseiller municipal délégué, Hirson
Jacques MAHIEUX, musicien rural
Jean-Jacques FIN, maraîcher bio à Laon
Jean-Marc KUPECKI, retraité
Jean-Paul MEURET, historien de la Thiérache, diplômé de l’EHESS
José MEURICE, maire adjoint de Watigny
Marie-Claude MALLEVERGNE
Marie-Françoise VERHOOG, chargée d’études en environnement
Marie-Reine DUFRETEL
Michèle CAHU, conseillère régionale Picardie
Nora AHMED-ALI, conseillère municipale à Saint-Quentin, secrétaire du GAL Nord de l’Aisne d’Europe Ecologie les Verts
Roel VERHOOG

lundi 30 mai 2011

Une lettre du peintre Henri Matisse sur la situation ferroviaire au Cateau-Cambrésis qui abrite le Musée Matisse et où la SNCF veut supprimer l'arrêt des trains intercités

Le 25 mai 2011 nous étions nombreux, élus, amis de Matisse, simples citoyens venus du Cambrésis et du Nord de l'Aisne pour entendre Matisse évoquer ses souvenirs ferroviaires dans la ville où il est né et pour faire entendre à la direction de la SNCF que son projet de supprimer l'arrêt au Cateau des trains intercités : "pire qu'une erreur, c'est une faute" comme l'a écrit Matisse dans une lettre posthume et dont vous entendrez la lecture sur ce film.

Ce projet de la SNCF qui procède d'une politique générale de déménagement du territoire (qui se souvient que nous avons eu des Ministres de l'Aménagement du Territoire ?) est caractéristique de la déshérence où est tenu le monde rural et les petites villes et plus particulièrement la desserte ferroviaire sur la ligne Paris-Maubeuge qui fut, il n'y a pas si longtemps, un des grands axes ferroviaires européens (Paris-Berlin-Moscou, Paris-Copenhague, Paris-Bruxelles-Amsterdam). Progressivement, pour "rabattre" sur les trains Thalys, l'offre a été réduite à des Paris-Liège, puis à des Paris-Namur. Aujourd'hui Maubeuge est un "cul de sac" ferroviaire, plus un train de voyageur intercités ne passe une frontière dont on nous avait annoncé la disparition. Bientôt, cela semble même programmé par la SNCF, ce ne sera plus Maubeuge mais Saint-Quentin qui sera tête de ligne pour des dessertes intercités cadencées.
La défense de cet arrêt au Cateau devrait mobiliser au delà du Cambrésis car une ligne de cœur, dont on peut espérer qu'elle devienne un jour prochain une véritable route touristique, unit Le Cateau au nord-est de la Picardie. Matisse en effet est né au Cateau mais il a aussi passé sa jeunesse à Bohain (qui abrite la "Maison Matisse", étudié à Saint-Quentin, habité un temps à Lesquielles-Saint-Germain où il a peint de nombreux tableaux ainsi qu'à Vadencourt&Bohéries. Nous étions trop peu nombreux, les picards, le 25 mai, pour manifester cette solidarité et ce lien de cœur qui nous lie à l'œuvre et à la vie de Matisse. J'espère que si d'autres rendez-vous sont nécessaires dans cette lutte nous ne nous contenterons pas d'une présence symbolique.
J'ai déjà tenté d'alerter sur ces questions dans un précédent billet et j'ai été impressionné par la qualité et la pugnacité de la mobilisation autour du Cateau. Au cours de cette manifestation j'ai pensé bien entendu au problème, si proche quant au contexte général de "déménagement du territoire", de la fermeture du canal de la Sambre à l'Oise depuis plus de cinq ans à hauteur de la Thiérache (ponts canaux non réparés), ce qui a manqué sur ce dossier c'est certainement ce qui a été réussi au Cateau et non advenu en Thiérache, soit la mobilisation de l'ensemble des élus régionaux en soutien aux communes et aux populations riveraines. C'est ce qu'il faudrait sans doute tenter à nouveau de réussir en s'inspirant de l'exemple du Cateau tant il apparaît évident que les espoirs soulevés par le rapport Verdeau apparaissent aujourd'hui obsolètes. Deux années ont passé sans qu'aucune solution soit en vue.
En écoutant la lettre posthume de Matisse au Cateau, j'ai aussi repensé à la lettre que Robert-Louis Stevenson nous a envoyée il y a deux ans où il rappelait son voyage de 1876 sur les canaux et rivières du Nord de la France et son soutien à ceux qui réclamaient la réouverture de ce canal. Ceux qui l'ont pas lue ou l'ont oubliée peuvent la trouver dans les archives de ce blog en cliquant ici.

