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lundi 30 juin 2014

Un jardin de belles vagabondes à la Cité de l'immigration (Palais de la Porte Dorée) - une création de l'artiste Liliana Motta

Pour celles et ceux qui ont raté l'invitation de la semaine passée, un des charmes de la rencontre avec les auteur(e)s du n°82 de Chimères (la revue) aura été, outre les tables rondes de libre conversation organisées par Anne Querrien (merci à elle et à la patiente et rhizomatique énergie qu'elle déploie en toutes choses) et les auteur(e)s qui se sont prêté(e)s au jeu, la redécouverte de ce lieu dont je n'avais que des souvenirs lointains (images de l'ancien musée des colonies, puis des Arts africains et océaniens). Et surtout, grâce à la présence de Liliane Motta, co-auteure du numéro de "Chimères" sur "l'herbe", découverte et visite de la luxuriance nomade qu'elle a su créer en ce jardin qui mérite une visite pour tou(te)s ceux (celles) resté(e)s proches des charmes des sentiers rêveurs et néanmoins savants des écoles buissonnières.
J'ai trouvé pour vous sur internet une vidéo où Liliane Motta parle de ce jardin. Les images sont anciennes et le jardin a déployé depuis lors une luxuriance, des parfums de mille et une nuits, une palette de riches couleurs, qui ne sont encore que promesses sur ces premières images. Quelques recoins de ce jardin, en dehors des visites de groupe thématiques, ne sont pas entièrement ouverts au public, mais si vous êtes des sautes ruisseaux respectueux et discrets des incursions furtives dans ces parties protégées paraissent possibles.

Un jardin pour le Palais de la Porte Dorée... par cite_histoire_immigration

jeudi 26 juin 2014

L'herbe, dans la revue Chimères (vient de paraître), l'âne vert s'y ébroue

 Couverture du N°82 de la revue Chimères (vient de paraître)
Un article de l'âne vert (Claude Harmelle) dans le numéro 82 de la revue Chimères (Editions ÉRÈS). Le titre est un ver de René Char : "Jadis, l'herbe était bonne aux fous et hostile au bourreau".
Beaucoup d'autres contributions à lire dans ce numéro de Chimères :
http://www.editions-eres.com/parutions/psychanalyse/chimeres/p3367-herbe-l-.htm
Et puis pour ceux (celles) qui seront à Paris le dimanche 29 juin (2014) une invitation :

La Rédaction de la revue Chimères et les éditions érès vous invitent
à la présentation du numéro 82 : 
L’herbe
coordonné par Anne Querrien, avec le concours de Marco Candore

Dimanche 29 Juin de 15h à 18h au Palais de la Porte dorée (Cité de l'immigration)
Salle du Forum ou dans le jardin selon la météo– Entrée libre
293 avenue Daumesnil Paris 12ème



samedi 27 avril 2013

Une belle réflexion sur le travail d'Ernst Jünger (lue en pensant à mon père, ce matin)

Michel, mon père, est à gauche sur la photo. A droite c'est son ami Monsieur Viard. Poissons, Haute-Marne, avril 1973

Ce matin en forêt, pour abattre du bois. Je m’y suis pris trop tard dans l’année : les bouleaux saignaient abondamment. Travail fatiguant. Je me suis dit : « Au fond, tu aurais pu envoyer quelqu’un d’autre, en le payant. Pendant ce temps, tu aurais pu gagner chez toi, et confortablement, plusieurs fois ce que tu perdais ainsi. ».

Réplique : « Oui, mais tu ne te serais pas mis en sueur. ».


Bien – car dans notre monde, il n’est rien de plus inadmissible que de comparer deux activités en prenant l’argent pour critère. Nous tombons alors au niveau du « times is money », cette devise qui est aux antipodes de la dignité humaine. Au contraire il y a de la vérité dans la réflexion de Théophraste : « Le temps est une dépense précieuse. »


Tout travail comporte quelque chose qui ne peut se payer et donne une satisfaction qui se suffit à elle même. C’est sur ce principe que se fonde l’économie véritable du monde, l’équilibre en profondeur du gain et de la dépense, le bénéfice assuré.


S’il en était autrement, le paysan devrait se mettre sous la dépendance du cours de la Bourse, et non de la terre, du soleil et du vent. L’auteur devrait étudier l’humeur changeante des masses et adapter son œuvre aux lieux communs reçus. Les fleurs disparaîtraient des jardins, et le superflu de la vie. Il n’y aurait plus ni haies, ni bosquets d’agrément, ni ruisseaux serpentants, ni espace vide entre deux champs.


Le travail devient sacré par ce qui, en lui, ne peut être payé. Nés de cette part divine, bonheur et santé se déversent sur les hommes. On pourrait aussi dire que la valeur du travail se mesure à la part d’amour qui s’y dissimule. En ce sens, le travail devient semblable au loisir : au plus haut niveau, l’un et l’autre se confondent. J’ai vu un laboureur derrière ses chevaux ; devant lui, la glèbe se retournait aux rayons du matin et semblait se revêtir d’or. La récolte n’est qu’un revenu tiré de cette opulence.


Ernst Jünger, La cabane dans la vigne (Journaux de guerre II 1939-1948), 30 mars 1948

Vous pouvez lire aussi :
http://anevert.blogspot.fr/p/michel-harmelle-soldat-oublie-de-1940.html
et :
http://anevert.blogspot.fr/p/gabrielle-la-jardiniere-de-boheries.html

jeudi 14 mars 2013

Un pape écologiste ?

François d'Assise saint patron des écologistes (Sermon de Saint-François aux oiseaux par Giotto)
Ma jeunesse a baigné dans la spiritualité franciscaine et ma vieillesse comporte une part de fidélité à cette histoire. C’est en lisant les Fioretti et le Cantique de Saint-François à Frère Soleil, Sœur Lune et aux Créatures que je me suis d’abord éveillé aux beautés de la création et à la fraternité aux plus pauvres d’entre nous. Sans doute vient de là aussi mon amitié ancienne pour les ânes et particulièrement pour l’ânesse Modestine de Robert-Louis Stevenson. François d’Assise a été canonisé par une Eglise qui avait beaucoup à se faire pardonner en un temps où la frontière était ténue entre la canonisation et le bûcher (ceux qui ont lu « le Roman de la Rose » d’Umberto Ecco comprendront). C’est aussi une Eglise qui a beaucoup à se faire pardonner (mais quelle institution humaine n’a pas à se faire pardonner ?) qui a érigé François d’Assise, plus récemment (une trentaine d’années) en saint patron de ceux et celles qui se préoccupent d’écologie.

Il a aura fallu près de huit siècle pour qu’un pape porte ce nom,  c’est pour moi, ce soir, un formidable signe d’espoir. J’avais relu ces temps derniers le droit canon pour voir qui était éligible et j’y avais appris, ce dont aucun média ne vous a tenu informé, que tout prêtre catholique ou simple moine était éligible. Et de fait, au moyen âge, les papes qui n’étaient pas cardinaux mais des hommes sages ou savants ou simples moines ne furent pas si rares en un temps où la foi chrétienne était plus largement partagée. J’ai failli vous en entretenir tant l’ensemble des médias semblait ignorer complètement cette donnée, mais la rapidité du conclave ne m’en a pas laissé le temps. Alors cette élection, (dans un scrutin qui n’est pas si éloigné des règles de nos sénatoriales) d’un pape si éloigné dans ses choix de vie, des pompes et palais dorés de le curie romaine (notre République ne fait guère mieux), quelle joie !

