jeudi 16 juin 2011

Trois évènements à ne pas manquer : Jacques Bonnaffé au théâtre du Familistère, Jacques Mahieux Quartet au Favril, et Journée des Moulins à Bohéries

 Pour tous ceux qui ont chanté "frère Jacques" dans leur enfance, cette fin de semaine est carillonnée en Thièrache. Tous les Jacques sont de sortie ! Cela commence vendredi (17 juin) au Théâtre du Familistère où Jacques Bonnaffé prononcera discours, allocutions impromptues, tests acoustiques, hymnes variés en hommage populaire à Jean-Baptiste André Godin. Le lendemain 18 juin à 20h ça jazzera avec Jacques Mahieux et son quartet à la salle des fête du Favril. Le concert est intitulé "Peau d'âmes"...merci pour les ânes ! Enfin le dimanche 19 juin les Moulins feront les Jacques à Bohéries.

Voyez les programmes ci-joints. Précision pour Jacques Bonnaffé : il participera aussi dans l'après midi à l'inauguration du Théâtre du Familistère rénové mais il y a fort risque de saturation à cette heure là. En soirée, le spectacle est gratuit mais le nombre de places est limité, assurez-vous qu'il reste des places disponibles et réservez en appelant le 03 23 61 35 36


Photo Michel Mahieux, colorisation de l'âne vert



lundi 30 mai 2011

Une lettre du peintre Henri Matisse sur la situation ferroviaire au Cateau-Cambrésis qui abrite le Musée Matisse et où la SNCF veut supprimer l'arrêt des trains intercités

Le 25 mai 2011 nous étions nombreux, élus, amis de Matisse, simples citoyens venus du Cambrésis et du Nord de l'Aisne pour entendre Matisse évoquer ses souvenirs ferroviaires dans la ville où il est né et pour faire entendre à la direction de la SNCF que son projet de supprimer l'arrêt au Cateau des trains intercités : "pire qu'une erreur, c'est une faute" comme l'a écrit Matisse dans une lettre posthume et dont vous entendrez la lecture sur ce film.

Ce projet de la SNCF qui procède d'une politique générale de déménagement du territoire (qui se souvient que nous avons eu des Ministres de l'Aménagement du Territoire ?) est caractéristique de la déshérence où est tenu le monde rural et les petites villes et plus particulièrement la desserte ferroviaire sur la ligne Paris-Maubeuge qui fut, il n'y a pas si longtemps, un des grands axes ferroviaires européens (Paris-Berlin-Moscou, Paris-Copenhague, Paris-Bruxelles-Amsterdam). Progressivement, pour "rabattre" sur les trains Thalys, l'offre a été réduite à des Paris-Liège, puis à des Paris-Namur. Aujourd'hui Maubeuge est un "cul de sac" ferroviaire, plus un train de voyageur intercités ne passe une frontière dont on nous avait annoncé la disparition. Bientôt, cela semble même programmé par la SNCF, ce ne sera plus Maubeuge mais Saint-Quentin qui sera tête de ligne pour des dessertes intercités cadencées.
La défense de cet arrêt au Cateau devrait mobiliser au delà du Cambrésis car une ligne de cœur, dont on peut espérer qu'elle devienne un jour prochain une véritable route touristique, unit Le Cateau au nord-est de la Picardie. Matisse en effet est né au Cateau mais il a aussi passé sa jeunesse à Bohain (qui abrite la "Maison Matisse", étudié à Saint-Quentin, habité un temps à Lesquielles-Saint-Germain où il a peint de nombreux tableaux ainsi qu'à Vadencourt&Bohéries. Nous étions trop peu nombreux, les picards, le 25 mai, pour manifester cette solidarité et ce lien de cœur qui nous lie à l'œuvre et à la vie de Matisse. J'espère que si d'autres rendez-vous sont nécessaires dans cette lutte nous ne nous contenterons pas d'une présence symbolique.
J'ai déjà tenté d'alerter sur ces questions dans un précédent billet et j'ai été impressionné par la qualité et la pugnacité de la mobilisation autour du Cateau. Au cours de cette manifestation j'ai pensé bien entendu au problème, si proche quant au contexte général de "déménagement du territoire", de la fermeture du canal de la Sambre à l'Oise depuis plus de cinq ans à hauteur de la Thiérache (ponts canaux non réparés), ce qui a manqué sur ce dossier c'est certainement ce qui a été réussi au Cateau et non advenu en Thiérache, soit la mobilisation de l'ensemble des élus régionaux en soutien aux communes et aux populations riveraines. C'est ce qu'il faudrait sans doute tenter à nouveau de réussir en s'inspirant de l'exemple du Cateau tant il apparaît évident que les espoirs soulevés par le rapport Verdeau apparaissent aujourd'hui obsolètes. Deux années ont passé sans qu'aucune solution soit en vue.
En écoutant la lettre posthume de Matisse au Cateau, j'ai aussi repensé à la lettre que Robert-Louis Stevenson nous a envoyée il y a deux ans où il rappelait son voyage de 1876 sur les canaux et rivières du Nord de la France et son soutien à ceux qui réclamaient la réouverture de ce canal. Ceux qui l'ont pas lue ou l'ont oubliée peuvent la trouver dans les archives de ce blog en cliquant ici.

mardi 10 mai 2011

Danielle Mitterrand le 10 mai 2011 à la manifestation devant l'Assemblée Nationale contre l'exploitation des gaz de schistes


Ma langue a fourché durant le tournage. Ce n'est pas sur mon blog mais sur le compte de l'âne vert sur facebook que j'avais annoncé hier (disons plutôt espéré), la présence de Danielle Mitterrand à la manifestation d'aujourd'hui devant l'Assemblée Nationale. A la vérité je ne savais rien d'autre que son engagement pour le partage solidaire d'une eau de qualité partout sur la planète et particulièrement partout où la marchandisation de l'eau et la folie des grands groupes miniers, chimiques, industriels, prive les plus pauvres de cette ressource de vie

Les commentaires et la suite filmée viendront dans les jours qui viennent....

mardi 3 mai 2011

Fête du 1er mai 2011 au Familistère Godin de Guise : deux moments d'éloquence sur l'obscénité du temps présent... et un moment de grâce

La Boétie et Michel Onfray étaient au programme de l'éloquence de Jean-Pierre Balligand pour un appel à l'insoumission qui résonnait comme un défi à l'obscénité de l'époque. Les comédiens de la Compagnie "Ici même" ont du se réjouir que cet appel vibrant n'ait pas été prononcé devant le public nombreux des festivités de l'après-midi mais devant le public plus restreint de l'inauguration, à une heure où les notables, qui savent "ce que parler veut dire" , sont plus nombreux dans l'assistance que les simples citoyens. En effet leur théâtre de l'invisible qui colle avec tant de pertinence aux oppressions du moment aurait pu les exposer à des malentendus cognitifs. Personnellement, par exemple, j'ai été un moment tenté, hypnotisé que j'étais par le réalisme de leurs arguments,  de taguer la maison modèle dont ils vantaient les mérites et été aussi quelque peu surpris et indigné de la curiosité presque polie avec laquelle le public semblait accueillir leur éloge d'un monde "enfin sans domicile fixe" et voué à un habitat aussi "innovant" qu'étriqué (5 m2 au sol pour un "quatre pièces" pour célibataire nomade !)