mardi 3 mai 2011

Fête du 1er mai 2011 au Familistère Godin de Guise : deux moments d'éloquence sur l'obscénité du temps présent... et un moment de grâce

La Boétie et Michel Onfray étaient au programme de l'éloquence de Jean-Pierre Balligand pour un appel à l'insoumission qui résonnait comme un défi à l'obscénité de l'époque. Les comédiens de la Compagnie "Ici même" ont du se réjouir que cet appel vibrant n'ait pas été prononcé devant le public nombreux des festivités de l'après-midi mais devant le public plus restreint de l'inauguration, à une heure où les notables, qui savent "ce que parler veut dire" , sont plus nombreux dans l'assistance que les simples citoyens. En effet leur théâtre de l'invisible qui colle avec tant de pertinence aux oppressions du moment aurait pu les exposer à des malentendus cognitifs. Personnellement, par exemple, j'ai été un moment tenté, hypnotisé que j'étais par le réalisme de leurs arguments,  de taguer la maison modèle dont ils vantaient les mérites et été aussi quelque peu surpris et indigné de la curiosité presque polie avec laquelle le public semblait accueillir leur éloge d'un monde "enfin sans domicile fixe" et voué à un habitat aussi "innovant" qu'étriqué (5 m2 au sol pour un "quatre pièces" pour célibataire nomade !)

Devant les hautes façades du pavillon central du Familistère, une danseuse de la Compagnie Retouramont (direction Fabrice Guillot),dont j'aurais aimé vous dire le nom (introuvable sur les sites du Familistère et de la Cie) tisse les fils de nos rêves d'utopie avec une grâce et une légéreté qui défie les lois de nos pesanteurs :


Si j'en trouve le temps je mettrai un petit film plus développé sur le travail remarquable de la Compagnie "Ici même" lors de ce premier mai 2011.
Pour en savoir plus sur ces deux Compagnies :
http://www.icimeme.info/

http://www.retouramont.com/

mercredi 6 avril 2011

La version pour sourds et mal entendants du discours de Nicolas Sarkozy à Nesle le 5 avril 2011. Ou il est question du canal Seine-Nord et du canal de la Sambre à l'Oise


Comme beaucoup d’entre vous, j’imagine, j’incline à la voie d’eau. On la dit avec raison plus écologique et respectueuse de l’environnement que les norias de camions sur l’autoroute du nord et je sais qu’une grande barge, comme il en circule sur la Seine ou les canaux à grand gabarit de la Belgique et des Pays-Bas, peut remplacer des centaines de camions. J’ai donc plutôt une sympathie spontanée pour le projet Seine-Nord qui vise à relier les réseaux à grand gabarit du bassin parisien et du sud de la Picardie(Oise aval, Seine) et ceux de l’Europe du Nord. Dans le même temps je me souviens que l’eau est rare dans la zone de partage des eaux, en Santerre et Vermandois, entre le bassin versant de la Somme et celui de l’Escaut. C’est une difficulté que les ingénieurs, au cours des siècles précédents, ont eu bien du mal à surmonter. Pour le canal de Saint-Quentin d’abord où ils ont du aller chercher l’eau du Noirrieu et de l’Oise à Vadencourt (Aisne), par une rigole souterraine de plusieurs dizaines de kilomètres. Ensuite pour le canal du Nord pour lequel il a fallu détourner une partie de l’eau de la Somme. Je me souviens aussi qu’un canal à grand gabarit, projeté au XIXème siècle entre Bordeaux et Sète (sur le modèle de Suez ou Panama), fut abandonné parce que les ingénieurs finirent par calculer que cette voie d’eau épuiserait la ressource en eau des bassins versants affluents. 

