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lundi 25 février 2013
Berlusconi consulte une voyante
Berlusconi consulte une voyante :
La voyante très concentrée ferme les yeux et lui dit :
- Je vous vois passer dans une grande avenue, dans une voiture, le toit ouvert, le peuple hurlant sa joie. Berlusconi sourit et lui demande :
- Alors la foule est heureuse ?
- Oui comme jamais.
- Et les personnes qui courent après la voiture ?
- Oui, autour de la voiture comme des fous. La police a du mal à se frayer un chemin.
- Les gens porteurs de drapeaux ?
- Oui, des drapeaux de l'Union européenne, des bannières avec des mots d'espoir et d'un avenir meilleur.
- Vraiment ? Et les gens crient, chantent ?
- Oui les gens crient des phrases d'espoir : "Oh ! Maintenant, tout ira mieux !!!", le peuple est en liesse.
- Et moi, comment je réagis à tout cela ?
- Je n'arrive pas à le voir.
- Ah bon ! Pourquoi ?
- Le cercueil est fermé
NB : Quand ce texte a été rédigé les premières projections de sortie des urnes en Italie étaient plus optimistes que le résultat final, la boule de cristal n'a pas menti, mais c'est devenu de la science fiction !
La voyante a aussi été entendue à l'Opéra de Rome où se jouait le Nabucco de Verdi :
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mardi 10 janvier 2012
Vers un printemps des libertés et de la solidarité ? Manifestation de soutien à Xavier Mathieu à Amiens le 4 janvier lors de son procès pour insoumission aux prélèvements et au fichage ADN
"Le combat des contis, c'est une histoire d'amour, et elle dure toujours...Si je suis encore debout c'est grâce à tout ça... c'est l'amour des autres qui nous aide à tenir" nous a dit Xavier Mathieu mercredi dernier (voyez le troisième film). Cette manifestation prolongeait ce moment de grâce des luttes ouvrières qu'a été la lutte des Contis (Continental, Clairoix près de Compiègne). Ah certes il n’ont pas gagné le sauvetage de leur boîte et de leur emploi, l’actionnariat rapace a eu le dernier mot, mais il a du payer le prix fort.
Ce qui fait les Contis si grands c’est, comme l’ont rappelé les intervenants à Amiens, qu’ils ont su construire une unité exemplaire, et internationaliser leur lutte et leur solidarité à l’échelle européenne. Quand les partis politiques, les centrales syndicales, peinent à construire des contre-pouvoirs de dimension européenne, un millier d’ouvriers picards ont réussi à Hanovre une unité d’action avec des milliers de travailleurs allemands et lorrains. Ils sont entrés dans l’histoire les Contis, cela ne faisait aucun doute pour tous ceux qui étaient à Amiens mercredi dernier. C’est ce qui explique aussi, le talent de Xavier Mathieu n’y comptant pas pour rien, le respect de la diversité des intervenants dont beaucoup ailleurs se déchirent. Personne n’a été sifflé ce qui est très rare dans un concert où la gauche la plus sage et la plus extrême se rencontrent.
Une chose très émouvante pour moi qui ai l’âge des luttes de la guerre d’Algérie, de 68, des Lip et du Larzac, c’était la présence d’un viticulteur venu de loin et représentant la Confédération Paysanne. Et en plus il nous a fait chanter !
Un mot aussi sur le contexte de la manifestation. Ce 4 janvier était jugé en appel Xavier Mathieu pour insoumission au prélèvement et au fichage de son ADN. Le parquet avait fait appel après une relaxe prononcée par un tribunal à Compiègne. Cela en dit long sur l’acharnement d’un pouvoir qui porte aussi la responsabilité d’avoir inscrit ce fichage ADN, dans une loi inique, pour l’ensemble des délits : y compris ceux qui ressortissent des luttes syndicales, politiques et associatives. Des faucheurs volontaires anti OGM sont aussi venus nous le rappeler à Amiens. Pour le pouvoir sarkozyste même l’Abbé Pierre ressortirait aujourd’hui d’un fichage ADN puisque ceux qui luttent pour la défense des sans papiers ou le droit au logement (ce ne sont que des exemples), toutes les populations et minorités que ce pouvoir stigmatise à longueur de J.T., sont exposés à ce fichage.