Devant les hautes façades du pavillon central du Familistère, une danseuse de la Compagnie Retouramont (direction Fabrice Guillot),dont j'aurais aimé vous dire le nom (introuvable sur les sites du Familistère et de la Cie) tisse les fils de nos rêves d'utopie avec une grâce et une légéreté qui défie les lois de nos pesanteurs :


Si j'en trouve le temps je mettrai un petit film plus développé sur le travail remarquable de la Compagnie "Ici même" lors de ce premier mai 2011.
Pour en savoir plus sur ces deux Compagnies :
http://www.icimeme.info/

http://www.retouramont.com/

mercredi 13 avril 2011

Cigognes et pipistrelles, font-elles le printemps ? Trois cigognes filmées autour d'un pigeonnier, à l'heure bleue, un soir d'avril



Ballade du soir à l’abbaye cistercienne de Bohéries à l’heure bleue. Trois cigognes volent autour du pigeonnier. L’une se pose au sommet de la lucarne. Les deux autres ne trouvent pas de perchoir et disparaissent derrière le pigeonnier. Les pipistrelles, qui sont les petites chauves-souris des zones humides, font un vol de reconnaissance. L’effraie des clochers, dont le pigeonnier est le nichoir, tente un vol d’intimidation.
Puis la cigogne s’envole et rejoint ses compagnes. Je n’ai pas vu de cigogne depuis que j’allais, gamin, en colo dans les Vosges et en Alsace, mais je l’ai tout de suite reconnue.
Film tourné le 11 avril 2011 (je donne cette précision pour les ornithologues statisticiens)

Les oiseaux migrateurs sont priés de ne pas oublier les deux évènements suivants :

Le PRINCE TRAVESTI de Marivaux le vendredi 15 avril (voir le billet précédent)

et, pour les oiseaux musiciens et néanmoins migrateurs :

Scène Ouverte à Etréaupont le samedi 16 avril :




dimanche 10 avril 2011

Un rendez vous à ne pas manquer : Marivaux à Fresnoy-le-Grand le vendredi 15 avril à 20h30 . Deux invitations gratuites offertes aux lecteurs de l'âne vert !


Le prince travesti
Comédie en 3 actes de Marivaux
Par la Compagnie La Bigarrure
A Fresnoy-le-Grand (au CASOC)
Le vendredi 15 avril à 20h30

« Une pièce où intrigues politiques et désirs amoureux se côtoient, rires et larmes alternent, raison d’Etat et arlequinades s’entremêlent. La plus romanesque et peut-être la plus contemporaine des pièces de Marivaux »

Enfin une nouvelle qui dément la plaisanterie favorite du tenancier du café-épicerie de mon village : "la culture ici c'est la bête rave". Humour de convenance et, un  peu, de désespoir, car je sais qu'il aspire à des nourritures terrestres et à des rêves moins frustes. Aussi quand la Compagnie La Bigarrure (une compagnie théâtrale professionnelle basée à  Rozoy-sur-Serre, il faut le faire !) m'a appelé pour me parler de cette représentation théâtrale à Fresnoy-le-Grand et me demander d'en parler sur le blog j’avoue que mon cœur de battre, un moment, s’est arrêté. Une programmation de cette qualité à Fresnoy vraiment bravo ! Cela m’a ramené à des souvenirs d’enfance. Je suis d’une génération qui a connu, dans les années de l’immédiat après guerre, les premiers et si magnifiques balbutiements de la « décentralisation théâtrale » portés par les mouvements d’éducation populaire issus de la résistance. Mes premiers contacts avec le théâtre, hors les pochades de patronage, datent d’une époque, au début des années 50, où j’étais collégien à Joinville, dans le vallage haut-marnais . Je n’oublierai jamais une pièce de Molière jouée pour nous par le Théâtre de Bourgogne, dans la salle du patro de cette petite ville. Il est difficile de faire comprendre aux générations d’aujourd’hui quelle bouffée d’oxygène et combien fut jubilatoire cette première levée du rideau rouge et ce qu’il nous ouvrit de portes vers l’imaginaire.  On idéalise trop aujourd’hui ces années dites des « trente glorieuses », la vie, notamment dans les internats des petites villes, y était morne et régie par des codes empruntés au répertoire d’un père fouettard ubuesque et souvent cruel : j’ai tôt compris dans ce contexte, et grâce à ces comédiens de la première « décentralisation », que le théâtre était un art de résistance.

La dernière fois que je vous ai recommandé un spectacle c’était il y a un an pour le film « le temps des grâces » à Vervins. Je me souviens encore qu’arrivé un peu en avance je fis connaissance avec le responsable du Cinéma qui était d’humeur fort maussade, une association de jeunes agriculteurs et l’ACAP avaient peiné à obtenir son adhésion au projet. « Je n’aurais jamais du accepter cette programmation – me dit-il - , je connais mon public, il n’y aura pas un chat, d’ailleurs je n’ai pas allumé le chauffage ». Une demi heure après la salle était comble et le chauffage assuré par le public.

J’espère pour les comédiens de La Bigarrure que ce genre de petit miracle se reproduira vendredi à Fresnoy-le-Grand et que d'autres que l'âne relaieront l'information (c'est ce qui avait fait le succès de la projection à Vervins). C’est une troupe qui ne manque pas d’ambitions puisqu’ils donneront ce spectacle (ou d’autres ?) à Avignon cet été. Avec le soutien, je l’imagine du Conseil Régional (je sais qu’Alain Reuter soutient la présence à Avignon du théâtre picard).

La Compagnie, qui lit l’âne vert à l’occasion, a eu la délicatesse d’offrir deux invitations gratuites aux deux premiers lecteurs du blog qui se manifesteront : réservez votre invitation en appelant Audrey Vasseur à La Bigarrure au 03 23 58 33 09
Et pour en savoir plus utilisez ce lien :

mercredi 6 avril 2011

La version pour sourds et mal entendants du discours de Nicolas Sarkozy à Nesle le 5 avril 2011. Ou il est question du canal Seine-Nord et du canal de la Sambre à l'Oise


Comme beaucoup d’entre vous, j’imagine, j’incline à la voie d’eau. On la dit avec raison plus écologique et respectueuse de l’environnement que les norias de camions sur l’autoroute du nord et je sais qu’une grande barge, comme il en circule sur la Seine ou les canaux à grand gabarit de la Belgique et des Pays-Bas, peut remplacer des centaines de camions. J’ai donc plutôt une sympathie spontanée pour le projet Seine-Nord qui vise à relier les réseaux à grand gabarit du bassin parisien et du sud de la Picardie(Oise aval, Seine) et ceux de l’Europe du Nord. Dans le même temps je me souviens que l’eau est rare dans la zone de partage des eaux, en Santerre et Vermandois, entre le bassin versant de la Somme et celui de l’Escaut. C’est une difficulté que les ingénieurs, au cours des siècles précédents, ont eu bien du mal à surmonter. Pour le canal de Saint-Quentin d’abord où ils ont du aller chercher l’eau du Noirrieu et de l’Oise à Vadencourt (Aisne), par une rigole souterraine de plusieurs dizaines de kilomètres. Ensuite pour le canal du Nord pour lequel il a fallu détourner une partie de l’eau de la Somme. Je me souviens aussi qu’un canal à grand gabarit, projeté au XIXème siècle entre Bordeaux et Sète (sur le modèle de Suez ou Panama), fut abandonné parce que les ingénieurs finirent par calculer que cette voie d’eau épuiserait la ressource en eau des bassins versants affluents. 