Donc j’aurais aimé que le projet Seine-Nord soit abondé par des études sérieuses et un débat contradictoire et citoyen sur ces questions de la ressource en eau qui impactera surtout la région Picardie alors même que c’est sur ce territoire que les retombées économiques prévisibles seront les plus faibles. Force est de constater que peu d’informations sont disponibles sur ce sujet et qu’un débat serein sur la question ne semble pas vraiment souhaité par les acteurs de ce dossier.

Ensuite il m’a toujours semblé que le financement d’un tel projet devait être proportionné à l’impact économique attendu. La voie d’eau est un mode de transport qui supporte mal les ruptures et transferts de charge, il est donc fort probable que les retombées économiques seront surtout à Dunkerque, Anvers et Rotterdam au Nord (de façon plus douteuse en Rhénanie) et au Sud à Gennevilliers (port de Paris), Conflans-Sainte-Honorine, Rouen et Le Havre. Les retombées en terme d’emploi qu’on nous fait miroiter en Picardie risquent fort de se révéler aussi illusoires que celles du feu de paille que fut le projet de « Port sec » à Couvron près de Laon (port « très sec » puisque n’existait à proximité ni voie d’eau ni voie ferrée électrifiée). La Picardie peut sans doute espérer la création d’une ou deux plateformes intermodales à proximité de ce canal, le transfert sur voie d’eau d’une partie de ses exportations de blé et des produits de ses industries agro-alimentaires vers les grands ports du sud ou du nord ; sans doute aussi le transfert d’une partie des produits de carrières et de sablières (et sans doute leur multiplication) au sud de l’Oise. Quelques dizaines de milliers de containers à destination de la région ou de la Champagne transiteront-ils par ces plateformes ? Ce n’est pas impossible, mais sans doute au prix d’une saturation en gros cubes logistiques (déjà bien avancée) de la basse vallée de l’Oise.

Ce contexte inclinait à espérer que la région Picarde, plutôt que de participer au financement d’une telle infrastructure, serait fondée à réclamer des études d’impact environnementales sérieuses et, si la chose s’avérait faisable, …des compensations économiques importantes. Par exemple une remise à niveau, par l’Etat, des infrastructures en déshérence de l’est de la région (canal de la Sambre à l’Oise fermé depuis plus de cinq ans par défaut d’entretien des ouvrages d’art par VNF, Nationale 2 (l’ancienne Paris-Bruxelles) qui dans certains de ses tronçons n’est même plus au niveau d’une médiocre départementale, ligne ferroviaire Paris-Maubeuge par Saint-Quentin désormais fermée au trafic voyageur au delà de Maubeuge vers la Wallonie, et où les dessertes restantes sont de plus en plus précaires et menacées (la desserte, par exemple du musée Matisse au Cateau).

Le discours du Président de la République hier à Nesle, et les documents produits à cette occasion, mettent en évidence qu’on est à des années lumières de cette perspective ! Loin d’obtenir des compensations la région picarde s’engage sur ce projet à hauteur de 80 millions d’Euros (j’ignore à quoi se sont engagés les départements de la Somme et de l’Oise) pour le bénéfice bien étroit d’un strapontin à une association public-privé (on ne sait pas encore qui sera choisi des groupes Bouygues ou Vinci) où, comme il est d’usage, on peut pronostiquer une privatisation des bénéfices et une régionalisation-étatisation des pertes. D’autant que ces deux opérateurs étant actifs dans le BTP ils vont être « juges et parties » pour l’exécution des travaux et ce serait miracle qu’une telle conjoncture produise une modération des coûts.