Film 1 : reportage sur la manifestation
Film 2 : le discours intégral de Xavier Mathieu
Film 3 : Eva Joly et Xavier Mathieu
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lundi 30 mai 2011
Une lettre du peintre Henri Matisse sur la situation ferroviaire au Cateau-Cambrésis qui abrite le Musée Matisse et où la SNCF veut supprimer l'arrêt des trains intercités
Le 25 mai 2011 nous étions nombreux, élus, amis de Matisse, simples citoyens venus du Cambrésis et du Nord de l'Aisne pour entendre Matisse évoquer ses souvenirs ferroviaires dans la ville où il est né et pour faire entendre à la direction de la SNCF que son projet de supprimer l'arrêt au Cateau des trains intercités : "pire qu'une erreur, c'est une faute" comme l'a écrit Matisse dans une lettre posthume et dont vous entendrez la lecture sur ce film.
Ce projet de la SNCF qui procède d'une politique générale de déménagement du territoire (qui se souvient que nous avons eu des Ministres de l'Aménagement du Territoire ?) est caractéristique de la déshérence où est tenu le monde rural et les petites villes et plus particulièrement la desserte ferroviaire sur la ligne Paris-Maubeuge qui fut, il n'y a pas si longtemps, un des grands axes ferroviaires européens (Paris-Berlin-Moscou, Paris-Copenhague, Paris-Bruxelles-Amsterdam). Progressivement, pour "rabattre" sur les trains Thalys, l'offre a été réduite à des Paris-Liège, puis à des Paris-Namur. Aujourd'hui Maubeuge est un "cul de sac" ferroviaire, plus un train de voyageur intercités ne passe une frontière dont on nous avait annoncé la disparition. Bientôt, cela semble même programmé par la SNCF, ce ne sera plus Maubeuge mais Saint-Quentin qui sera tête de ligne pour des dessertes intercités cadencées.
La défense de cet arrêt au Cateau devrait mobiliser au delà du Cambrésis car une ligne de cœur, dont on peut espérer qu'elle devienne un jour prochain une véritable route touristique, unit Le Cateau au nord-est de la Picardie. Matisse en effet est né au Cateau mais il a aussi passé sa jeunesse à Bohain (qui abrite la "Maison Matisse", étudié à Saint-Quentin, habité un temps à Lesquielles-Saint-Germain où il a peint de nombreux tableaux ainsi qu'à Vadencourt&Bohéries. Nous étions trop peu nombreux, les picards, le 25 mai, pour manifester cette solidarité et ce lien de cœur qui nous lie à l'œuvre et à la vie de Matisse. J'espère que si d'autres rendez-vous sont nécessaires dans cette lutte nous ne nous contenterons pas d'une présence symbolique.
La défense de cet arrêt au Cateau devrait mobiliser au delà du Cambrésis car une ligne de cœur, dont on peut espérer qu'elle devienne un jour prochain une véritable route touristique, unit Le Cateau au nord-est de la Picardie. Matisse en effet est né au Cateau mais il a aussi passé sa jeunesse à Bohain (qui abrite la "Maison Matisse", étudié à Saint-Quentin, habité un temps à Lesquielles-Saint-Germain où il a peint de nombreux tableaux ainsi qu'à Vadencourt&Bohéries. Nous étions trop peu nombreux, les picards, le 25 mai, pour manifester cette solidarité et ce lien de cœur qui nous lie à l'œuvre et à la vie de Matisse. J'espère que si d'autres rendez-vous sont nécessaires dans cette lutte nous ne nous contenterons pas d'une présence symbolique.
J'ai déjà tenté d'alerter sur ces questions dans un précédent billet et j'ai été impressionné par la qualité et la pugnacité de la mobilisation autour du Cateau. Au cours de cette manifestation j'ai pensé bien entendu au problème, si proche quant au contexte général de "déménagement du territoire", de la fermeture du canal de la Sambre à l'Oise depuis plus de cinq ans à hauteur de la Thiérache (ponts canaux non réparés), ce qui a manqué sur ce dossier c'est certainement ce qui a été réussi au Cateau et non advenu en Thiérache, soit la mobilisation de l'ensemble des élus régionaux en soutien aux communes et aux populations riveraines. C'est ce qu'il faudrait sans doute tenter à nouveau de réussir en s'inspirant de l'exemple du Cateau tant il apparaît évident que les espoirs soulevés par le rapport Verdeau apparaissent aujourd'hui obsolètes. Deux années ont passé sans qu'aucune solution soit en vue.