Donc j’aurais aimé que le projet Seine-Nord soit abondé par des études sérieuses et un débat contradictoire et citoyen sur ces questions de la ressource en eau qui impactera surtout la région Picardie alors même que c’est sur ce territoire que les retombées économiques prévisibles seront les plus faibles. Force est de constater que peu d’informations sont disponibles sur ce sujet et qu’un débat serein sur la question ne semble pas vraiment souhaité par les acteurs de ce dossier.

Ensuite il m’a toujours semblé que le financement d’un tel projet devait être proportionné à l’impact économique attendu. La voie d’eau est un mode de transport qui supporte mal les ruptures et transferts de charge, il est donc fort probable que les retombées économiques seront surtout à Dunkerque, Anvers et Rotterdam au Nord (de façon plus douteuse en Rhénanie) et au Sud à Gennevilliers (port de Paris), Conflans-Sainte-Honorine, Rouen et Le Havre. Les retombées en terme d’emploi qu’on nous fait miroiter en Picardie risquent fort de se révéler aussi illusoires que celles du feu de paille que fut le projet de « Port sec » à Couvron près de Laon (port « très sec » puisque n’existait à proximité ni voie d’eau ni voie ferrée électrifiée). La Picardie peut sans doute espérer la création d’une ou deux plateformes intermodales à proximité de ce canal, le transfert sur voie d’eau d’une partie de ses exportations de blé et des produits de ses industries agro-alimentaires vers les grands ports du sud ou du nord ; sans doute aussi le transfert d’une partie des produits de carrières et de sablières (et sans doute leur multiplication) au sud de l’Oise. Quelques dizaines de milliers de containers à destination de la région ou de la Champagne transiteront-ils par ces plateformes ? Ce n’est pas impossible, mais sans doute au prix d’une saturation en gros cubes logistiques (déjà bien avancée) de la basse vallée de l’Oise.

Ce contexte inclinait à espérer que la région Picarde, plutôt que de participer au financement d’une telle infrastructure, serait fondée à réclamer des études d’impact environnementales sérieuses et, si la chose s’avérait faisable, …des compensations économiques importantes. Par exemple une remise à niveau, par l’Etat, des infrastructures en déshérence de l’est de la région (canal de la Sambre à l’Oise fermé depuis plus de cinq ans par défaut d’entretien des ouvrages d’art par VNF, Nationale 2 (l’ancienne Paris-Bruxelles) qui dans certains de ses tronçons n’est même plus au niveau d’une médiocre départementale, ligne ferroviaire Paris-Maubeuge par Saint-Quentin désormais fermée au trafic voyageur au delà de Maubeuge vers la Wallonie, et où les dessertes restantes sont de plus en plus précaires et menacées (la desserte, par exemple du musée Matisse au Cateau).

Le discours du Président de la République hier à Nesle, et les documents produits à cette occasion, mettent en évidence qu’on est à des années lumières de cette perspective ! Loin d’obtenir des compensations la région picarde s’engage sur ce projet à hauteur de 80 millions d’Euros (j’ignore à quoi se sont engagés les départements de la Somme et de l’Oise) pour le bénéfice bien étroit d’un strapontin à une association public-privé (on ne sait pas encore qui sera choisi des groupes Bouygues ou Vinci) où, comme il est d’usage, on peut pronostiquer une privatisation des bénéfices et une régionalisation-étatisation des pertes. D’autant que ces deux opérateurs étant actifs dans le BTP ils vont être « juges et parties » pour l’exécution des travaux et ce serait miracle qu’une telle conjoncture produise une modération des coûts.

Je note enfin que Monsieur Borloo et Madame Kosciusko-Morizet ont totalement négligé de nous donner, hier, des nouvelles du calendrier de travaux résultant des préconisations du rapport Verdeau commandité il y a deux ans par leur ministère et resté sans suite apparente malgré ses conclusions favorables à la réouverture du canal de la Sambre à l’Oise. Le Président Gewerc qui m’avait dit il y 18 mois, alors que je faisais signer avec un certain succès des pétitions pour le canal de l’Oise et de la Sambre, dans un de ses meetings à Saint-Quentin : « j’ai dit dans le bureau du Ministre que  nous ne débloquerions pas d’argent pour Seine-Nord si l’Etat ne faisait pas son devoir pour le canal de la Sambre à l’Oise », semblait avoir oublié cette promesse. A-t-il obtenu des garanties sur ce point avant de faire voter les crédits pour Seine-Nord ? Si c’est non je dois bien convenir qu’il a menti , et si c’est oui, pourquoi n’en parle-t-il pas publiquement ?

Pour conclure je remarque que le Président de la République n’a pas craint hier d’abuser devant son auditoire d’une rhétorique usée jusqu’à la corde: « vous êtes, a-t-il dit en substance, au cœur de l’Europe, au carrefour prometteur d’un formidable rail entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud ». Lecteur attentif, depuis des années, des travaux des géographes-aménageurs j’ai remarqué que c’est un argument qui a été tellement survendu à des milliers de maires et de Présidents de collectivités par les plus rentables des bureaux d’étude (ça ne coûtait pas cher  à produire) qu’il est aujourd’hui assez largement démonétisé et que les élus prêts à payer au prix forts de tels argumentaires se font bien rares. Exception faite des nostalgiques des discours du maire de Champignac et d’Achile Talon. Dans le registre de la BD c’est une rhétorique que, personnellement, je ne boude pas. Mais les politiques avisés savent, comme le disait Bonaparte, qu’on peut tout faire avec une métaphore, sauf s’asseoir dessus ! (Que ne s’en est-il souvenu plus tard !)

Vous pouvez aussi, pour plus d'information, lire ou relire mes textes précédents sur le canal de la Sambre à l'Oise (en cliquant sur "canal" dans le pavé de mots clés à droite en haut de cette page). L'association Canal Set, dont j'ai donné les coordonnées dans un de ces billets, milite activement en Thiérache et dans le bassin de la Sambre, sur ces questions.

jeudi 24 mars 2011

Une bataille duraille en gare de Saint-Quentin : quelques nouvelles du front archéologique et des problèmes du temps présent sur la ligne Sncf Paris-Maubeuge. Un reportage signé Fantasio et Gaston Lagaffe !