Je note enfin que Monsieur Borloo et Madame Kosciusko-Morizet ont totalement négligé de nous donner, hier, des nouvelles du calendrier de travaux résultant des préconisations du rapport Verdeau commandité il y a deux ans par leur ministère et resté sans suite apparente malgré ses conclusions favorables à la réouverture du canal de la Sambre à l’Oise. Le Président Gewerc qui m’avait dit il y 18 mois, alors que je faisais signer avec un certain succès des pétitions pour le canal de l’Oise et de la Sambre, dans un de ses meetings à Saint-Quentin : « j’ai dit dans le bureau du Ministre que  nous ne débloquerions pas d’argent pour Seine-Nord si l’Etat ne faisait pas son devoir pour le canal de la Sambre à l’Oise », semblait avoir oublié cette promesse. A-t-il obtenu des garanties sur ce point avant de faire voter les crédits pour Seine-Nord ? Si c’est non je dois bien convenir qu’il a menti , et si c’est oui, pourquoi n’en parle-t-il pas publiquement ?

Pour conclure je remarque que le Président de la République n’a pas craint hier d’abuser devant son auditoire d’une rhétorique usée jusqu’à la corde: « vous êtes, a-t-il dit en substance, au cœur de l’Europe, au carrefour prometteur d’un formidable rail entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud ». Lecteur attentif, depuis des années, des travaux des géographes-aménageurs j’ai remarqué que c’est un argument qui a été tellement survendu à des milliers de maires et de Présidents de collectivités par les plus rentables des bureaux d’étude (ça ne coûtait pas cher  à produire) qu’il est aujourd’hui assez largement démonétisé et que les élus prêts à payer au prix forts de tels argumentaires se font bien rares. Exception faite des nostalgiques des discours du maire de Champignac et d’Achile Talon. Dans le registre de la BD c’est une rhétorique que, personnellement, je ne boude pas. Mais les politiques avisés savent, comme le disait Bonaparte, qu’on peut tout faire avec une métaphore, sauf s’asseoir dessus ! (Que ne s’en est-il souvenu plus tard !)

Vous pouvez aussi, pour plus d'information, lire ou relire mes textes précédents sur le canal de la Sambre à l'Oise (en cliquant sur "canal" dans le pavé de mots clés à droite en haut de cette page). L'association Canal Set, dont j'ai donné les coordonnées dans un de ces billets, milite activement en Thiérache et dans le bassin de la Sambre, sur ces questions.

dimanche 13 mars 2011

Printemps des poètes 2011 à Guise le 12 mars. Manuel Caré vous conte, à dos d'éléphant, un rhinocéros et un singe capucin

Je dois confesser qu'en écoutant Manuel évoquer sa rencontre avec un rhinocéros népalais, hier après midi à Guise, dans le cadre du Printemps des Poètes 2011, je me suis demandé s'il n'avait pas fumé quelques feuilles de ce chanvre dont on dit qu'il se fait commerce à Katmandou. Les poèmes qu'il nous a lus sont en effet tirés d'un livre de poésie "Loin de Katmandou", qu'il a publié l'an passé, retour du Népal. Manuel, je l'espère, me le pardonnera, ces soupçons étaient infondés et tenaient à mes lacunes en matière de zoologie. J'étais persuadé, pour des raisons de cancritude avérée, que le rhinocéros était un animal purement africain et je fus bien surpris de cette rencontre poétique avec un rhinocéros népalais. Un petit voyage sur Wikipédia m'a vite mis le nez sur l'étendue mon ignorance. Non seulement un cousin du rhinocéros africain gambade en Inde et au Népal mais de surcroît il est moins menacé que ses cousins africains. Par chance il semble doté d"une seule corne au demeurant moins volumineuses que celles du rhinocéros blanc d'Afrique. Ce qui lui vaut de moins attirer la convoitise des braconniers qui sont au service des vieux chinois libidineux (principale clientèle de la poudre de corne de rhino comme on sait).