En écoutant la lettre posthume de Matisse au Cateau, j'ai aussi repensé à la lettre que Robert-Louis Stevenson nous a envoyée il y a deux ans où il rappelait son voyage de 1876 sur les canaux et rivières du Nord de la France et son soutien à ceux qui réclamaient la réouverture de ce canal. Ceux qui l'ont pas lue ou l'ont oubliée peuvent la trouver dans les archives de ce blog en cliquant ici.
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samedi 14 mai 2011
Gaz de schiste : Aymeric de Valon parle au nom du collectif Ile-de-France à la manifestation du 10 mai devant l'Assemblée Nationale
A suivre... pour le commentaire
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mardi 10 mai 2011
Danielle Mitterrand le 10 mai 2011 à la manifestation devant l'Assemblée Nationale contre l'exploitation des gaz de schistes
Ma langue a fourché durant le tournage. Ce n'est pas sur mon blog mais sur le compte de l'âne vert sur facebook que j'avais annoncé hier (disons plutôt espéré), la présence de Danielle Mitterrand à la manifestation d'aujourd'hui devant l'Assemblée Nationale. A la vérité je ne savais rien d'autre que son engagement pour le partage solidaire d'une eau de qualité partout sur la planète et particulièrement partout où la marchandisation de l'eau et la folie des grands groupes miniers, chimiques, industriels, prive les plus pauvres de cette ressource de vie
Les commentaires et la suite filmée viendront dans les jours qui viennent....
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jeudi 24 mars 2011
Une bataille duraille en gare de Saint-Quentin : quelques nouvelles du front archéologique et des problèmes du temps présent sur la ligne Sncf Paris-Maubeuge. Un reportage signé Fantasio et Gaston Lagaffe !
Il n’a sans doute pas échappé aux usagers de la gare de Saint-Quentin qu’un vaste chantier archéologique est en cours dans le périmètre des abords (jardins et parkings) de cette gare. Ce chantier est lui-même un préalable au réaménagement des espaces de stationnement dont la configuration actuelle, même si elle n’est pas luxueuse, rend de grands et peu onéreux services aux centaines de citoyens clients du ferroviaire qui, bon an, mal an, y trouvent un stationnement bien commode, particulièrement les années où Madame Chirac se dispense d’y localiser son dispositif de collecte des pièces jaunes. Je parle ici des citoyens qui n’ont pas d’autre choix que d’y venir en voiture car c’est par milliers qu’il faut compter ses usagers quotidiens si l’on inclut ceux qui, proximité aidant, y viennent à pied, ou ont la possibilité de s’y faire déposer par des services privés ou publics, notamment par le réseau de bus de l’agglomération (ne parlons pas des bus départementaux de la RTA dont l’interconnexion avec le ferroviaire est nulle).
Renseignement pris auprès des autorités municipales il ne semble pas qu’une concertation soit prévue avec les usagers forts nombreux de cette gare. Un démenti serait bien entendu le bienvenu mais dans l’attente il ne me semble pas inutile d’éclairer certains aspects de ce dossier.
Et tout d’abord éclairer les autorités sur les inquiétudes que ne manquent pas de susciter l’ouverture de ce chantier. La principale, à écouter mes voisins de voyage, tient bien entendu à l’état de déshérence croissant de la desserte Paris-Maubeuge où la qualité comme la régularité de la desserte est de plus en plus problématique (je reviendrai prochainement sur ce problème dans un autre billet). Le mot « archéologie » accolé à la gare de Saint-Quentin suscite en effet la question de savoir si ce n’est pas l’ensemble de l’espace ferroviaire de cette ligne qui serait désormais voué, par les autorités, à une entrée définitive dans une sorte de seconde vie purement muséographique.
Il est certain que des trains immobilisés, livrés à l’admiration d’un public curieux de touristes et de promeneurs, coûteraient moins cher en frais de maintenance et de personnel que des trains qui roulent mais qu’en penseront les quelques 1300 habitants de l’agglomération de Saint-Quentin qui chaque jour vont travailler en Ile-de-France (tous il est vrai n’y vont pas en train mais ils sont plusieurs centaines à le faire) ? Qu’en penseraient les si nombreux (et en nombre croissant) voyageurs qui empruntent les nouveaux TER si confortables vers Amiens, Reims, Lille, Cambrai.. ?