Il n’a sans doute pas échappé aux usagers de la gare de Saint-Quentin qu’un vaste chantier archéologique est en cours dans le périmètre des abords (jardins et parkings) de cette gare. Ce chantier est lui-même un préalable au réaménagement des espaces de stationnement dont la configuration actuelle, même si elle n’est pas luxueuse, rend de grands et peu onéreux services aux centaines de citoyens clients du ferroviaire qui, bon an, mal an, y trouvent un stationnement bien commode, particulièrement les années où Madame Chirac se dispense d’y localiser son dispositif de collecte des pièces jaunes. Je parle ici des citoyens qui n’ont pas d’autre choix que d’y venir en voiture car c’est par milliers qu’il faut compter ses usagers quotidiens si l’on inclut ceux qui, proximité aidant, y viennent à pied, ou ont la possibilité de s’y faire déposer par des services privés ou publics, notamment par le réseau de bus de l’agglomération (ne parlons pas des bus départementaux de la RTA dont l’interconnexion avec le ferroviaire est nulle).

Renseignement pris auprès des autorités municipales il ne semble pas qu’une concertation soit prévue avec les usagers forts nombreux de cette gare. Un démenti serait bien entendu le bienvenu mais dans l’attente il ne me semble pas inutile d’éclairer certains aspects de ce dossier.

Et tout d’abord éclairer les autorités sur les inquiétudes que ne manquent pas de susciter l’ouverture de ce chantier. La principale, à écouter mes voisins de voyage, tient bien entendu à l’état de déshérence croissant de la desserte Paris-Maubeuge où la qualité comme la régularité de la desserte est de plus en plus problématique (je reviendrai prochainement sur ce problème dans un autre billet). Le mot « archéologie » accolé à la gare de Saint-Quentin suscite en effet la question de savoir si ce n’est pas l’ensemble de l’espace ferroviaire de cette ligne qui serait désormais voué, par les autorités, à une entrée définitive dans une sorte de seconde vie purement muséographique.

Il est certain que des trains immobilisés, livrés à l’admiration d’un public curieux de touristes et de promeneurs, coûteraient moins cher en frais de maintenance et de personnel que des trains qui roulent mais qu’en penseront les quelques 1300 habitants de l’agglomération de Saint-Quentin qui chaque jour vont travailler en Ile-de-France (tous il est vrai n’y vont pas en train mais ils sont plusieurs centaines à le faire) ? Qu’en penseraient les si nombreux (et en nombre croissant) voyageurs qui empruntent les nouveaux TER si confortables vers Amiens, Reims, Lille, Cambrai.. ?

Ces inquiétudes tiennent pour partie aux précédents que nous avons en mémoire : la ligne Saint-Quentin-Guise abandonnée dans un passé pas si ancien, la ligne Guise-Busigny dont l’infrastructure préservée (bien que non exploitée mais en attente de réaffectations possibles dans l’espace public) a récemment été cédée à des intérêts mercantiles sans débat public, la gare de Jeumont devenue fantôme de ce qu’elle avait été quand Maubeuge est devenu le terme d’un véritable cul-de-sac ferroviaire (envolés les Paris-Bruxelles, Paris-Liège, Paris-Amsterdam, Paris-Berlin, Paris-Copenhague, Paris-Moscou qui circulaient encore à Saint-Quentin quand je suis arrivé en Thiérache il y a dix sept ans). Désormais pour un trajet Saint-Quentin Charleroi ou Mons, la Sncf vous conseille d’aller prendre le Thalys à Paris ou à Lille ! Il est bien paradoxal qu’au moment où l’Europe « s’ouvre » on ferme nos routes ferroviaires pour assurer un rabattement et une rentabilisation quelque peu « forcée » sur le Thalys ! Cela ne fait pas que des heureux, à ce que je sais, à Charleroi, à Namur, à Liège où la qualité de l’offre ferroviaire vers Paris s’est dégradée). 

La faiblesse de la concertation sur cette ligne explique aussi ces inquiétudes. Le « comité de ligne Paris-Saint-Quentin » qui est censé être le lieu de cette concertation ne s’est pas réuni depuis deux ans (si j’en crois les comptes-rendus publiés sur le site du Conseil Régional).  Ensuite l’objet même de ce « comité de ligne » où Maubeuge, Le Cateau et Cambrai sont oubliés fait craindre que le cul-de-sac, à terme rapproché, se referme sur Saint-Quentin et nous coupe définitivement de nos voisins du Nord, comme il a été fait précédemment pour les wallons. Les arrêts du week-en au Cateau, par exemple, si essentiels au public du Musée Matisse comme aux habitants de cette ville, sont menacés à l'horizon de fin 2011. Ces faiblesses de la concertation tiennent aussi, il faut l’avouer, à la faiblesse de la mobilisation des usagers où se comptent plus de râleurs que de personnes prêtes à s’engager dans des associations d’usagers. Notons toutefois que ces associations ne mettent pas un grand zèle à se faire connaître des clients de cette ligne dans le même temps que l’inter-régional, comme le transfrontalier (avec lequel nous avons une proximité culturelle si forte), restent pour l’essentiel, en matière de coopération sur les transports publics, hors de la vue et de la voix des simples citoyens.

Mais revenons à l’archéologie dans les entours de la gare de Saint-Quentin car elle mérite aussi un regard positif, au delà des inquiétudes bien légitimes (comment sera gérée la transition pour le stationnement, quelles sont les finalités des travaux prévus ?), tant est riche l’histoire du site. C’est pourquoi je livre à mes lecteurs un petit dossier iconographique qui illustre ce que je sais de ce passé.

Et tout d’abord bien sûr, ce dessin, si magnifiquement illustratif des qualités architecturales de cette gare, unique témoin du reportage que firent Fantasio et Gaston (et l’ami Franquin) à l’occasion d’un voyage ministériel des années 60, lequel serait aujourd’hui oublié de tous sans le zèle de ces journalistes facétieux… Les archéologues remarqueront je l’espère que Gaston, à cette occasion, égara divers objets sur le parking de la gare. Tous les amis de Franquin, dont je suis, dresseront des palmes de reconnaissance à leurs travaux s’ils parvenaient à en retrouver quelques uns au cours des fouilles à venir. Leurs recherches permettront peut-être aussi de déterminer pour quelles raisons le si magnifique buffet art-déco de cette gare reste sans affectation depuis plus de 10 ans ?

Autre objet qui méritera je l’espère l’attention des archéologues : la trace toujours visible dans le pavage de la cour de la gare, de l’ancienne ligne de tram qui la desservait jusqu’à une époque indéterminée. Est-il permis d’espérer que la valorisation de ces vestiges archéologiques fera grandir en Vermandois le désir d’une résurrection, autre que muséographique, du tram à Saint-Quentin ?