Cette méprise est d'autant plus ridicule que mes lecteurs se souviendront peut-être que j'ai rencontré un rhinocéros à Vervins au printemps de l'année passée (voir mon billet "le rhino c'est rosse"). Personne donc n'aurait du être mieux averti que moi de l'aptitude au voyage de cette espèce animale. J'en profite pour remercier le lecteur qui m'a signalé récemment que le rhinocéros de Vervins pâture désormais au centre du grand rond-point sud de cette bonne ville. Rappelez vous que c'était une suggestion de l'âne vert. Entre herbivores nous avons l'oeil et parfois bon conseil sur les pâturages qui peuvent convenir à nos congénères.

Mais assez parlé, écoutez cette rencontre avec un singe-pèlerin et quelques mammifères omnivores dont Manuel Caré tire si belle sagesse et plaisir des mots.
Pour ceux qui rechercheraient le livre de Manuel Caré j'indique une piste pour le trouver : le blog de "l'entente du gué de l'Oise" qui a pris l'initiative de cette rencontre poétique :
http://kesskinne.over-blog.com

vendredi 4 février 2011

Alexandrie, Le Caire, Paris, Thiérache, Tunisie : « dans ces moments de panique, écrivait Victor Hugo au cœur de la révolution de1848, je n’ai peur que de ceux qui ont peur ».

Ces jours derniers je relisais « Choses vues » de Victor Hugo pour des projets sur ce blog : ses voyages, les notations météorologiques contenues dans son journal. J’en étais arrivé à son récit sur la révolution de 1848 : ses prémices vues de la Chambre des Pairs et de l’Académie, puis la relation des événements au jour le jour par l’infatigable promeneux qu’il était ; et quel formidable journaliste ! Dans son journal on peut suivre aussi la genèse de l’écriture des Misérables, Jean Valjean n’a pas encore trouvé sa forme littéraire achevée : Hugo nomme son chantier d’écriture du moment « Jean Tréjean », la révolution de 1848 et l’exil avec les proscrits du coup d’Etat de « Napoléon le petit » lui donneront son souffle définitif.
 
En le lisant il m’arrivait de penser aux évènements de Tunisie et d’Egypte. Non que je croie naïvement à une répétition de l’histoire ; je sais d’expérience qu’elle bégaie, se contredit,  se répète, parfois, en farces bien dérisoires. Je me souviens que nous avons mis presque un siècle, après 1789 - combien de révolutions et de coups d’état ? - pour que la République advienne comme état de droit pérenne où l’utopie démocratique est l’horizon, toujours perfectible, d’un peuple souverain.
 
Ce que j’entends, ce que je lis c’est l’évidence d’une communauté de climats : les espoirs, les émotions, les peurs, les rumeurs que suscitent les révolutions chez ceux qui les commentent ou les vivent parcourent des cycles et des figures dont l’universalité est limitée aux ressorts les plus intimes de l’âme humaine : le courage, la peur, le talent, le déchaînement toujours possible des ressentiments, des roublardises, de la violence d’Etat, le désir inextinguible de liberté, l’invention difficile de cette liberté. Ont-elles lu « les Misérables » cette jeunesse et ces classes moyennes éduquées qui se révoltent aujourd’hui dans le monde arabe ? Je l ‘espère un peu follement, mais peu importe, elles n’ont sans doute pas besoin de chanter, ironiquement, comme nous le faisons « c’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau ». L’univers des Misérables elles l’ont sous les yeux tous les jours et il nous revient aussi en force depuis quelques décennies, depuis qu’internationalisant leur empire et leurs comptes off-shore, les Thénardiers ont pris le large de leur petite auberge de Montfermeil. 
 
Leur visage aujourd’hui c’est par exemple, cette agence de notation dont une dépêche m’apprenait il y a trois ou quatre jours qu’elle «dégradait la note de la dette publique de l’Egypte » comme elle le faisait il y a peu pour la Grèce et l’Irlande. A qui le tour ? Le « business plan » (comme dit mon député) des taux usuraires est simple : élargir sans cesse le carnet d’adresse de la pauvreté et de la suspicion. Presque imparable sauf quand un peuple a le courage de décider, démocratiquement, de ne plus honorer les dettes de ses banques privées : on n’a pas assez salué, moi le premier, ce courage chez le petit peuple d’Islande. David contre Goliath, c’était pourtant biblique.
 