Ces inquiétudes tiennent pour partie aux précédents que nous avons en mémoire : la ligne Saint-Quentin-Guise abandonnée dans un passé pas si ancien, la ligne Guise-Busigny dont l’infrastructure préservée (bien que non exploitée mais en attente de réaffectations possibles dans l’espace public) a récemment été cédée à des intérêts mercantiles sans débat public, la gare de Jeumont devenue fantôme de ce qu’elle avait été quand Maubeuge est devenu le terme d’un véritable cul-de-sac ferroviaire (envolés les Paris-Bruxelles, Paris-Liège, Paris-Amsterdam, Paris-Berlin, Paris-Copenhague, Paris-Moscou qui circulaient encore à Saint-Quentin quand je suis arrivé en Thiérache il y a dix sept ans). Désormais pour un trajet Saint-Quentin Charleroi ou Mons, la Sncf vous conseille d’aller prendre le Thalys à Paris ou à Lille ! Il est bien paradoxal qu’au moment où l’Europe « s’ouvre » on ferme nos routes ferroviaires pour assurer un rabattement et une rentabilisation quelque peu « forcée » sur le Thalys ! Cela ne fait pas que des heureux, à ce que je sais, à Charleroi, à Namur, à Liège où la qualité de l’offre ferroviaire vers Paris s’est dégradée).
La faiblesse de la concertation sur cette ligne explique aussi ces inquiétudes. Le « comité de ligne Paris-Saint-Quentin » qui est censé être le lieu de cette concertation ne s’est pas réuni depuis deux ans (si j’en crois les comptes-rendus publiés sur le site du Conseil Régional). Ensuite l’objet même de ce « comité de ligne » où Maubeuge, Le Cateau et Cambrai sont oubliés fait craindre que le cul-de-sac, à terme rapproché, se referme sur Saint-Quentin et nous coupe définitivement de nos voisins du Nord, comme il a été fait précédemment pour les wallons. Les arrêts du week-en au Cateau, par exemple, si essentiels au public du Musée Matisse comme aux habitants de cette ville, sont menacés à l'horizon de fin 2011. Ces faiblesses de la concertation tiennent aussi, il faut l’avouer, à la faiblesse de la mobilisation des usagers où se comptent plus de râleurs que de personnes prêtes à s’engager dans des associations d’usagers. Notons toutefois que ces associations ne mettent pas un grand zèle à se faire connaître des clients de cette ligne dans le même temps que l’inter-régional, comme le transfrontalier (avec lequel nous avons une proximité culturelle si forte), restent pour l’essentiel, en matière de coopération sur les transports publics, hors de la vue et de la voix des simples citoyens.
Mais revenons à l’archéologie dans les entours de la gare de Saint-Quentin car elle mérite aussi un regard positif, au delà des inquiétudes bien légitimes (comment sera gérée la transition pour le stationnement, quelles sont les finalités des travaux prévus ?), tant est riche l’histoire du site. C’est pourquoi je livre à mes lecteurs un petit dossier iconographique qui illustre ce que je sais de ce passé.
Et tout d’abord bien sûr, ce dessin, si magnifiquement illustratif des qualités architecturales de cette gare, unique témoin du reportage que firent Fantasio et Gaston (et l’ami Franquin) à l’occasion d’un voyage ministériel des années 60, lequel serait aujourd’hui oublié de tous sans le zèle de ces journalistes facétieux… Les archéologues remarqueront je l’espère que Gaston, à cette occasion, égara divers objets sur le parking de la gare. Tous les amis de Franquin, dont je suis, dresseront des palmes de reconnaissance à leurs travaux s’ils parvenaient à en retrouver quelques uns au cours des fouilles à venir. Leurs recherches permettront peut-être aussi de déterminer pour quelles raisons le si magnifique buffet art-déco de cette gare reste sans affectation depuis plus de 10 ans ?
Autre objet qui méritera je l’espère l’attention des archéologues : la trace toujours visible dans le pavage de la cour de la gare, de l’ancienne ligne de tram qui la desservait jusqu’à une époque indéterminée. Est-il permis d’espérer que la valorisation de ces vestiges archéologiques fera grandir en Vermandois le désir d’une résurrection, autre que muséographique, du tram à Saint-Quentin ?