Les archéologues ne manqueront pas aussi de traquer les vestiges d’une occupation moins éphémère du site de la gare (et de ses parcs à voitures) par l’ancienne Abbaye bénédictine  de Saint-Quentin-en-Isle. Disparue au milieu du 19 ème siècle pour des raisons sans doute autres que ferroviaires, cette abbaye a occupé le site, en créant l’étang en amont à des fins de pisciculture, de façon continue depuis l’an 963. Je vous en livre une vue dressée sans doute à l’époque du Consulat ou de l’Empire. On y voit l’abbaye alors transformée (depuis la période révolutionnaire) en « blanchisserie », terme à ne pas entendre au sens moderne mais comme entreprise de blanchiment (et sans doute de cardage) des draperies les plus fines produites par la ville, notamment les linons.

On peut encore apercevoir cette abbaye sur cet extrait d’une vue du siège de Saint-Quentin en 1557 (source : Cosmographie de Sebastian Munster , fin 16°). Sur cette vue le nord est grosso modo vers la droite. On aperçoit l’abbaye à proximité d’un pont sur la Somme, légèrement à gauche des remparts de la ville sur la gravure. Une partie de l’artillerie de l’armée de Charles-Quint campe sur son territoire. Les historiens disent que l’âpreté de la défense de la ville par ses habitants et les troupes qui parvinrent à renforcer sa défense, contribua à décourager les espagnols de s’avancer plus avant vers Paris.

Espérons qu’il ne faudra pas user d’arguments aussi extrêmes pour obtenir que le réaménagement en cours de cet espace ne se fasse sans concertation avec des usagers qui me semblent en droit d’attendre qu’ils ne compliquent pas trop une vie quotidienne déjà largement dévorée par le temps de transport et ses aléas.

Les abords de la gare routière, notamment les quais dévolus aux bus de la RTA, devraient aussi susciter l’intérêt des archéologues, notamment en raison d’une signalétique et d’aménagements franchement d’un autre âge. Il n’est pas rare non plus d’y rencontrer, (comme d’ailleurs un peu partout dans les abri bus de la RTA) des horaires affichés datant parfois de temps immémoriaux. L’interconnexion avec les horaires des trains Sncf, n’y est plus qu’un lointain souvenir.  Sur la ligne vers Guise par la vallée de l’Oise (desserte qui un temps fut promise en remplacement de la desserte ferroviaire) certains habitants et usagers se souviennent qu’une telle interconnexion fut autrefois d’usage. Nostalgie de chaumières dans un temps où le pétrole et l’essence se raréfient et se renchérissent sans doute durablement ?

 Enfin un petit post-scriptum à l'usage des archéologues qui feront les fouilles : j'espère que pour votre confort votre chantier sera équipé de cabanes de chantier bien équipées car les toilettes de la gare sont fermées un jour sur deux (c'est une moyenne plutôt optimiste). Enfin si vous devez aller à Paris, songez aussi à "prendre vos précautions" car dans les trains corail de la ligne, le remplisssage des chasses d'eau des toilettes a souvent été oublié.

mercredi 16 mars 2011

Un cadeau de l'ami Jacques Bonnaffé aux lecteurs de l'âne vert : un poème de Valérie Rouzeau pour le printemps des poètes

Pour le printemps des poètes 2011, Jacques Bonnaffé dit un poème de Valérie Rouzeau


Le poème de Valèrie Rouzeau est extrait du recueil "Quand je me deux" 
Editions : Le temps qu'il fait

dimanche 13 mars 2011

Printemps des poètes 2011 à Guise le 12 mars. Manuel Caré vous conte, à dos d'éléphant, un rhinocéros et un singe capucin

Je dois confesser qu'en écoutant Manuel évoquer sa rencontre avec un rhinocéros népalais, hier après midi à Guise, dans le cadre du Printemps des Poètes 2011, je me suis demandé s'il n'avait pas fumé quelques feuilles de ce chanvre dont on dit qu'il se fait commerce à Katmandou. Les poèmes qu'il nous a lus sont en effet tirés d'un livre de poésie "Loin de Katmandou", qu'il a publié l'an passé, retour du Népal. Manuel, je l'espère, me le pardonnera, ces soupçons étaient infondés et tenaient à mes lacunes en matière de zoologie. J'étais persuadé, pour des raisons de cancritude avérée, que le rhinocéros était un animal purement africain et je fus bien surpris de cette rencontre poétique avec un rhinocéros népalais. Un petit voyage sur Wikipédia m'a vite mis le nez sur l'étendue mon ignorance. Non seulement un cousin du rhinocéros africain gambade en Inde et au Népal mais de surcroît il est moins menacé que ses cousins africains. Par chance il semble doté d"une seule corne au demeurant moins volumineuses que celles du rhinocéros blanc d'Afrique. Ce qui lui vaut de moins attirer la convoitise des braconniers qui sont au service des vieux chinois libidineux (principale clientèle de la poudre de corne de rhino comme on sait).

Cette méprise est d'autant plus ridicule que mes lecteurs se souviendront peut-être que j'ai rencontré un rhinocéros à Vervins au printemps de l'année passée (voir mon billet "le rhino c'est rosse"). Personne donc n'aurait du être mieux averti que moi de l'aptitude au voyage de cette espèce animale. J'en profite pour remercier le lecteur qui m'a signalé récemment que le rhinocéros de Vervins pâture désormais au centre du grand rond-point sud de cette bonne ville. Rappelez vous que c'était une suggestion de l'âne vert. Entre herbivores nous avons l'oeil et parfois bon conseil sur les pâturages qui peuvent convenir à nos congénères.

Mais assez parlé, écoutez cette rencontre avec un singe-pèlerin et quelques mammifères omnivores dont Manuel Caré tire si belle sagesse et plaisir des mots.
Pour ceux qui rechercheraient le livre de Manuel Caré j'indique une piste pour le trouver : le blog de "l'entente du gué de l'Oise" qui a pris l'initiative de cette rencontre poétique :
http://kesskinne.over-blog.com

lundi 7 mars 2011

Discours de José Bové à Doue, Seine-et-Marne, le 5 mars 2011, à la manifestation contre l'exploration des gaz et pétroles de schiste par fracturation hydraulique. Collectif Carmen

Manifestation joyeuse et combattive à Doue le samedi 5 mars, au lieu même où la société Toreador veut procéder en avril à un premier forage d'exploration par fracturation hydraulique. Le collectif Carmen, né à Château-Thierry le 8 février, au cœur d'un vaste périmètre d'exploration accordé par JL Borloo sur les territoires de l'Aisne et de la Seine-et-Marne (avec des ambitions affichées d'extension à la Marne, à  l'Oise et à une bonne partie du bassin parisien (bassin versant de la Seine et de l'Oise), était présent. Malgré les barrages dissuasifs établis par la gendarmerie tout autour de Doue, nous étions très nombreux, sans doute plus de 2000 personnes, Eva Joly en était ainsi que beaucoup d'élus de Seine-et-Marne et du Sud de l'Aisne. Des membres du collectif sud (Drôme, Ardèche, Aveyron, Lot..) étaient présents en nombre. J'ai filmé pour vous le discours de José Bové, je mettrai bientôt en ligne un reportage plus complet, ce n'est qu'un début... José Bové parle :

lundi 14 février 2011

Collectif Carmen contre Toreador, gaz et pétrole de schiste : un collectif citoyen est né le 8 Février à Château Thierry



Vous pouvez librement intégrer ce ciné-tract et les autres films que j'ai mis sur YouTube en y ajoutant des liens de documentation ou d'info sur les prochains rendez-vous.