Je relis ce qu’écrivait Hugo en février 1848 :
« Je ne comprends pas qu’on ait peur du peuple souverain : le peuple, c’est nous tous ; c’est avoir peur de soi-même.
Quant à moi, depuis trois semaines, je les vois tous les jours de mon balcon, dans cette vieille place Royale qui eût mérité de garder son nom historique, je les vois calme, joyeux, bon, spirituel, quand je me mêle aux groupes, imposant quand il marche en colonnes, le fusil ou la pioche sur l’épaule, tambours et drapeau en tête. Je le vois, et je vous jure que je n’ai pas peur de lui.
Je lui ai parlé, un peu haut* sept fois dans ces deux jours. Dans ces moments de panique je n’ai peur que de ceux qui ont peur. »

Pour lire la suite cliquez ici (le texte est assez long et je ne veux pas décourager ceux qui butinent sur le blog

mardi 18 janvier 2011

Inondation, effondrement des berges du canal de la Sambre à l'Oise, déshérence des services publics en Thiérache

La chronique de la déshérence des services publics dans la haute vallée de l'Oise, en Thiérache, égrène sa froide et répétitive banalité. Durant la récente inondation les berges du canal de la Sambre à l'Oise se sont effondrées, comme il était bien prévisible (voir nos chroniques précédentes en cliquant sur "canal sambre" dans la liste des mots clés dans la colonne de droite) à proximité du pont-canal de Vadencourt. Fuite sans doute insignifiante compte tenu de l'ampleur de l'inondation me direz-vous, un peu d'eau et de boue ajoutées à niveau déjà exceptionnel. Mais il y a boue et boue, le limon de la rivière en crue peut être fertilisant pour les prairies de fond de vallée (dans les maisons c'est une autre histoire), mais qu'en est-il des boues du canal ? Nul de sait si une analyse de leur toxicité a été entreprise, par exemple.
Cerise sur le gâteau les services départementaux de l'équipement n'ont pas trouvé le loisir de flécher un itinéraire de délestage (une déviation) pour les camions ou voyageurs de long-cours sur la départementale 960 (une ancienne nationale) coupée pendant 3 jours à hauteur de Vadencourt et les inondés, en sus de leurs petits soucis, ont du tirer d'affaire de nombreux égarés. Les GPS ne connaissent pas les inondations ! Seuls les services municipaux de Vadencourt se sont mobilisés pour poser des panneaux interdisant le passage.
Une petite note positive cependant : la retenue de Proisy a fonctionné cette fois (en décembre on avait négligé, semble-t-il, d'activer le clapet : les crues moyennes semblent peu intéresser les décideurs qui doivent vivre sur les hauteurs). Elle a sans doute écrêté la crue d'environ 20 centimètres et Guise a sans doute évité d'égaler l'étiage de la crue de 1993. On est sans nouvelle du projet de retenue en amont d'Hirson mais on peut espérer que le niveau de crue qu'a connu Hirson désarmera les lobbies qui s'opposent à ce projet. Dans tous les cas les légendes et rumeurs ont la vie dure : j'ai encore entendu des esprits d'habitude raisonnables soutenir au comptoir des cafés que ces retenues sont faites pour protéger Paris ! Le rappel que l'Oise se jette dans la Seine à Conflans-Sainte-Honorine, soit très en aval de Paris ne suffit pas à désarmer cet argumentaire dont l'imaginaire, on l'aura compris, n'a rien de géographique.
 Brèche dans le Canal de la Sambre à l'Oise à Vadencourt - Photo Association Canal Set