Les archéologues ne manqueront pas aussi de traquer les vestiges d’une occupation moins éphémère du site de la gare (et de ses parcs à voitures) par l’ancienne Abbaye bénédictine de Saint-Quentin-en-Isle. Disparue au milieu du 19 ème siècle pour des raisons sans doute autres que ferroviaires, cette abbaye a occupé le site, en créant l’étang en amont à des fins de pisciculture, de façon continue depuis l’an 963. Je vous en livre une vue dressée sans doute à l’époque du Consulat ou de l’Empire. On y voit l’abbaye alors transformée (depuis la période révolutionnaire) en « blanchisserie », terme à ne pas entendre au sens moderne mais comme entreprise de blanchiment (et sans doute de cardage) des draperies les plus fines produites par la ville, notamment les linons.
On peut encore apercevoir cette abbaye sur cet extrait d’une vue du siège de Saint-Quentin en 1557 (source : Cosmographie de Sebastian Munster
Espérons qu’il ne faudra pas user d’arguments aussi extrêmes pour obtenir que le réaménagement en cours de cet espace ne se fasse sans concertation avec des usagers qui me semblent en droit d’attendre qu’ils ne compliquent pas trop une vie quotidienne déjà largement dévorée par le temps de transport et ses aléas.
Les abords de la gare routière, notamment les quais dévolus aux bus de la RTA, devraient aussi susciter l’intérêt des archéologues, notamment en raison d’une signalétique et d’aménagements franchement d’un autre âge. Il n’est pas rare non plus d’y rencontrer, (comme d’ailleurs un peu partout dans les abri bus de la RTA) des horaires affichés datant parfois de temps immémoriaux. L’interconnexion avec les horaires des trains Sncf, n’y est plus qu’un lointain souvenir. Sur la ligne vers Guise par la vallée de l’Oise (desserte qui un temps fut promise en remplacement de la desserte ferroviaire) certains habitants et usagers se souviennent qu’une telle interconnexion fut autrefois d’usage. Nostalgie de chaumières dans un temps où le pétrole et l’essence se raréfient et se renchérissent sans doute durablement ?
Enfin un petit post-scriptum à l'usage des archéologues qui feront les fouilles : j'espère que pour votre confort votre chantier sera équipé de cabanes de chantier bien équipées car les toilettes de la gare sont fermées un jour sur deux (c'est une moyenne plutôt optimiste). Enfin si vous devez aller à Paris, songez aussi à "prendre vos précautions" car dans les trains corail de la ligne, le remplisssage des chasses d'eau des toilettes a souvent été oublié.
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lundi 7 mars 2011
Discours de José Bové à Doue, Seine-et-Marne, le 5 mars 2011, à la manifestation contre l'exploration des gaz et pétroles de schiste par fracturation hydraulique. Collectif Carmen
Manifestation joyeuse et combattive à Doue le samedi 5 mars, au lieu même où la société Toreador veut procéder en avril à un premier forage d'exploration par fracturation hydraulique. Le collectif Carmen, né à Château-Thierry le 8 février, au cœur d'un vaste périmètre d'exploration accordé par JL Borloo sur les territoires de l'Aisne et de la Seine-et-Marne (avec des ambitions affichées d'extension à la Marne, à l'Oise et à une bonne partie du bassin parisien (bassin versant de la Seine et de l'Oise), était présent. Malgré les barrages dissuasifs établis par la gendarmerie tout autour de Doue, nous étions très nombreux, sans doute plus de 2000 personnes, Eva Joly en était ainsi que beaucoup d'élus de Seine-et-Marne et du Sud de l'Aisne. Des membres du collectif sud (Drôme, Ardèche, Aveyron, Lot..) étaient présents en nombre. J'ai filmé pour vous le discours de José Bové, je mettrai bientôt en ligne un reportage plus complet, ce n'est qu'un début... José Bové parle :
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lundi 14 février 2011
Collectif Carmen contre Toreador, gaz et pétrole de schiste : un collectif citoyen est né le 8 Février à Château Thierry
Vous pouvez librement intégrer ce ciné-tract et les autres films que j'ai mis sur YouTube en y ajoutant des liens de documentation ou d'info sur les prochains rendez-vous.