Tous les films sur la réunion de Château-Thierry sont disponibles sur ce blog ou sur YouTube :
1- Introduction par Dominique Jourdain (le film est intégré au reportage précédent, ou cliquez ici)

2 - Exposé d'Eric Delhaye : cliquez ici

3 - Exposé de François Veillerette : cliquez ici

4 - Le débat : cliquez ici

N'oubliez pas le prochain rendez-vous à Doue (Seine-et-Marne) début mars 

et pour vous tenir au courant de l'actualité: 
http://www.deleaudanslegaz.com

vendredi 11 février 2011

Bientôt le gaz de schistes dans l'eau de vos robinets ? Une coordination de résistance est née cette semaine à Château-Thierry

Tous ceux qui ont vu dans « Gasland », le film, l’image de l’eau du robinet qui s’enflamme dans une maison d’une région des Etats-Unis où les forages de gaz de schistes sont en production à une échelle industrielle ne seront sans doute pas rassurés par l’arrivée en France, et de façon imminente dans le sud de l’Aisne et dans l’Oise, de cette nouvelle technologie d’extraction du gaz et du pétrole, et par l’opacité dont les plus hautes autorités de l’Etat ont entouré ce dossier. 
 Quand l'eau du robinet s'enflamme (Gasland)

Donc la France a découvert  cet hiver que le Ministère de l’Environnement avait signé des autorisations de recherche (qui valent autorisation d’exploitation si bonne fortune) dans plusieurs régions françaises : la bordure sud-est du Massif-Central (du Lot au Larzac), la vallée du Rhône, une bonne partie du nord-est du bassin parisien (soit le bassin versant de la Seine), et que des monceaux de périmètres de recherche (sur des dizaines de milliers de km2) étaient à l’instruction.

La technique de ces surprises citoyennes est bien rodée : affichage minimum des autorisations préfectorales sur les panneaux des mairie, le mois d’août étant recommandé pour les sujets qui peuvent brouiller les autorités avec les lobbyistes des sociétés qui partent à l’assaut de nouveaux eldorados. C’est ce qui a été fait cet été, nous a dit le maire de la commune de Doue (Seine et Marne, à quelques encablures de l’Aisne), où les premiers forages semblent imminents. Quelques élus et journalistes, José Bové et ses amis du Larzac, ont commencé à sonner l’alarme à la fin de l’automne.

Mes longues oreilles ont perçu d’abord faiblement ces petites musiques discordantes et l’annonce d’une réunion sur le sujet à Château-Thierry le 8 février n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. N’étant ni géologue, ni scientifique j’étais néanmoins curieux d’en savoir plus, je suis allé à cette réunion et, pour votre édification, je l’ai filmée.

Et je n’ai pas été déçu par la qualité de l’information qui a été délivrée à cette occasion. Merci donc à Dominique Jourdain, Eric Delhaye et François Veillerette d’avoir, avec leurs amis, pris cette initiative. L’affluence était d’ailleurs à la hauteur de leur ambition, à tel point qu’une partie des invités n’a pu suivre et participer au débat que dans le froid, derrière les fenêtres (ouvertes car on suffoquait dans la salle) de la salle de réunion.

Je fais juste un petit résumé, après la fenêtre du film, de ce dont il s’agit pour ceux qui n’auront pas le temps ou les moyens (bas débit aidant) de regarder les films (j’en mets un en ligne aujourd’hui, les 3 autres suivront dans les jours qui viennent à un rytme que j'espère quotidien) qui détaillent les enjeux mieux que je ne saurais le faire. Je n'annoncerai pas forcément les 3 films suivants (exposés d'Eric Delhaye et François Veillerette, extrait des débats qui ont suivi) sur le blog. Vous pourrez aller les regarder directement sur YouTube en cliquant sur le lien suivant (la chaîne de l'âne vert) :
Ajouté samedi 12 février : le deuxième (Eric Delhaye) et le troisième film (François Villerette) sont visibles sur la chaîne de l'âne vert :
Ajouté dimanche 13 février : des extraits du débat et la naissance des collectifs "Carmen" (Toréador - c'est le nom de la société pétrolière - prend garde à toi ! )   sont visibles sur la chaîne vidéo de l'âne vert



D’abord la technologie de ces forages : il s’agit d’aller chercher dans des couches très profondes, à plusieurs kilomètres de profondeur, des gaz, huiles et pétroles enfermés dans des roches faiblement poreuses (schistes et argiles disent les géologues). On creuse des puits verticaux, puis des puits horizontaux de quelques centaines de mètre. Pour libérer le gaz ou les huiles il faut fissurer ces roches, le résultat est obtenu par une technique qui consiste à injecter des quantités énormes d’eau à haute pression et d’additifs chimiques. Contrairement aux forages pétroliers ou gaziers « classiques » (qui ne sont pas non plus sans danger quand les Thénardiers sont aux commandes de la technique) où les puits sont distants de plusieurs kilomètres, les forages avec cette technique sont un maillage très serré de puits presque mitoyens car les puits horizontaux ne peuvent drainer que quelques centaines de mètres de longueur et une faible largeur. Cette densité est le premier problème mis en évidence par les études américaines : un saccage des paysages très impressionnant, un champ de bataille qui ressemble aux lignes de front de 14-18 avec son cortège de logistique routière (des norias de poids lourds) et de bassins de décantation pour les eaux usées au devenir imprévisible.

Cette technique a été validée aux Etats-Unis, à peu près sans étude sérieuse d’impact sur l’environnement, à l’époque où le tandem Bush-Cheney, très lié au  lobby et aux intérêts pétroliers étaient aux commandes à  la Maison Blanche. On se souvient du genre d’expertise que cette équipe nous a servi pour justifier la deuxième guerre d’Irak et cela ne rassure pas. Cette technique a été déployée de façon très rapide aux Etats-Unis. L’expertise par les chercheurs, universitaires et écologistes américains (et canadiens) sur le bilan environnemental est donc récente, elle est d’ailleurs à peu près la seule disponible, et le tableau qu’elle dresse ne manque pas d’inquiéter et mériterait que les scientifiques comme les citoyens ne soient pas tenus à l’écart de ces enjeux. D’autant que le démarrage de cette technique en France semble s’opérer dans une ambiance d’affairisme et de concubinage avec le pouvoir en place qui ressemble furieusement à son acte de naissance outre-atlantique (un frère de Balkany est par exemple un des actionnaires important de la société qui a emporté le permis de forage dit de « Château-Thierry. Cette société s’appelle « Toréador », comme pour nous prévenir du destin qu’elle promet à ceux qui seront dans l’arène, elle a d’ailleurs un site qui documente ses techniques et ses ambitions).