Et puis une note d'humour involontaire sur le site internet de VNF :  si vous tapez "sambre oise" sur le moteur de recherche de ce site vous tomberez sur la suggestion d'itinéraire suivante :
"Chauny - Maubeuge 
Balade sur le canal de la Sambre à l’Oise avec notamment le franchissement de nombreuses écluses, de pont-canaux et ponts tournants manuels Au départ de Chauny, vous serez au cœur du trafic plaisancier de la Picardie, où plusieurs voies se croisent. Une halte à La Fère et son château s’impose. L’écluse Hachette près de Maroilles et l’usine élévatoire de Locquignol, valent le voyage avant l’arrivée dans la ville de Maubeuge fortifiée par Vauban 
- 121 kilometres
- 49 ecluses
- 30 heures environ"
Notez que le canal est fermé depuis bientôt 5 ans et que le délai de "réservation" pour cette ballade n'est pas précisé ! VNF, en outre, ne semble pas avoir lu le livre si charmant que Robert-Louis Stevenson a consacré à cet itinéraire ("Voyage sur les canaux et rivières du Nord de la France")
Dernière heure (samedi 22 janvier 2011) : ce matin je constate sur le site de VNF que la description de l'itinéraire a été supprimée depuis sa publication sur l'âne vert. Par contre il ne semble pas que VNF fêtera ses vingt ans sur le canal de la Sambre à l'Oise, aucune nouvelle sur le site hors le fait que l'avis de fermeture à la navigation va bientôt arriver à  péremption.  Il a déjà été réédité en 2008 car l'avis initial de février 2006 n'était plus pérenne (il n'est d'ailleurs plus visible en archive). VNF teste sans doute, en Thiérache de l'Aisne, la possibilité d'une inscription de son patrimoine au livre des records : la plus longue fermeture de son l'histoire de la navigation fluviale. On peut aussi apercevoir sur le site de VNF un film "ludique et décalé" qui donne à penser que seule la musique semble en mesure de réveiller les énergies de VNF. Le film commence par une scène - un aveu ? - où le personnel de VNF est figé, statufié ou endormi, immobilisé sans doute par on ne sait quelle baguette magique : une sirène (la "pincoya" peut-être que j'ai déjà croisée dans ma jeunesse à Chiloé au Chili ?) de passage dans les bureaux du nouveau siège ? C'est peut-être le moment de sortir nos orphéons !


  Le Canal de la Sambre à l'Oise à Vadencourt après rupture de la berge- Photo Association Canal Set
  Brèche dans le Canal de la Sambre à l'Oise à Vadencourt - Photo Association Canal Set
Pour toute information complémentaire et soutiens: Association Canal Set (défense du canal)  c/o Francine KIMPE - 02510 IRON Tel 03 23 60 45 16

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vendredi 28 mai 2010

Célébration du fromage de Maroilles , le film de l'âne vert


Une version basse résolution, pour ceux qui ont une connexion internet lente, est visible sur la page où est reproduit le texte de l'homélie (voir le lien à la fin de cet article)

Prédicateur souvent facétieux et truculent, Maurice Lelong o.p., originaire d'Estrées, au nord de Saint-Quentin, a donné dans son homélie sur le Maroilles, une page d'anthologie : sans doute le plus beau texte littéraire sur le fromage de Maroilles. Prononcée et radiodiffusée en 1961, dans le cadre des festivités du millénaire du fromage de Maroilles, cette homélie savante et souriante eut, en son temps, un succès mérité. La bande son de ce film est un enregistrement sur disque (Soder) que réalisa Maurice Lelong pour accompagner la sortie de la "Célébration du Fromage" chez son éditeur Robert Morel en 1961 (maquette d'Odette Ducarre). Cette "Célébration" comportait un texte inédit et le texte complet de l'homélie prononcée quelques mois plus tôt à Maroilles.
Auteur prolifique, Maurice Lelong obtiendra l'année suivante le prix de l'humour noir pour sa "Célébration de l'art militaire" chez le même éditeur. On peut se reporter, sur ce blog, aux billets que j'ai publiés sur ses "célébrations" de l'âne, de l'oeuf, de l'andouille (d'autres viendront).