Vous me direz : et les femmes ? C’est une vraie question. Les textes fondateurs des grandes religions monothéistes ont été écrits dans des temps ou dominaient une culture, une politique, un droit public, patriarcaux. Elles peinent (même le bouddhisme n’y échappe guère) à se dégager d’une lecture littérale  et les forces les plus obscurantistes et conservatrices y travaillent sans relâche (pas seulement dans le monde musulman comme on le dit trop souvent). Mais l’espoir luit, dans toute ces cultures, que les conservatismes finissent par céder le pas à une lecture des écritures sur des fondamentaux moins racrapotée et plus fraternelle. Déjà une partie des églises luthérienne élisent des prêtres et évêques femmes et même homosexuel (le)s. Beaucoup de femmes d’origine musulmane et dans les églises chrétiennes sont en lutte pour de nouveaux droits. Au moins peut-on espérer qu’on ne verra pas ce nouveau Pape tenir la main de Frigide Barjot dans les rues de Paris et que le message évangélique n’est pas, chez lui, soluble dans l’eau de rose.

Une chose me réjouit aussi c’est qu’il vienne d’Argentine. J’ai vécu en Amérique du Sud dans les années soixante dix, j’y ai côtoyé des sœurs et des prêtres catholiques d’origine française engagés dans les luttes pour la défense des plus pauvres, je sais le prix de sang très élevé que beaucoup (et tant d'autres) ont payé (et dont il n’est presque pas de mémoire collective) au temps des dictatures les plus féroces. Les choix de vie du cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio font douter qu’il ait pu être de ceux (pas si rares dans l’épiscopat sud-américain) qui ne barguignèrent pas à bénir les bourreaux des « grands cimetières sous la lune ».

Un de mes livres de chevet est le « sermon de Saint-Antoine aux poissons » d’Antonio Vieira. C’est un texte fondateur de l’écologie politique dans une langue magnifique (Fernando Pessoa dit, et c’est mérité, qu’il est un des plus grands prosateurs de la langue portugaise). Antonio Vieira est un père jésuite (comme le nouveau pape) du XVII ème qui n’échappa au lynchage par ses paroissiens (colons portugais du Brésil), après un de ses sermons, qu’en s’embarquant promptement pour l’Europe. Au Portugal et en Espagne il échappa de justesse aux foudres de l’inquisition grâce à l’intervention d’un pape lettré qui en fit un des diplomates les plus remarquables de son temps. Une œuvre que je ne saurais trop vous recommander et que le nouveau pape a sans doute lue. Le cas d’Antonio Vieira n’est pas une rareté dans l’Amérique latine de cette période et ceux qui en connaissent l’histoire savent  combien nombre de jésuites et de franciscains œuvrèrent à protéger ou émanciper les communautés indiennes de la rapacité du monde colonial. Le monde musical redécouvre par exemple actuellement les partitions baroques de compositeurs indiens oubliés de Bolivie et du Paraguay qui donnent à voir que le paternalisme n’était pas le seul ressort de ces entreprises.

Cela va faire hurler beaucoup d’entre vous, tant la légende noire des jésuites est forte dans notre pays (et ça ne date pas de la République, nos rois imbus de leurs privilèges gallicans ne barguignèrent pas à les stigmatiser comme dangereux internationalistes), mais je me réjouis aussi que le nouveau pape soit un jésuite.

N’étant pas né avec une petite cuillère en argent dans la bouche je n’ai pas été éduqué par les pères jésuites comme quelques uns de mes amis. Cela me laisse peut-être une plus grande disponibilité pour lire leurs travaux savants ou spirituels. J’ai une grande curiosité actuellement pour les travaux scientifiques si remarquables des jésuites en Chine aux XVIIème et XVIII ème (finalement condamnés par Rome mais réhabilités aujourd’hui).

Comme des récits de voyages des pères franciscains, moins connus que Marco Polo, qui dès le XIII ème siècle voyagèrent en Chine et reprirent langue, au temps de Gengis Khan,  avec les civilisations d’Asie centrale et orientale et le christianisme nestorien qui y était présent sans doute depuis les premiers siècles du christianisme.

L’histoire de la route de la soie est passionnante parce qu’elle détruit l’idée de l’étanchéité  des civilisations et du caractère inexorable de la guerre entre elles.
Longue vie donc à ce pape qui a traversé les océans pour devenir évêque de Rome.

Je vous conterai un jour prochain l’histoire de l’origine de la pomme, elle aussi beaucoup voyagé sur cette route de la soie et il n’est pas impossible que sur cette route puisse s’apercevoir des leçons pour une gestion de nos vergers moins chimique et plus verte.

Si vous ne l'avez pas encore lu allez aussi voir le petit film et le texte que j'ai consacré à un autre jésuite, le Père René Courtois, créateur du jardin des simples de l'Abbaye de Vauclair dans l'Aisne en cliquant ici

samedi 9 mars 2013

Disparition ou retour des dinosaures ? Le jeu des 7 erreurs

Le retour des dinosaures ?

Le thème récurrent de la disparition des dinosaures m’horripile depuis que je les entends chanter  ou caqueter au cours de mes promenades quotidiennes. Béotien que j’étais (comme beaucoup d’entre vous sans doute) j’ai longtemps cru à cette fable de leur disparition. Jusqu’au jour où, au Muséum d’Histoire Naturelle, je suis tombé en arrêt devant le grand arbre généalogique de l’évolution du vivant. Ce fut mon chemin de Damas. Pour s’en tenir aux vertébrés, la science la plus affranchie de préjugés et d’erreurs grossières m’apprenait que tous les oiseaux ou volatiles qui peuplent nos forêts, nos prairies, nos jardins, nos poulaillers (nos cuisines ou nos balcons pour ceux qui hébergent une poule qui recycle leurs menus déchets ménagers en œufs succulents)… sont des dinosauriens ! Attention, pas des cousins lointains, ils font vraiment partie de la famille et ils ont survécu à leurs très proches (dans la chaîne de l’évolution) cousins, les grands dinosaures, qui eux ont disparu au cours de cataclysmes de sinistre mémoire.

A l’heure bleue, le couple de ces oisillons qui partage mes jours et mes nuits (voir la photo ci-dessus) m’a éveillé ce matin d’un concert inhabituel (ils ont souvent égard au fait que je lis ou écris fort tard) et fort péremptoire. Ils  avaient ouï dire qu’une chaine humaine devait se déployer dans les rues de nos villes et villages aujourd’hui pour signifier à ceux qui nous gouvernent que sortir progressivement du nucléaire était bien désirable si nous ne voulions voir se répéter le genre de catastrophe, je les cite « qui a abouti à la disparition de nos lointains cousins » 


Nous savons me dirent-ils que ton état actuel de santé (quelques soucis du côté de mes sabots) ne te permettra pas de rejoindre ces joyeux cortèges. Nous avons donc décidé de t’y représenter si tu y consens . Comment ne pas y consentir ? Les fenêtres étaient d’ailleurs grandes ouvertes.


Donc il n’est pas impossible que vous les ayez côtoyés au cours de vos pérégrinations de ce jour. Ils défilent généralement sous la banderole du « Front de Libération des Dinosauriens - Canal historique ». La Police, toujours pleine de malice, sera sans doute très inquiète de ce nouveau front (voyez le bas de la photo). Ce sera bien à tort, je l’espère, car je sais que mes petit-e-s amis sont généralement pacifiques, particulièrement sur des pavés où l’ombilic est rare !


Dernière minute :


De retour mes oisillons me disent que j’aurais été aperçu furtivement au cours des rassemblements de ce jour. Je vous livre les preuves (ci-dessous) qu’ils produisent et qui s’apparentent pour moi à un jeu des 7 erreurs.
Je vous laisse vous en esbaudir (et particulièrement vous frères baudets aux longues oreilles). Je trouve que j’ai bon dos (mais pas bon pied bon œil) dans cette affaire bien troublante.