Tous les films sur la réunion de Château-Thierry sont disponibles sur ce blog ou sur YouTube :
1- Introduction par Dominique Jourdain (le film est intégré au reportage précédent, ou cliquez ici)
2 - Exposé d'Eric Delhaye : cliquez ici
3 - Exposé de François Veillerette : cliquez ici
4 - Le débat : cliquez ici
N'oubliez pas le prochain rendez-vous à Doue (Seine-et-Marne) début mars
N'oubliez pas le prochain rendez-vous à Doue (Seine-et-Marne) début mars
et pour vous tenir au courant de l'actualité:
http://www.deleaudanslegaz.com
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vendredi 11 février 2011
Bientôt le gaz de schistes dans l'eau de vos robinets ? Une coordination de résistance est née cette semaine à Château-Thierry
Tous ceux qui ont vu dans « Gasland », le film, l’image de l’eau du robinet qui s’enflamme dans une maison d’une région des Etats-Unis où les forages de gaz de schistes sont en production à une échelle industrielle ne seront sans doute pas rassurés par l’arrivée en France, et de façon imminente dans le sud de l’Aisne et dans l’Oise, de cette nouvelle technologie d’extraction du gaz et du pétrole, et par l’opacité dont les plus hautes autorités de l’Etat ont entouré ce dossier.
Quand l'eau du robinet s'enflamme (Gasland)
Donc la France a découvert cet hiver que le Ministère de l’Environnement avait signé des autorisations de recherche (qui valent autorisation d’exploitation si bonne fortune) dans plusieurs régions françaises : la bordure sud-est du Massif-Central (du Lot au Larzac), la vallée du Rhône, une bonne partie du nord-est du bassin parisien (soit le bassin versant de la Seine), et que des monceaux de périmètres de recherche (sur des dizaines de milliers de km2) étaient à l’instruction.
La technique de ces surprises citoyennes est bien rodée : affichage minimum des autorisations préfectorales sur les panneaux des mairie, le mois d’août étant recommandé pour les sujets qui peuvent brouiller les autorités avec les lobbyistes des sociétés qui partent à l’assaut de nouveaux eldorados. C’est ce qui a été fait cet été, nous a dit le maire de la commune de Doue (Seine et Marne, à quelques encablures de l’Aisne), où les premiers forages semblent imminents. Quelques élus et journalistes, José Bové et ses amis du Larzac, ont commencé à sonner l’alarme à la fin de l’automne.
Mes longues oreilles ont perçu d’abord faiblement ces petites musiques discordantes et l’annonce d’une réunion sur le sujet à Château-Thierry le 8 février n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. N’étant ni géologue, ni scientifique j’étais néanmoins curieux d’en savoir plus, je suis allé à cette réunion et, pour votre édification, je l’ai filmée.
Et je n’ai pas été déçu par la qualité de l’information qui a été délivrée à cette occasion. Merci donc à Dominique Jourdain, Eric Delhaye et François Veillerette d’avoir, avec leurs amis, pris cette initiative. L’affluence était d’ailleurs à la hauteur de leur ambition, à tel point qu’une partie des invités n’a pu suivre et participer au débat que dans le froid, derrière les fenêtres (ouvertes car on suffoquait dans la salle) de la salle de réunion.
Je fais juste un petit résumé, après la fenêtre du film, de ce dont il s’agit pour ceux qui n’auront pas le temps ou les moyens (bas débit aidant) de regarder les films (j’en mets un en ligne aujourd’hui, les 3 autres suivront dans les jours qui viennent à un rytme que j'espère quotidien) qui détaillent les enjeux mieux que je ne saurais le faire. Je n'annoncerai pas forcément les 3 films suivants (exposés d'Eric Delhaye et François Veillerette, extrait des débats qui ont suivi) sur le blog. Vous pourrez aller les regarder directement sur YouTube en cliquant sur le lien suivant (la chaîne de l'âne vert) :
Ajouté samedi 12 février : le deuxième (Eric Delhaye) et le troisième film (François Villerette) sont visibles sur la chaîne de l'âne vert :
Ajouté dimanche 13 février : des extraits du débat et la naissance des collectifs "Carmen" (Toréador - c'est le nom de la société pétrolière - prend garde à toi ! ) sont visibles sur la chaîne vidéo de l'âne vert
Ajouté dimanche 13 février : des extraits du débat et la naissance des collectifs "Carmen" (Toréador - c'est le nom de la société pétrolière - prend garde à toi ! ) sont visibles sur la chaîne vidéo de l'âne vert
D’abord la technologie de ces forages : il s’agit d’aller chercher dans des couches très profondes, à plusieurs kilomètres de profondeur, des gaz, huiles et pétroles enfermés dans des roches faiblement poreuses (schistes et argiles disent les géologues). On creuse des puits verticaux, puis des puits horizontaux de quelques centaines de mètre. Pour libérer le gaz ou les huiles il faut fissurer ces roches, le résultat est obtenu par une technique qui consiste à injecter des quantités énormes d’eau à haute pression et d’additifs chimiques. Contrairement aux forages pétroliers ou gaziers « classiques » (qui ne sont pas non plus sans danger quand les Thénardiers sont aux commandes de la technique) où les puits sont distants de plusieurs kilomètres, les forages avec cette technique sont un maillage très serré de puits presque mitoyens car les puits horizontaux ne peuvent drainer que quelques centaines de mètres de longueur et une faible largeur. Cette densité est le premier problème mis en évidence par les études américaines : un saccage des paysages très impressionnant, un champ de bataille qui ressemble aux lignes de front de 14-18 avec son cortège de logistique routière (des norias de poids lourds) et de bassins de décantation pour les eaux usées au devenir imprévisible.