 Car il y a à voir contrairement au « circulez y a rien à voir » que distillent les lobbyistes du secteur. En dehors des aspects paysagers déjà évoqués, il apparaît que l’étanchéité de ces forages par rapport aux nappes phréatiques est douteuse, il n’est pas rare que la fracturation provoque des remontées de gaz ou d’eau sous-pression (avec leurs additifs chimiques) dans les couches supérieures (le robinet où l’eau peut s’enflammer est parlant). La moitié des additifs employés n’est pas connu car il relèverait pour une partie des acteurs du secret industriel. Ceux qui sont connus sont pour une large part dangereux pour la santé humaine comme pour l’environnement. L’épuration des quantités considérables d’eau usées n’est pas maîtrisée. C’est donc la ressource en eau qui est menacée par cette technologie et le débat est désormais sur la place publique aux Etats-Unis et au Canada. De grandes agglomérations comme New-York sont actuellement en train de prendre des mesures d’interdiction sur des périmètres étendus pour protéger les nappes qui assurent l’alimentation en eau de leurs citoyens. L'impact négatif sur le climat est aussi à prendre en compte : cette technologie va prolonger la durée de vie des énergies fossiles non renouvelables et retarder la recherche développement sur les énergies non carbonées. Des inquiétudes se font jour aussi sur le réveil possible de bactéries très anciennes enfermées dans ces couches géologiques très profondes.

Voilà à grand traits ce que j’ai retenu des exposés que j’ai entendus mardi à Château-Thierry. Une coordination de lutte pour exiger un débat citoyen s’est esquissée ce jour là. Coordination départementale, régionale, inter-régionale, sans exclusive politique, philosophique, géographique, administrative, c’est un combat sans frontières et le pluralisme des participants à la réunion semblait indiquer que le pari d’un réveil citoyen sur ce dossier est à portée. Le Conseil Régional de Picardie a récemment voté (à l’unanimité ce me semble mais je n’en suis pas sûr) le principe d’une demande de moratoire. Le ministère a suspendu provisoirement les dossiers d’autorisation en cours d’instruction sans annuler les permis déjà accordés. Il n’y aura pas de vrai débat sans une forte mobilisation citoyenne car en dernière instance l’Etat est seul maître d’œuvre, comme propriétaire du sous-sol, sur ces dossiers.  

Si vous voulez en savoir plus vous trouverez des informations plus détaillées sur les sites de Cap21 ou d’Europe Ecologie mais on peut espérer qu’ils seront largement relayés par d’autres sources dans un avenir proche. Un des prochains rendez-vous pourrait être, début mars, à Doue, en Seine-et-Marne, où le démarrage des premiers forages semble imminent. Le site internet de la commune relayera sans doute l’information (son maire était présent mardi) comme les sites déjà cités. Je m’en ferai également l’écho si nécessaire.

vendredi 4 février 2011

Alexandrie, Le Caire, Paris, Thiérache, Tunisie : « dans ces moments de panique, écrivait Victor Hugo au cœur de la révolution de1848, je n’ai peur que de ceux qui ont peur ».

Ces jours derniers je relisais « Choses vues » de Victor Hugo pour des projets sur ce blog : ses voyages, les notations météorologiques contenues dans son journal. J’en étais arrivé à son récit sur la révolution de 1848 : ses prémices vues de la Chambre des Pairs et de l’Académie, puis la relation des événements au jour le jour par l’infatigable promeneux qu’il était ; et quel formidable journaliste ! Dans son journal on peut suivre aussi la genèse de l’écriture des Misérables, Jean Valjean n’a pas encore trouvé sa forme littéraire achevée : Hugo nomme son chantier d’écriture du moment « Jean Tréjean », la révolution de 1848 et l’exil avec les proscrits du coup d’Etat de « Napoléon le petit » lui donneront son souffle définitif.
 
En le lisant il m’arrivait de penser aux évènements de Tunisie et d’Egypte. Non que je croie naïvement à une répétition de l’histoire ; je sais d’expérience qu’elle bégaie, se contredit,  se répète, parfois, en farces bien dérisoires. Je me souviens que nous avons mis presque un siècle, après 1789 - combien de révolutions et de coups d’état ? - pour que la République advienne comme état de droit pérenne où l’utopie démocratique est l’horizon, toujours perfectible, d’un peuple souverain.
 
Ce que j’entends, ce que je lis c’est l’évidence d’une communauté de climats : les espoirs, les émotions, les peurs, les rumeurs que suscitent les révolutions chez ceux qui les commentent ou les vivent parcourent des cycles et des figures dont l’universalité est limitée aux ressorts les plus intimes de l’âme humaine : le courage, la peur, le talent, le déchaînement toujours possible des ressentiments, des roublardises, de la violence d’Etat, le désir inextinguible de liberté, l’invention difficile de cette liberté. Ont-elles lu « les Misérables » cette jeunesse et ces classes moyennes éduquées qui se révoltent aujourd’hui dans le monde arabe ? Je l ‘espère un peu follement, mais peu importe, elles n’ont sans doute pas besoin de chanter, ironiquement, comme nous le faisons « c’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau ». L’univers des Misérables elles l’ont sous les yeux tous les jours et il nous revient aussi en force depuis quelques décennies, depuis qu’internationalisant leur empire et leurs comptes off-shore, les Thénardiers ont pris le large de leur petite auberge de Montfermeil. 
 
Leur visage aujourd’hui c’est par exemple, cette agence de notation dont une dépêche m’apprenait il y a trois ou quatre jours qu’elle «dégradait la note de la dette publique de l’Egypte » comme elle le faisait il y a peu pour la Grèce et l’Irlande. A qui le tour ? Le « business plan » (comme dit mon député) des taux usuraires est simple : élargir sans cesse le carnet d’adresse de la pauvreté et de la suspicion. Presque imparable sauf quand un peuple a le courage de décider, démocratiquement, de ne plus honorer les dettes de ses banques privées : on n’a pas assez salué, moi le premier, ce courage chez le petit peuple d’Islande. David contre Goliath, c’était pourtant biblique.
 