L'âne vert : jeu des 7 erreurs
Addendum : pour les amis proches qui aiment modestine, l'ânesse aux longues et douces oreilles soyeuses, un petit hommage est caché dans ce blog, cliquez le lien tout en bas de la colonne de droite
du blog "Gabrielle...etc"

mercredi 18 avril 2012

Thiérache : vers un bocage peau de chagrin ?

Que faire face à ce constat ? L'âne vert s'associe bien volontiers et co-signe la tribune libre qui suit
Vers un bocage peau de chagrin ?


Le bocage et ses haies vives qui est le paysage que nous aimons, façonné au fil des siècles par des générations d’herbagers producteurs de la merveille de Maroilles, le bocage thiérachien se réduit à vitesse accélérée, chacun le constate, et les chiffres des recensements de l’agriculture le confirment.
En dix ans la Thiérache a perdu près de 300 exploitations agricoles, pour l’essentiel des producteurs de lait. En vingt ans les surfaces de prairies herbagères ont reculé de plus de 53% dans l’Aisne, pendant que le nombre d’exploitations laitières chutait de 68% et que le cheptel de vaches laitières, malgré l’augmentation de la taille des troupeaux, reculait de 36%. C’est en Thiérache dont ce fut longtemps la spécialisation identitaire que ces reculs se sont faits pour l’essentiel.

A l’origine de ces bouleversements :
- très souvent le découragement des producteurs de lait dont la production n’est pas rémunérée à la hauteur du travail sans temps morts qu’elle exige
- la pression sur le foncier des filières agricoles plus rémunératrices sur le court terme, l’abandon des régulations de marché qui assuraient des prix planchers aux producteurs et rendaient possibles, en maîtrisant le foncier, des ambitions d’aménagement du territoire et de valorisation de nos paysages.
- l’insuffisance des aides publiques à développer, autour du lait et de l’industrie des produits laitiers, des labels de qualité et de terroir, des filières à haute valeur ajoutée, des circuits courts
- l’insuffisance encore de la reconnaissance publique de la contribution des herbagers, quand ils ne font pas de l’élevage en batterie, à la préservation de la biodiversité, à la protection des sols, au ralentissement du ruissellement des eaux dans les périodes de crue, à la préservation des zones humides, au développement de la filière bois pour le chauffage et la reconstitution des sols.

Si ces tendances lourdes se prolongent encore une ou deux décennies on peut craindre pour demain un bocage qui se réduirait aux vallées de nos rivières, à une étroite lisière des forêts du Nouvion et de Saint-Michel ; et une filière bois, dans le nord de l’Aisne, définitivement sinistrée. Bien entendu les subventions qui encouragent la plantation de haies sur le territoire sont un palliatif partiel, mais il ne sera jamais à la hauteur des dizaines d’hectares de prairie humides et de haies bocagères livrées aux labours chaque année depuis des décennies.

Pour relever tous ces défis, la vie politique de nos pays a besoin d’hommes et de femmes pour qui l’écologie ne soit pas une matière à option, claironnée le temps d’une campagne électorale, et vite rangée au rang des accessoires.
C’est pourquoi nous soutenons la candidature d’Eva Joly dont l’engagement, aux côtés de José Bové, est totale :
- pour une agriculture paysanne de qualité respectueuse de la biodiversité et protectrice des ressources si nécessaires à la vie que sont l’eau, les forêts, les zones humides, les zones de bocage, les insectes pollinisateurs
- pour des circuits courts à valeur ajoutée entre producteurs et consommateurs, pour l’approvisionnement en bio des cantines scolaires
- pour la promotion de labels de qualité et d’origine contrôlée assortis de cahier des charges transparents, pour une alimentation saine et une vigilance sans relâche sur les lobbys des grands groupes chimiques et semenciers (OGM, brevetage du vivant) dont les profits se font trop souvent au détriment de la santé publique.
- pour des pratiques d’élevage respectant l’animal et le consommateur et une reconversion progressive au bio des techniques culturales.
-pour une régulation internationale des prix agricoles garantissant une juste rémunération aux producteurs, pour une régulation du foncier agricole et une aide aux initiatives associatives favorisant l’installation de jeunes agriculteurs
- pour une équité et une solidarité territoriale garantes d’un accès aux services publics et de proximité dans les zones rurales délaissées.

Liste des 24 signataires, merci à eux :
 

Aurélien Wéry, des jeunes écologistes
Bertrand JEANDEL, EELV
Brigitte FOURNIE-TURQUIN, conseillère municipale à Laon
Christian SYLVESTRE. candidat Europe Ecologie les Verts dans la 3ème circonscription de l’Aisne
Claire JULLION, ardennaise bocagère
Claude HARMELLE, sociologue
Evangelia RALLI, Ribemont
François BRAILLON, paysan retraité
François TURQUIN,
François VATIN
François VEILLERETTE. conseiller régional Picardie
Gabrielle ELIAS, jardinière de Bohéries
Gérard BALITOUT, conseiller municipal délégué, Hirson
Jacques MAHIEUX, musicien rural
Jean-Jacques FIN, maraîcher bio à Laon
Jean-Marc KUPECKI, retraité
Jean-Paul MEURET, historien de la Thiérache, diplômé de l’EHESS
José MEURICE, maire adjoint de Watigny
Marie-Claude MALLEVERGNE
Marie-Françoise VERHOOG, chargée d’études en environnement
Marie-Reine DUFRETEL
Michèle CAHU, conseillère régionale Picardie
Nora AHMED-ALI, conseillère municipale à Saint-Quentin, secrétaire du GAL Nord de l’Aisne d’Europe Ecologie les Verts
Roel VERHOOG

jeudi 12 janvier 2012

L'Europe, poêle à frire ?

© l'âne vert 2012

Non je n’ai pas dit « dessine toi une carte » en me préparant un petit frichti ce matin-là, début janvier.

Ce qui s’est dessiné au fond de ma poêle, et sur mon poële, m’a fait sourire plus que poiler, ou rire à gorge déplorée.

Cette petite Europe, avec son cœur jaune sur une mer noire, et sans étoiles, c’était comme un rêve éveillé, rien de prémédité.

Pour l’attache de ce cœur, pas d’erreur : entre plateaux à Langres et estuaires mosans, Wallonie, Parisis, roses de Picardie, parages du Nord Ouest, les prairies où je m’esbaudis … et m’égare à siffler les trains, goût des lointains. Une toponymie à l’écoute s’il pleut que je chéris et où l’homme n’est pas en sucre, fut-il candi. Et moins encore la femme qui, en ces pays cy sait tisser et festonner la dentelle des rêves dont les hardes se disent « clicotes ».

L’ai trouvée bien jolie cette petite Europe, en ses clicotes où les bretons jettent des ponts vers ibères et lusitaniens, peuples marins.

Bien facétieuse aussi d’avoir osé amarrer une petite Corse à la côte des basques.

Plutôt « hip – hop », et assez « swing » : voyez ce grand écart d’Italie à Espagnes où elle semble danser-courir-bondir,

S’enfuir ? Ah, ça se pourrait bien, avec ces bruits à l’est où hongre ne rit.

Assez rétrécie, aussi, avec ces Royaumes désunis, l’Irlande fière, l’Hellade notre mère, tous ces naves scandis qui semblent le large avoir pris.

Hamlet sans royaume, fallait le faire, la poêle à frire, pour un cartographe, c’est peut-être un peu trop militaire.

Arrière ! fond d’idées noires ! répudier le genre masculin qui de la poêle au poêle : « Drap mortuaire, grande pièce d’étoffe noire ou blanche dont on couvre le cercueil pendant les cérémonies funèbres. », dit le wiktionnaire.