Cette technique a été validée aux Etats-Unis, à peu près sans étude sérieuse d’impact sur l’environnement, à l’époque où le tandem Bush-Cheney, très lié au lobby et aux intérêts pétroliers étaient aux commandes à la Maison Blanche. On se souvient du genre d’expertise que cette équipe nous a servi pour justifier la deuxième guerre d’Irak et cela ne rassure pas. Cette technique a été déployée de façon très rapide aux Etats-Unis. L’expertise par les chercheurs, universitaires et écologistes américains (et canadiens) sur le bilan environnemental est donc récente, elle est d’ailleurs à peu près la seule disponible, et le tableau qu’elle dresse ne manque pas d’inquiéter et mériterait que les scientifiques comme les citoyens ne soient pas tenus à l’écart de ces enjeux. D’autant que le démarrage de cette technique en France semble s’opérer dans une ambiance d’affairisme et de concubinage avec le pouvoir en place qui ressemble furieusement à son acte de naissance outre-atlantique (un frère de Balkany est par exemple un des actionnaires important de la société qui a emporté le permis de forage dit de « Château-Thierry. Cette société s’appelle « Toréador », comme pour nous prévenir du destin qu’elle promet à ceux qui seront dans l’arène, elle a d’ailleurs un site qui documente ses techniques et ses ambitions).
Car il y a à voir contrairement au « circulez y a rien à voir » que distillent les lobbyistes du secteur. En dehors des aspects paysagers déjà évoqués, il apparaît que l’étanchéité de ces forages par rapport aux nappes phréatiques est douteuse, il n’est pas rare que la fracturation provoque des remontées de gaz ou d’eau sous-pression (avec leurs additifs chimiques) dans les couches supérieures (le robinet où l’eau peut s’enflammer est parlant). La moitié des additifs employés n’est pas connu car il relèverait pour une partie des acteurs du secret industriel. Ceux qui sont connus sont pour une large part dangereux pour la santé humaine comme pour l’environnement. L’épuration des quantités considérables d’eau usées n’est pas maîtrisée. C’est donc la ressource en eau qui est menacée par cette technologie et le débat est désormais sur la place publique aux Etats-Unis et au Canada. De grandes agglomérations comme New-York sont actuellement en train de prendre des mesures d’interdiction sur des périmètres étendus pour protéger les nappes qui assurent l’alimentation en eau de leurs citoyens. L'impact négatif sur le climat est aussi à prendre en compte : cette technologie va prolonger la durée de vie des énergies fossiles non renouvelables et retarder la recherche développement sur les énergies non carbonées. Des inquiétudes se font jour aussi sur le réveil possible de bactéries très anciennes enfermées dans ces couches géologiques très profondes.
Voilà à grand traits ce que j’ai retenu des exposés que j’ai entendus mardi à Château-Thierry. Une coordination de lutte pour exiger un débat citoyen s’est esquissée ce jour là. Coordination départementale, régionale, inter-régionale, sans exclusive politique, philosophique, géographique, administrative, c’est un combat sans frontières et le pluralisme des participants à la réunion semblait indiquer que le pari d’un réveil citoyen sur ce dossier est à portée. Le Conseil Régional de Picardie a récemment voté (à l’unanimité ce me semble mais je n’en suis pas sûr) le principe d’une demande de moratoire. Le ministère a suspendu provisoirement les dossiers d’autorisation en cours d’instruction sans annuler les permis déjà accordés. Il n’y aura pas de vrai débat sans une forte mobilisation citoyenne car en dernière instance l’Etat est seul maître d’œuvre, comme propriétaire du sous-sol, sur ces dossiers.