Le texte complet de l'homélie est disponible sur ce blog. Il vous suffira, au bas de la colonne de droite de ce blog, à la rubrique "Documents", de cliquer sur le lien "Celebration Maroilles", je vous conseille de faire un copier coller dans votre traitement de texte car le texte est assez long et mérite d'être imprimé. Vous pourrez ensuite revenir au blog en cliquant sur l'imagette de l'âne vert.

Pour le film je remercie Odette Ducarre, Jacques Métille, le RP Kim-en-Joong o.p. et l'association des Amis de Robert Morel qui m'ont prêté leur concours et une partie des documents qui figurent dans le film.
Remerciement spécial aussi à Claire Halleux et à ses collaborateurs (trices) qui, à la ferme de la Fontaine d'Orion, à Haution, Thiérache de l'Aisne, fabriquent, à mon goût, le meilleur et plus onctueux Maroilles que je connaisse. (cette information n'est pas sponsorisée !)

mercredi 19 mai 2010

A Vervins, le rhino, c'est rosse !

 Dessin d'Yves Chaland - Faire la fête au rhinocéros ?
Nuit des musées à Vervins, le week-end passé. Et une bonne surprise car ce petit musée, qui était quelque peu à l'abandon lors de mes dernières visites, s'est enrichi de pièces remarquables sur l'histoire de la ville et elles sont données à voir de manière assez  savante et agréable. Un objet m'a cependant intrigué, il ne faisait pas encore tout à fait nuit, dans la cour de ce musée : un rhinocéros ! Est-ce que, comme les abeilles, ces animaux en  seraient réduits à se réfugier dans les villes pour échapper à leurs prédateurs ? En fait c'est une statue à l'abandon au fond de la cour, un rhinocéros monumental dans le style Tinguely (un artiste que j'aime), la vélocité en moins. Pas de socle, pas de notice, elle est en déshérence dans un carré d'herbes folles. Au moins, se dit-on, ce rhinocéros ne mourra pas de faim ! Mais il commence à rouiller, ce n'est pas très grave car l'artiste n'a pas utilisé des matériaux de première jeunesse et ce qui relève de la patine ou de l'état original est difficile à déterminer.
Un informateur, dont je tairai le nom (je protège toujours mes sources), me dit que la bonne ville de Vervins a acquis cette œuvre pour la somme bien modique, compte tenu du poids de la chose, de 6 000 Euros, et qu'elle semble, depuis lors, s'en désintéresser.
Rhinocéros - oeuvre d'un artiste inconnu dans la cour du Musée de Vervins
Alors je risque une supplique à la municipalité de Vervins : je suis prêt à accueillir de façon temporaire et contractuelle cette oeuvre en dépôt dans mon jardin, je la mettrai sur une socle, je rédigerai une notice sur l'artiste qui l'a réalisée, et créerai autour d'elle une petite placette que j'aménagerai pour l'occasion pour l'agrément de mes amis et de mes visiteurs. Cette placette je la baptiserai "Place des vieux chinois lubriques", pour rappeler à chacun le tribut que l'animal paie (enfin ce qu'il en reste en Afrique) aux forfanteries libidineuses de cette population qui, dit-on, use et abuse de la poudre de corne de rhinocéros.

Une alternative plus pédagogique serait que la ville de Vervins baptise elle même une telle place (le grand rond point sud de la ville n'a pas vraiment de nom par exemple) et y installe le rhinocéros en son centre. Pour que le résultat soit probant, en terme de développement durable, il serait souhaitable que la ville de Vervins se "jumelle" ensuite avec une grande ville chinoise.
Post scriptum : s'il s'agit d'un rhinocéros "sans papiers" et que la discrétion de sa présence à Vervins est une ruse pour tenter de le faire échapper aux épigones de Mr Besson, je retire immédiatement ce billet de mon blog, donc merci de m'en avertir le cas échéant !