Pourtant cela peut advenir, la vie est maladie mortelle, et les agences de rotation,  les rêves sombres de la peur, la nostalgie des gabelous et des gros bénéfices du change pour que rien ne change, la paix armée des tranchées mal refermées, y travaillent.

Si cela advenait, me ferais cartographe de toutes les contrebandes car, sur les cartes, les fleuves savent remonter à leurs sources. La « poêle à frire », c’est aussi un outil : pour ceux qui creusent et sculptent des trésors ? Pour les démineurs des lignes de fronts ?

Claude Harmelle - 11 janvier 2012

mardi 10 janvier 2012

Vers un printemps des libertés et de la solidarité ? Manifestation de soutien à Xavier Mathieu à Amiens le 4 janvier lors de son procès pour insoumission aux prélèvements et au fichage ADN

"Le combat des contis, c'est une histoire d'amour, et elle dure toujours...Si je suis encore debout c'est grâce à tout ça... c'est l'amour des autres qui nous aide à tenir" nous a dit Xavier Mathieu mercredi dernier (voyez le troisième film). Cette manifestation prolongeait ce moment de grâce des luttes ouvrières qu'a été la lutte des Contis (Continental, Clairoix près de Compiègne). Ah certes il n’ont pas gagné le sauvetage de leur boîte et de leur emploi, l’actionnariat rapace a eu le dernier mot, mais il a du payer le prix fort. 
 
Ce qui fait les Contis si grands c’est, comme l’ont rappelé les intervenants à Amiens, qu’ils ont su construire une unité exemplaire, et internationaliser leur lutte et leur solidarité à l’échelle européenne. Quand les partis politiques, les centrales syndicales, peinent à construire des contre-pouvoirs de dimension européenne, un millier d’ouvriers picards ont réussi à Hanovre une unité d’action avec des milliers de travailleurs allemands et lorrains. Ils sont entrés dans l’histoire les Contis, cela ne faisait aucun doute pour tous ceux qui étaient à Amiens mercredi dernier. C’est ce qui explique aussi, le talent de Xavier Mathieu n’y comptant pas pour rien, le respect de la diversité des intervenants dont beaucoup ailleurs se déchirent. Personne n’a été sifflé ce qui est très rare dans un concert où la gauche la plus sage et la plus extrême se rencontrent.

Une chose très émouvante pour moi qui ai l’âge des luttes de la guerre d’Algérie, de 68, des Lip et du Larzac, c’était la présence d’un viticulteur venu de loin et représentant la Confédération Paysanne. Et en plus il nous a fait chanter !

Un mot aussi sur le contexte de la manifestation. Ce 4 janvier était jugé en appel Xavier Mathieu pour insoumission au prélèvement et au fichage de son ADN. Le parquet avait fait appel après une relaxe prononcée par un tribunal à Compiègne. Cela en dit long sur l’acharnement d’un pouvoir qui porte aussi la responsabilité d’avoir inscrit ce fichage ADN, dans une loi inique, pour l’ensemble des  délits : y compris ceux qui ressortissent des luttes syndicales, politiques et associatives. Des faucheurs volontaires anti OGM sont aussi venus nous le rappeler à Amiens. Pour le pouvoir sarkozyste même l’Abbé Pierre ressortirait aujourd’hui d’un fichage ADN puisque ceux qui luttent pour la défense des sans papiers ou le droit au logement (ce ne sont que des exemples), toutes les populations et minorités que ce pouvoir stigmatise à longueur de J.T., sont exposés à ce fichage.

Film 1 : reportage sur la manifestation


Film 2 : le discours intégral de Xavier Mathieu



Film 3 : Eva Joly et Xavier Mathieu

lundi 9 janvier 2012

Eva JOLY et Alain Lipietz invités à l'Atelier de l'Economie Sociale et Solidaire le 5 janvier 2012

Rectificatif : une erreur dans le titre de cet article et dans le générique des films : il faut lire "Labo de l'ESS" et non pas "Atelier de l'ESS"
Les commentaires et notes sur les autres intervenants ainsi que les références du Labo de l'ESS viendront dans les jours qui viennent. Vous pouvez déjà regarder les films.

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lundi 30 mai 2011

Une lettre du peintre Henri Matisse sur la situation ferroviaire au Cateau-Cambrésis qui abrite le Musée Matisse et où la SNCF veut supprimer l'arrêt des trains intercités

Le 25 mai 2011 nous étions nombreux, élus, amis de Matisse, simples citoyens venus du Cambrésis et du Nord de l'Aisne pour entendre Matisse évoquer ses souvenirs ferroviaires dans la ville où il est né et pour faire entendre à la direction de la SNCF que son projet de supprimer l'arrêt au Cateau des trains intercités : "pire qu'une erreur, c'est une faute" comme l'a écrit Matisse dans une lettre posthume et dont vous entendrez la lecture sur ce film.

Ce projet de la SNCF qui procède d'une politique générale de déménagement du territoire (qui se souvient que nous avons eu des Ministres de l'Aménagement du Territoire ?) est caractéristique de la déshérence où est tenu le monde rural et les petites villes et plus particulièrement la desserte ferroviaire sur la ligne Paris-Maubeuge qui fut, il n'y a pas si longtemps, un des grands axes ferroviaires européens (Paris-Berlin-Moscou, Paris-Copenhague, Paris-Bruxelles-Amsterdam). Progressivement, pour "rabattre" sur les trains Thalys, l'offre a été réduite à des Paris-Liège, puis à des Paris-Namur. Aujourd'hui Maubeuge est un "cul de sac" ferroviaire, plus un train de voyageur intercités ne passe une frontière dont on nous avait annoncé la disparition. Bientôt, cela semble même programmé par la SNCF, ce ne sera plus Maubeuge mais Saint-Quentin qui sera tête de ligne pour des dessertes intercités cadencées.
La défense de cet arrêt au Cateau devrait mobiliser au delà du Cambrésis car une ligne de cœur, dont on peut espérer qu'elle devienne un jour prochain une véritable route touristique, unit Le Cateau au nord-est de la Picardie. Matisse en effet est né au Cateau mais il a aussi passé sa jeunesse à Bohain (qui abrite la "Maison Matisse", étudié à Saint-Quentin, habité un temps à Lesquielles-Saint-Germain où il a peint de nombreux tableaux ainsi qu'à Vadencourt&Bohéries. Nous étions trop peu nombreux, les picards, le 25 mai, pour manifester cette solidarité et ce lien de cœur qui nous lie à l'œuvre et à la vie de Matisse. J'espère que si d'autres rendez-vous sont nécessaires dans cette lutte nous ne nous contenterons pas d'une présence symbolique.
J'ai déjà tenté d'alerter sur ces questions dans un précédent billet et j'ai été impressionné par la qualité et la pugnacité de la mobilisation autour du Cateau. Au cours de cette manifestation j'ai pensé bien entendu au problème, si proche quant au contexte général de "déménagement du territoire", de la fermeture du canal de la Sambre à l'Oise depuis plus de cinq ans à hauteur de la Thiérache (ponts canaux non réparés), ce qui a manqué sur ce dossier c'est certainement ce qui a été réussi au Cateau et non advenu en Thiérache, soit la mobilisation de l'ensemble des élus régionaux en soutien aux communes et aux populations riveraines. C'est ce qu'il faudrait sans doute tenter à nouveau de réussir en s'inspirant de l'exemple du Cateau tant il apparaît évident que les espoirs soulevés par le rapport Verdeau apparaissent aujourd'hui obsolètes. Deux années ont passé sans qu'aucune solution soit en vue.
En écoutant la lettre posthume de Matisse au Cateau, j'ai aussi repensé à la lettre que Robert-Louis Stevenson nous a envoyée il y a deux ans où il rappelait son voyage de 1876 sur les canaux et rivières du Nord de la France et son soutien à ceux qui réclamaient la réouverture de ce canal. Ceux qui l'ont pas lue ou l'ont oubliée peuvent la trouver dans les archives de ce blog en cliquant ici.