Je relis ce qu’écrivait Hugo en février 1848 :
« Je ne comprends pas qu’on ait peur du peuple souverain : le peuple, c’est nous tous ; c’est avoir peur de soi-même.
Quant à moi, depuis trois semaines, je les vois tous les jours de mon balcon, dans cette vieille place Royale qui eût mérité de garder son nom historique, je les vois calme, joyeux, bon, spirituel, quand je me mêle aux groupes, imposant quand il marche en colonnes, le fusil ou la pioche sur l’épaule, tambours et drapeau en tête. Je le vois, et je vous jure que je n’ai pas peur de lui.
Je lui ai parlé, un peu haut* sept fois dans ces deux jours. Dans ces moments de panique je n’ai peur que de ceux qui ont peur. »

Pour lire la suite cliquez ici (le texte est assez long et je ne veux pas décourager ceux qui butinent sur le blog

mardi 18 janvier 2011

Inondation, effondrement des berges du canal de la Sambre à l'Oise, déshérence des services publics en Thiérache

La chronique de la déshérence des services publics dans la haute vallée de l'Oise, en Thiérache, égrène sa froide et répétitive banalité. Durant la récente inondation les berges du canal de la Sambre à l'Oise se sont effondrées, comme il était bien prévisible (voir nos chroniques précédentes en cliquant sur "canal sambre" dans la liste des mots clés dans la colonne de droite) à proximité du pont-canal de Vadencourt. Fuite sans doute insignifiante compte tenu de l'ampleur de l'inondation me direz-vous, un peu d'eau et de boue ajoutées à niveau déjà exceptionnel. Mais il y a boue et boue, le limon de la rivière en crue peut être fertilisant pour les prairies de fond de vallée (dans les maisons c'est une autre histoire), mais qu'en est-il des boues du canal ? Nul de sait si une analyse de leur toxicité a été entreprise, par exemple.
Cerise sur le gâteau les services départementaux de l'équipement n'ont pas trouvé le loisir de flécher un itinéraire de délestage (une déviation) pour les camions ou voyageurs de long-cours sur la départementale 960 (une ancienne nationale) coupée pendant 3 jours à hauteur de Vadencourt et les inondés, en sus de leurs petits soucis, ont du tirer d'affaire de nombreux égarés. Les GPS ne connaissent pas les inondations ! Seuls les services municipaux de Vadencourt se sont mobilisés pour poser des panneaux interdisant le passage.
Une petite note positive cependant : la retenue de Proisy a fonctionné cette fois (en décembre on avait négligé, semble-t-il, d'activer le clapet : les crues moyennes semblent peu intéresser les décideurs qui doivent vivre sur les hauteurs). Elle a sans doute écrêté la crue d'environ 20 centimètres et Guise a sans doute évité d'égaler l'étiage de la crue de 1993. On est sans nouvelle du projet de retenue en amont d'Hirson mais on peut espérer que le niveau de crue qu'a connu Hirson désarmera les lobbies qui s'opposent à ce projet. Dans tous les cas les légendes et rumeurs ont la vie dure : j'ai encore entendu des esprits d'habitude raisonnables soutenir au comptoir des cafés que ces retenues sont faites pour protéger Paris ! Le rappel que l'Oise se jette dans la Seine à Conflans-Sainte-Honorine, soit très en aval de Paris ne suffit pas à désarmer cet argumentaire dont l'imaginaire, on l'aura compris, n'a rien de géographique.
 Brèche dans le Canal de la Sambre à l'Oise à Vadencourt - Photo Association Canal Set

Et puis une note d'humour involontaire sur le site internet de VNF :  si vous tapez "sambre oise" sur le moteur de recherche de ce site vous tomberez sur la suggestion d'itinéraire suivante :
"Chauny - Maubeuge 
Balade sur le canal de la Sambre à l’Oise avec notamment le franchissement de nombreuses écluses, de pont-canaux et ponts tournants manuels Au départ de Chauny, vous serez au cœur du trafic plaisancier de la Picardie, où plusieurs voies se croisent. Une halte à La Fère et son château s’impose. L’écluse Hachette près de Maroilles et l’usine élévatoire de Locquignol, valent le voyage avant l’arrivée dans la ville de Maubeuge fortifiée par Vauban 
- 121 kilometres
- 49 ecluses
- 30 heures environ"
Notez que le canal est fermé depuis bientôt 5 ans et que le délai de "réservation" pour cette ballade n'est pas précisé ! VNF, en outre, ne semble pas avoir lu le livre si charmant que Robert-Louis Stevenson a consacré à cet itinéraire ("Voyage sur les canaux et rivières du Nord de la France")
Dernière heure (samedi 22 janvier 2011) : ce matin je constate sur le site de VNF que la description de l'itinéraire a été supprimée depuis sa publication sur l'âne vert. Par contre il ne semble pas que VNF fêtera ses vingt ans sur le canal de la Sambre à l'Oise, aucune nouvelle sur le site hors le fait que l'avis de fermeture à la navigation va bientôt arriver à  péremption.  Il a déjà été réédité en 2008 car l'avis initial de février 2006 n'était plus pérenne (il n'est d'ailleurs plus visible en archive). VNF teste sans doute, en Thiérache de l'Aisne, la possibilité d'une inscription de son patrimoine au livre des records : la plus longue fermeture de son l'histoire de la navigation fluviale. On peut aussi apercevoir sur le site de VNF un film "ludique et décalé" qui donne à penser que seule la musique semble en mesure de réveiller les énergies de VNF. Le film commence par une scène - un aveu ? - où le personnel de VNF est figé, statufié ou endormi, immobilisé sans doute par on ne sait quelle baguette magique : une sirène (la "pincoya" peut-être que j'ai déjà croisée dans ma jeunesse à Chiloé au Chili ?) de passage dans les bureaux du nouveau siège ? C'est peut-être le moment de sortir nos orphéons !


  Le Canal de la Sambre à l'Oise à Vadencourt après rupture de la berge- Photo Association Canal Set
  Brèche dans le Canal de la Sambre à l'Oise à Vadencourt - Photo Association Canal Set
Pour toute information complémentaire et soutiens: Association Canal Set (défense du canal)  c/o Francine KIMPE - 02510 IRON Tel 03 23 60 45 16

Et pour lire des sujets connexes développés sur ce blog cliquez ici ou encore par ici ou encore par là pour en savoir plus. Et cliquez sur le bandeau supérieur du blog pour retour à la dernière contribution.

mardi 4 janvier 2011

Un enterrement qui aurait plu à Maître François Rabelais : celui de Mathy l'Ohè

L'enterrement de Mathy l'Ohè clôture les festivités du 15 août à Liège. Comme en carnaval c'est le moment où les touristes sont partis et où le quartier d'Outre-Meuse et  les amis de Tchantchès se donnent une fête plus intime. Sans doute le plus beau moment de la fête. La verve facétieuse des acteurs de cette fête qui mêle parodie, humour et ferveur (c'est aussi une fête paroissiale et mariale) aurait sans doute plu à Maître François Rabelais.
J'ai annoncé ce film sur des messages antérieurs et sur le film précédent. Donc place à l'image !


Vous pouvez aussi vous reporter à ma précédente contribution ou au premier texte consacré à cet évènement en cliquant ici