mardi 10 mai 2011

Danielle Mitterrand le 10 mai 2011 à la manifestation devant l'Assemblée Nationale contre l'exploitation des gaz de schistes


Ma langue a fourché durant le tournage. Ce n'est pas sur mon blog mais sur le compte de l'âne vert sur facebook que j'avais annoncé hier (disons plutôt espéré), la présence de Danielle Mitterrand à la manifestation d'aujourd'hui devant l'Assemblée Nationale. A la vérité je ne savais rien d'autre que son engagement pour le partage solidaire d'une eau de qualité partout sur la planète et particulièrement partout où la marchandisation de l'eau et la folie des grands groupes miniers, chimiques, industriels, prive les plus pauvres de cette ressource de vie

Les commentaires et la suite filmée viendront dans les jours qui viennent....

mercredi 13 avril 2011

Cigognes et pipistrelles, font-elles le printemps ? Trois cigognes filmées autour d'un pigeonnier, à l'heure bleue, un soir d'avril



Ballade du soir à l’abbaye cistercienne de Bohéries à l’heure bleue. Trois cigognes volent autour du pigeonnier. L’une se pose au sommet de la lucarne. Les deux autres ne trouvent pas de perchoir et disparaissent derrière le pigeonnier. Les pipistrelles, qui sont les petites chauves-souris des zones humides, font un vol de reconnaissance. L’effraie des clochers, dont le pigeonnier est le nichoir, tente un vol d’intimidation.
Puis la cigogne s’envole et rejoint ses compagnes. Je n’ai pas vu de cigogne depuis que j’allais, gamin, en colo dans les Vosges et en Alsace, mais je l’ai tout de suite reconnue.
Film tourné le 11 avril 2011 (je donne cette précision pour les ornithologues statisticiens)

Les oiseaux migrateurs sont priés de ne pas oublier les deux évènements suivants :

Le PRINCE TRAVESTI de Marivaux le vendredi 15 avril (voir le billet précédent)

et, pour les oiseaux musiciens et néanmoins migrateurs :

Scène Ouverte à Etréaupont le samedi 16 avril :




mercredi 6 avril 2011

La version pour sourds et mal entendants du discours de Nicolas Sarkozy à Nesle le 5 avril 2011. Ou il est question du canal Seine-Nord et du canal de la Sambre à l'Oise


Comme beaucoup d’entre vous, j’imagine, j’incline à la voie d’eau. On la dit avec raison plus écologique et respectueuse de l’environnement que les norias de camions sur l’autoroute du nord et je sais qu’une grande barge, comme il en circule sur la Seine ou les canaux à grand gabarit de la Belgique et des Pays-Bas, peut remplacer des centaines de camions. J’ai donc plutôt une sympathie spontanée pour le projet Seine-Nord qui vise à relier les réseaux à grand gabarit du bassin parisien et du sud de la Picardie(Oise aval, Seine) et ceux de l’Europe du Nord. Dans le même temps je me souviens que l’eau est rare dans la zone de partage des eaux, en Santerre et Vermandois, entre le bassin versant de la Somme et celui de l’Escaut. C’est une difficulté que les ingénieurs, au cours des siècles précédents, ont eu bien du mal à surmonter. Pour le canal de Saint-Quentin d’abord où ils ont du aller chercher l’eau du Noirrieu et de l’Oise à Vadencourt (Aisne), par une rigole souterraine de plusieurs dizaines de kilomètres. Ensuite pour le canal du Nord pour lequel il a fallu détourner une partie de l’eau de la Somme. Je me souviens aussi qu’un canal à grand gabarit, projeté au XIXème siècle entre Bordeaux et Sète (sur le modèle de Suez ou Panama), fut abandonné parce que les ingénieurs finirent par calculer que cette voie d’eau épuiserait la ressource en eau des bassins versants affluents. 

Donc j’aurais aimé que le projet Seine-Nord soit abondé par des études sérieuses et un débat contradictoire et citoyen sur ces questions de la ressource en eau qui impactera surtout la région Picardie alors même que c’est sur ce territoire que les retombées économiques prévisibles seront les plus faibles. Force est de constater que peu d’informations sont disponibles sur ce sujet et qu’un débat serein sur la question ne semble pas vraiment souhaité par les acteurs de ce dossier.

Ensuite il m’a toujours semblé que le financement d’un tel projet devait être proportionné à l’impact économique attendu. La voie d’eau est un mode de transport qui supporte mal les ruptures et transferts de charge, il est donc fort probable que les retombées économiques seront surtout à Dunkerque, Anvers et Rotterdam au Nord (de façon plus douteuse en Rhénanie) et au Sud à Gennevilliers (port de Paris), Conflans-Sainte-Honorine, Rouen et Le Havre. Les retombées en terme d’emploi qu’on nous fait miroiter en Picardie risquent fort de se révéler aussi illusoires que celles du feu de paille que fut le projet de « Port sec » à Couvron près de Laon (port « très sec » puisque n’existait à proximité ni voie d’eau ni voie ferrée électrifiée). La Picardie peut sans doute espérer la création d’une ou deux plateformes intermodales à proximité de ce canal, le transfert sur voie d’eau d’une partie de ses exportations de blé et des produits de ses industries agro-alimentaires vers les grands ports du sud ou du nord ; sans doute aussi le transfert d’une partie des produits de carrières et de sablières (et sans doute leur multiplication) au sud de l’Oise. Quelques dizaines de milliers de containers à destination de la région ou de la Champagne transiteront-ils par ces plateformes ? Ce n’est pas impossible, mais sans doute au prix d’une saturation en gros cubes logistiques (déjà bien avancée) de la basse vallée de l’Oise.

Ce contexte inclinait à espérer que la région Picarde, plutôt que de participer au financement d’une telle infrastructure, serait fondée à réclamer des études d’impact environnementales sérieuses et, si la chose s’avérait faisable, …des compensations économiques importantes. Par exemple une remise à niveau, par l’Etat, des infrastructures en déshérence de l’est de la région (canal de la Sambre à l’Oise fermé depuis plus de cinq ans par défaut d’entretien des ouvrages d’art par VNF, Nationale 2 (l’ancienne Paris-Bruxelles) qui dans certains de ses tronçons n’est même plus au niveau d’une médiocre départementale, ligne ferroviaire Paris-Maubeuge par Saint-Quentin désormais fermée au trafic voyageur au delà de Maubeuge vers la Wallonie, et où les dessertes restantes sont de plus en plus précaires et menacées (la desserte, par exemple du musée Matisse au Cateau).

Le discours du Président de la République hier à Nesle, et les documents produits à cette occasion, mettent en évidence qu’on est à des années lumières de cette perspective ! Loin d’obtenir des compensations la région picarde s’engage sur ce projet à hauteur de 80 millions d’Euros (j’ignore à quoi se sont engagés les départements de la Somme et de l’Oise) pour le bénéfice bien étroit d’un strapontin à une association public-privé (on ne sait pas encore qui sera choisi des groupes Bouygues ou Vinci) où, comme il est d’usage, on peut pronostiquer une privatisation des bénéfices et une régionalisation-étatisation des pertes. D’autant que ces deux opérateurs étant actifs dans le BTP ils vont être « juges et parties » pour l’exécution des travaux et ce serait miracle qu’une telle conjoncture produise une modération des coûts.

Je note enfin que Monsieur Borloo et Madame Kosciusko-Morizet ont totalement négligé de nous donner, hier, des nouvelles du calendrier de travaux résultant des préconisations du rapport Verdeau commandité il y a deux ans par leur ministère et resté sans suite apparente malgré ses conclusions favorables à la réouverture du canal de la Sambre à l’Oise. Le Président Gewerc qui m’avait dit il y 18 mois, alors que je faisais signer avec un certain succès des pétitions pour le canal de l’Oise et de la Sambre, dans un de ses meetings à Saint-Quentin : « j’ai dit dans le bureau du Ministre que  nous ne débloquerions pas d’argent pour Seine-Nord si l’Etat ne faisait pas son devoir pour le canal de la Sambre à l’Oise », semblait avoir oublié cette promesse. A-t-il obtenu des garanties sur ce point avant de faire voter les crédits pour Seine-Nord ? Si c’est non je dois bien convenir qu’il a menti , et si c’est oui, pourquoi n’en parle-t-il pas publiquement ?

Pour conclure je remarque que le Président de la République n’a pas craint hier d’abuser devant son auditoire d’une rhétorique usée jusqu’à la corde: « vous êtes, a-t-il dit en substance, au cœur de l’Europe, au carrefour prometteur d’un formidable rail entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud ». Lecteur attentif, depuis des années, des travaux des géographes-aménageurs j’ai remarqué que c’est un argument qui a été tellement survendu à des milliers de maires et de Présidents de collectivités par les plus rentables des bureaux d’étude (ça ne coûtait pas cher  à produire) qu’il est aujourd’hui assez largement démonétisé et que les élus prêts à payer au prix forts de tels argumentaires se font bien rares. Exception faite des nostalgiques des discours du maire de Champignac et d’Achile Talon. Dans le registre de la BD c’est une rhétorique que, personnellement, je ne boude pas. Mais les politiques avisés savent, comme le disait Bonaparte, qu’on peut tout faire avec une métaphore, sauf s’asseoir dessus ! (Que ne s’en est-il souvenu plus tard !)

Vous pouvez aussi, pour plus d'information, lire ou relire mes textes précédents sur le canal de la Sambre à l'Oise (en cliquant sur "canal" dans le pavé de mots clés à droite en haut de cette page). L'association Canal Set, dont j'ai donné les coordonnées dans un de ces billets, milite activement en Thiérache et dans le bassin de la Sambre, sur ces questions.

jeudi 24 mars 2011

Une bataille duraille en gare de Saint-Quentin : quelques nouvelles du front archéologique et des problèmes du temps présent sur la ligne Sncf Paris-Maubeuge. Un reportage signé Fantasio et Gaston Lagaffe !

Il n’a sans doute pas échappé aux usagers de la gare de Saint-Quentin qu’un vaste chantier archéologique est en cours dans le périmètre des abords (jardins et parkings) de cette gare. Ce chantier est lui-même un préalable au réaménagement des espaces de stationnement dont la configuration actuelle, même si elle n’est pas luxueuse, rend de grands et peu onéreux services aux centaines de citoyens clients du ferroviaire qui, bon an, mal an, y trouvent un stationnement bien commode, particulièrement les années où Madame Chirac se dispense d’y localiser son dispositif de collecte des pièces jaunes. Je parle ici des citoyens qui n’ont pas d’autre choix que d’y venir en voiture car c’est par milliers qu’il faut compter ses usagers quotidiens si l’on inclut ceux qui, proximité aidant, y viennent à pied, ou ont la possibilité de s’y faire déposer par des services privés ou publics, notamment par le réseau de bus de l’agglomération (ne parlons pas des bus départementaux de la RTA dont l’interconnexion avec le ferroviaire est nulle).

Renseignement pris auprès des autorités municipales il ne semble pas qu’une concertation soit prévue avec les usagers forts nombreux de cette gare. Un démenti serait bien entendu le bienvenu mais dans l’attente il ne me semble pas inutile d’éclairer certains aspects de ce dossier.

Et tout d’abord éclairer les autorités sur les inquiétudes que ne manquent pas de susciter l’ouverture de ce chantier. La principale, à écouter mes voisins de voyage, tient bien entendu à l’état de déshérence croissant de la desserte Paris-Maubeuge où la qualité comme la régularité de la desserte est de plus en plus problématique (je reviendrai prochainement sur ce problème dans un autre billet). Le mot « archéologie » accolé à la gare de Saint-Quentin suscite en effet la question de savoir si ce n’est pas l’ensemble de l’espace ferroviaire de cette ligne qui serait désormais voué, par les autorités, à une entrée définitive dans une sorte de seconde vie purement muséographique.

Il est certain que des trains immobilisés, livrés à l’admiration d’un public curieux de touristes et de promeneurs, coûteraient moins cher en frais de maintenance et de personnel que des trains qui roulent mais qu’en penseront les quelques 1300 habitants de l’agglomération de Saint-Quentin qui chaque jour vont travailler en Ile-de-France (tous il est vrai n’y vont pas en train mais ils sont plusieurs centaines à le faire) ? Qu’en penseraient les si nombreux (et en nombre croissant) voyageurs qui empruntent les nouveaux TER si confortables vers Amiens, Reims, Lille, Cambrai.. ?

Ces inquiétudes tiennent pour partie aux précédents que nous avons en mémoire : la ligne Saint-Quentin-Guise abandonnée dans un passé pas si ancien, la ligne Guise-Busigny dont l’infrastructure préservée (bien que non exploitée mais en attente de réaffectations possibles dans l’espace public) a récemment été cédée à des intérêts mercantiles sans débat public, la gare de Jeumont devenue fantôme de ce qu’elle avait été quand Maubeuge est devenu le terme d’un véritable cul-de-sac ferroviaire (envolés les Paris-Bruxelles, Paris-Liège, Paris-Amsterdam, Paris-Berlin, Paris-Copenhague, Paris-Moscou qui circulaient encore à Saint-Quentin quand je suis arrivé en Thiérache il y a dix sept ans). Désormais pour un trajet Saint-Quentin Charleroi ou Mons, la Sncf vous conseille d’aller prendre le Thalys à Paris ou à Lille ! Il est bien paradoxal qu’au moment où l’Europe « s’ouvre » on ferme nos routes ferroviaires pour assurer un rabattement et une rentabilisation quelque peu « forcée » sur le Thalys ! Cela ne fait pas que des heureux, à ce que je sais, à Charleroi, à Namur, à Liège où la qualité de l’offre ferroviaire vers Paris s’est dégradée). 

La faiblesse de la concertation sur cette ligne explique aussi ces inquiétudes. Le « comité de ligne Paris-Saint-Quentin » qui est censé être le lieu de cette concertation ne s’est pas réuni depuis deux ans (si j’en crois les comptes-rendus publiés sur le site du Conseil Régional).  Ensuite l’objet même de ce « comité de ligne » où Maubeuge, Le Cateau et Cambrai sont oubliés fait craindre que le cul-de-sac, à terme rapproché, se referme sur Saint-Quentin et nous coupe définitivement de nos voisins du Nord, comme il a été fait précédemment pour les wallons. Les arrêts du week-en au Cateau, par exemple, si essentiels au public du Musée Matisse comme aux habitants de cette ville, sont menacés à l'horizon de fin 2011. Ces faiblesses de la concertation tiennent aussi, il faut l’avouer, à la faiblesse de la mobilisation des usagers où se comptent plus de râleurs que de personnes prêtes à s’engager dans des associations d’usagers. Notons toutefois que ces associations ne mettent pas un grand zèle à se faire connaître des clients de cette ligne dans le même temps que l’inter-régional, comme le transfrontalier (avec lequel nous avons une proximité culturelle si forte), restent pour l’essentiel, en matière de coopération sur les transports publics, hors de la vue et de la voix des simples citoyens.

Mais revenons à l’archéologie dans les entours de la gare de Saint-Quentin car elle mérite aussi un regard positif, au delà des inquiétudes bien légitimes (comment sera gérée la transition pour le stationnement, quelles sont les finalités des travaux prévus ?), tant est riche l’histoire du site. C’est pourquoi je livre à mes lecteurs un petit dossier iconographique qui illustre ce que je sais de ce passé.

Et tout d’abord bien sûr, ce dessin, si magnifiquement illustratif des qualités architecturales de cette gare, unique témoin du reportage que firent Fantasio et Gaston (et l’ami Franquin) à l’occasion d’un voyage ministériel des années 60, lequel serait aujourd’hui oublié de tous sans le zèle de ces journalistes facétieux… Les archéologues remarqueront je l’espère que Gaston, à cette occasion, égara divers objets sur le parking de la gare. Tous les amis de Franquin, dont je suis, dresseront des palmes de reconnaissance à leurs travaux s’ils parvenaient à en retrouver quelques uns au cours des fouilles à venir. Leurs recherches permettront peut-être aussi de déterminer pour quelles raisons le si magnifique buffet art-déco de cette gare reste sans affectation depuis plus de 10 ans ?

Autre objet qui méritera je l’espère l’attention des archéologues : la trace toujours visible dans le pavage de la cour de la gare, de l’ancienne ligne de tram qui la desservait jusqu’à une époque indéterminée. Est-il permis d’espérer que la valorisation de ces vestiges archéologiques fera grandir en Vermandois le désir d’une résurrection, autre que muséographique, du tram à Saint-Quentin ?

Les archéologues ne manqueront pas aussi de traquer les vestiges d’une occupation moins éphémère du site de la gare (et de ses parcs à voitures) par l’ancienne Abbaye bénédictine  de Saint-Quentin-en-Isle. Disparue au milieu du 19 ème siècle pour des raisons sans doute autres que ferroviaires, cette abbaye a occupé le site, en créant l’étang en amont à des fins de pisciculture, de façon continue depuis l’an 963. Je vous en livre une vue dressée sans doute à l’époque du Consulat ou de l’Empire. On y voit l’abbaye alors transformée (depuis la période révolutionnaire) en « blanchisserie », terme à ne pas entendre au sens moderne mais comme entreprise de blanchiment (et sans doute de cardage) des draperies les plus fines produites par la ville, notamment les linons.

On peut encore apercevoir cette abbaye sur cet extrait d’une vue du siège de Saint-Quentin en 1557 (source : Cosmographie de Sebastian Munster , fin 16°). Sur cette vue le nord est grosso modo vers la droite. On aperçoit l’abbaye à proximité d’un pont sur la Somme, légèrement à gauche des remparts de la ville sur la gravure. Une partie de l’artillerie de l’armée de Charles-Quint campe sur son territoire. Les historiens disent que l’âpreté de la défense de la ville par ses habitants et les troupes qui parvinrent à renforcer sa défense, contribua à décourager les espagnols de s’avancer plus avant vers Paris.

Espérons qu’il ne faudra pas user d’arguments aussi extrêmes pour obtenir que le réaménagement en cours de cet espace ne se fasse sans concertation avec des usagers qui me semblent en droit d’attendre qu’ils ne compliquent pas trop une vie quotidienne déjà largement dévorée par le temps de transport et ses aléas.

Les abords de la gare routière, notamment les quais dévolus aux bus de la RTA, devraient aussi susciter l’intérêt des archéologues, notamment en raison d’une signalétique et d’aménagements franchement d’un autre âge. Il n’est pas rare non plus d’y rencontrer, (comme d’ailleurs un peu partout dans les abri bus de la RTA) des horaires affichés datant parfois de temps immémoriaux. L’interconnexion avec les horaires des trains Sncf, n’y est plus qu’un lointain souvenir.  Sur la ligne vers Guise par la vallée de l’Oise (desserte qui un temps fut promise en remplacement de la desserte ferroviaire) certains habitants et usagers se souviennent qu’une telle interconnexion fut autrefois d’usage. Nostalgie de chaumières dans un temps où le pétrole et l’essence se raréfient et se renchérissent sans doute durablement ?

 Enfin un petit post-scriptum à l'usage des archéologues qui feront les fouilles : j'espère que pour votre confort votre chantier sera équipé de cabanes de chantier bien équipées car les toilettes de la gare sont fermées un jour sur deux (c'est une moyenne plutôt optimiste). Enfin si vous devez aller à Paris, songez aussi à "prendre vos précautions" car dans les trains corail de la ligne, le remplisssage des chasses d'eau des toilettes a souvent été oublié.

lundi 7 mars 2011

Discours de José Bové à Doue, Seine-et-Marne, le 5 mars 2011, à la manifestation contre l'exploration des gaz et pétroles de schiste par fracturation hydraulique. Collectif Carmen

Manifestation joyeuse et combattive à Doue le samedi 5 mars, au lieu même où la société Toreador veut procéder en avril à un premier forage d'exploration par fracturation hydraulique. Le collectif Carmen, né à Château-Thierry le 8 février, au cœur d'un vaste périmètre d'exploration accordé par JL Borloo sur les territoires de l'Aisne et de la Seine-et-Marne (avec des ambitions affichées d'extension à la Marne, à  l'Oise et à une bonne partie du bassin parisien (bassin versant de la Seine et de l'Oise), était présent. Malgré les barrages dissuasifs établis par la gendarmerie tout autour de Doue, nous étions très nombreux, sans doute plus de 2000 personnes, Eva Joly en était ainsi que beaucoup d'élus de Seine-et-Marne et du Sud de l'Aisne. Des membres du collectif sud (Drôme, Ardèche, Aveyron, Lot..) étaient présents en nombre. J'ai filmé pour vous le discours de José Bové, je mettrai bientôt en ligne un reportage plus complet, ce n'est qu'un début... José Bové parle :

lundi 14 février 2011

Collectif Carmen contre Toreador, gaz et pétrole de schiste : un collectif citoyen est né le 8 Février à Château Thierry



Vous pouvez librement intégrer ce ciné-tract et les autres films que j'ai mis sur YouTube en y ajoutant des liens de documentation ou d'info sur les prochains rendez-vous.

Tous les films sur la réunion de Château-Thierry sont disponibles sur ce blog ou sur YouTube :
1- Introduction par Dominique Jourdain (le film est intégré au reportage précédent, ou cliquez ici)

2 - Exposé d'Eric Delhaye : cliquez ici

3 - Exposé de François Veillerette : cliquez ici

4 - Le débat : cliquez ici

N'oubliez pas le prochain rendez-vous à Doue (Seine-et-Marne) début mars 

et pour vous tenir au courant de l'actualité: 
http://www.deleaudanslegaz.com

vendredi 11 février 2011

Bientôt le gaz de schistes dans l'eau de vos robinets ? Une coordination de résistance est née cette semaine à Château-Thierry

Tous ceux qui ont vu dans « Gasland », le film, l’image de l’eau du robinet qui s’enflamme dans une maison d’une région des Etats-Unis où les forages de gaz de schistes sont en production à une échelle industrielle ne seront sans doute pas rassurés par l’arrivée en France, et de façon imminente dans le sud de l’Aisne et dans l’Oise, de cette nouvelle technologie d’extraction du gaz et du pétrole, et par l’opacité dont les plus hautes autorités de l’Etat ont entouré ce dossier. 
 Quand l'eau du robinet s'enflamme (Gasland)

Donc la France a découvert  cet hiver que le Ministère de l’Environnement avait signé des autorisations de recherche (qui valent autorisation d’exploitation si bonne fortune) dans plusieurs régions françaises : la bordure sud-est du Massif-Central (du Lot au Larzac), la vallée du Rhône, une bonne partie du nord-est du bassin parisien (soit le bassin versant de la Seine), et que des monceaux de périmètres de recherche (sur des dizaines de milliers de km2) étaient à l’instruction.

La technique de ces surprises citoyennes est bien rodée : affichage minimum des autorisations préfectorales sur les panneaux des mairie, le mois d’août étant recommandé pour les sujets qui peuvent brouiller les autorités avec les lobbyistes des sociétés qui partent à l’assaut de nouveaux eldorados. C’est ce qui a été fait cet été, nous a dit le maire de la commune de Doue (Seine et Marne, à quelques encablures de l’Aisne), où les premiers forages semblent imminents. Quelques élus et journalistes, José Bové et ses amis du Larzac, ont commencé à sonner l’alarme à la fin de l’automne.

Mes longues oreilles ont perçu d’abord faiblement ces petites musiques discordantes et l’annonce d’une réunion sur le sujet à Château-Thierry le 8 février n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. N’étant ni géologue, ni scientifique j’étais néanmoins curieux d’en savoir plus, je suis allé à cette réunion et, pour votre édification, je l’ai filmée.

Et je n’ai pas été déçu par la qualité de l’information qui a été délivrée à cette occasion. Merci donc à Dominique Jourdain, Eric Delhaye et François Veillerette d’avoir, avec leurs amis, pris cette initiative. L’affluence était d’ailleurs à la hauteur de leur ambition, à tel point qu’une partie des invités n’a pu suivre et participer au débat que dans le froid, derrière les fenêtres (ouvertes car on suffoquait dans la salle) de la salle de réunion.

Je fais juste un petit résumé, après la fenêtre du film, de ce dont il s’agit pour ceux qui n’auront pas le temps ou les moyens (bas débit aidant) de regarder les films (j’en mets un en ligne aujourd’hui, les 3 autres suivront dans les jours qui viennent à un rytme que j'espère quotidien) qui détaillent les enjeux mieux que je ne saurais le faire. Je n'annoncerai pas forcément les 3 films suivants (exposés d'Eric Delhaye et François Veillerette, extrait des débats qui ont suivi) sur le blog. Vous pourrez aller les regarder directement sur YouTube en cliquant sur le lien suivant (la chaîne de l'âne vert) :
Ajouté samedi 12 février : le deuxième (Eric Delhaye) et le troisième film (François Villerette) sont visibles sur la chaîne de l'âne vert :
Ajouté dimanche 13 février : des extraits du débat et la naissance des collectifs "Carmen" (Toréador - c'est le nom de la société pétrolière - prend garde à toi ! )   sont visibles sur la chaîne vidéo de l'âne vert



D’abord la technologie de ces forages : il s’agit d’aller chercher dans des couches très profondes, à plusieurs kilomètres de profondeur, des gaz, huiles et pétroles enfermés dans des roches faiblement poreuses (schistes et argiles disent les géologues). On creuse des puits verticaux, puis des puits horizontaux de quelques centaines de mètre. Pour libérer le gaz ou les huiles il faut fissurer ces roches, le résultat est obtenu par une technique qui consiste à injecter des quantités énormes d’eau à haute pression et d’additifs chimiques. Contrairement aux forages pétroliers ou gaziers « classiques » (qui ne sont pas non plus sans danger quand les Thénardiers sont aux commandes de la technique) où les puits sont distants de plusieurs kilomètres, les forages avec cette technique sont un maillage très serré de puits presque mitoyens car les puits horizontaux ne peuvent drainer que quelques centaines de mètres de longueur et une faible largeur. Cette densité est le premier problème mis en évidence par les études américaines : un saccage des paysages très impressionnant, un champ de bataille qui ressemble aux lignes de front de 14-18 avec son cortège de logistique routière (des norias de poids lourds) et de bassins de décantation pour les eaux usées au devenir imprévisible.

Cette technique a été validée aux Etats-Unis, à peu près sans étude sérieuse d’impact sur l’environnement, à l’époque où le tandem Bush-Cheney, très lié au  lobby et aux intérêts pétroliers étaient aux commandes à  la Maison Blanche. On se souvient du genre d’expertise que cette équipe nous a servi pour justifier la deuxième guerre d’Irak et cela ne rassure pas. Cette technique a été déployée de façon très rapide aux Etats-Unis. L’expertise par les chercheurs, universitaires et écologistes américains (et canadiens) sur le bilan environnemental est donc récente, elle est d’ailleurs à peu près la seule disponible, et le tableau qu’elle dresse ne manque pas d’inquiéter et mériterait que les scientifiques comme les citoyens ne soient pas tenus à l’écart de ces enjeux. D’autant que le démarrage de cette technique en France semble s’opérer dans une ambiance d’affairisme et de concubinage avec le pouvoir en place qui ressemble furieusement à son acte de naissance outre-atlantique (un frère de Balkany est par exemple un des actionnaires important de la société qui a emporté le permis de forage dit de « Château-Thierry. Cette société s’appelle « Toréador », comme pour nous prévenir du destin qu’elle promet à ceux qui seront dans l’arène, elle a d’ailleurs un site qui documente ses techniques et ses ambitions).

 Car il y a à voir contrairement au « circulez y a rien à voir » que distillent les lobbyistes du secteur. En dehors des aspects paysagers déjà évoqués, il apparaît que l’étanchéité de ces forages par rapport aux nappes phréatiques est douteuse, il n’est pas rare que la fracturation provoque des remontées de gaz ou d’eau sous-pression (avec leurs additifs chimiques) dans les couches supérieures (le robinet où l’eau peut s’enflammer est parlant). La moitié des additifs employés n’est pas connu car il relèverait pour une partie des acteurs du secret industriel. Ceux qui sont connus sont pour une large part dangereux pour la santé humaine comme pour l’environnement. L’épuration des quantités considérables d’eau usées n’est pas maîtrisée. C’est donc la ressource en eau qui est menacée par cette technologie et le débat est désormais sur la place publique aux Etats-Unis et au Canada. De grandes agglomérations comme New-York sont actuellement en train de prendre des mesures d’interdiction sur des périmètres étendus pour protéger les nappes qui assurent l’alimentation en eau de leurs citoyens. L'impact négatif sur le climat est aussi à prendre en compte : cette technologie va prolonger la durée de vie des énergies fossiles non renouvelables et retarder la recherche développement sur les énergies non carbonées. Des inquiétudes se font jour aussi sur le réveil possible de bactéries très anciennes enfermées dans ces couches géologiques très profondes.

Voilà à grand traits ce que j’ai retenu des exposés que j’ai entendus mardi à Château-Thierry. Une coordination de lutte pour exiger un débat citoyen s’est esquissée ce jour là. Coordination départementale, régionale, inter-régionale, sans exclusive politique, philosophique, géographique, administrative, c’est un combat sans frontières et le pluralisme des participants à la réunion semblait indiquer que le pari d’un réveil citoyen sur ce dossier est à portée. Le Conseil Régional de Picardie a récemment voté (à l’unanimité ce me semble mais je n’en suis pas sûr) le principe d’une demande de moratoire. Le ministère a suspendu provisoirement les dossiers d’autorisation en cours d’instruction sans annuler les permis déjà accordés. Il n’y aura pas de vrai débat sans une forte mobilisation citoyenne car en dernière instance l’Etat est seul maître d’œuvre, comme propriétaire du sous-sol, sur ces dossiers.  

Si vous voulez en savoir plus vous trouverez des informations plus détaillées sur les sites de Cap21 ou d’Europe Ecologie mais on peut espérer qu’ils seront largement relayés par d’autres sources dans un avenir proche. Un des prochains rendez-vous pourrait être, début mars, à Doue, en Seine-et-Marne, où le démarrage des premiers forages semble imminent. Le site internet de la commune relayera sans doute l’information (son maire était présent mardi) comme les sites déjà cités. Je m’en ferai également l’écho si nécessaire.