Si vous voulez en savoir plus vous trouverez des informations plus détaillées sur les sites de Cap21 ou d’Europe Ecologie mais on peut espérer qu’ils seront largement relayés par d’autres sources dans un avenir proche. Un des prochains rendez-vous pourrait être, début mars, à Doue, en Seine-et-Marne, où le démarrage des premiers forages semble imminent. Le site internet de la commune relayera sans doute l’information (son maire était présent mardi) comme les sites déjà cités. Je m’en ferai également l’écho si nécessaire.
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vendredi 4 février 2011
Alexandrie, Le Caire, Paris, Thiérache, Tunisie : « dans ces moments de panique, écrivait Victor Hugo au cœur de la révolution de1848, je n’ai peur que de ceux qui ont peur ».
Ces jours derniers je relisais « Choses vues » de Victor Hugo pour des projets sur ce blog : ses voyages, les notations météorologiques contenues dans son journal. J’en étais arrivé à son récit sur la révolution de 1848 : ses prémices vues de la Chambre des Pairs et de l’Académie, puis la relation des événements au jour le jour par l’infatigable promeneux qu’il était ; et quel formidable journaliste ! Dans son journal on peut suivre aussi la genèse de l’écriture des Misérables, Jean Valjean n’a pas encore trouvé sa forme littéraire achevée : Hugo nomme son chantier d’écriture du moment « Jean Tréjean », la révolution de 1848 et l’exil avec les proscrits du coup d’Etat de « Napoléon le petit » lui donneront son souffle définitif.
En le lisant il m’arrivait de penser aux évènements de Tunisie et d’Egypte. Non que je croie naïvement à une répétition de l’histoire ; je sais d’expérience qu’elle bégaie, se contredit, se répète, parfois, en farces bien dérisoires. Je me souviens que nous avons mis presque un siècle, après 1789 - combien de révolutions et de coups d’état ? - pour que la République advienne comme état de droit pérenne où l’utopie démocratique est l’horizon, toujours perfectible, d’un peuple souverain.
Ce que j’entends, ce que je lis c’est l’évidence d’une communauté de climats : les espoirs, les émotions, les peurs, les rumeurs que suscitent les révolutions chez ceux qui les commentent ou les vivent parcourent des cycles et des figures dont l’universalité est limitée aux ressorts les plus intimes de l’âme humaine : le courage, la peur, le talent, le déchaînement toujours possible des ressentiments, des roublardises, de la violence d’Etat, le désir inextinguible de liberté, l’invention difficile de cette liberté. Ont-elles lu « les Misérables » cette jeunesse et ces classes moyennes éduquées qui se révoltent aujourd’hui dans le monde arabe ? Je l ‘espère un peu follement, mais peu importe, elles n’ont sans doute pas besoin de chanter, ironiquement, comme nous le faisons « c’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau ». L’univers des Misérables elles l’ont sous les yeux tous les jours et il nous revient aussi en force depuis quelques décennies, depuis qu’internationalisant leur empire et leurs comptes off-shore, les Thénardiers ont pris le large de leur petite auberge de Montfermeil.
Leur visage aujourd’hui c’est par exemple, cette agence de notation dont une dépêche m’apprenait il y a trois ou quatre jours qu’elle «dégradait la note de la dette publique de l’Egypte » comme elle le faisait il y a peu pour la Grèce et l’Irlande. A qui le tour ? Le « business plan » (comme dit mon député) des taux usuraires est simple : élargir sans cesse le carnet d’adresse de la pauvreté et de la suspicion. Presque imparable sauf quand un peuple a le courage de décider, démocratiquement, de ne plus honorer les dettes de ses banques privées : on n’a pas assez salué, moi le premier, ce courage chez le petit peuple d’Islande. David contre Goliath, c’était pourtant biblique.
Je relis ce qu’écrivait Hugo en février 1848 :
« Je ne comprends pas qu’on ait peur du peuple souverain : le peuple, c’est nous tous ; c’est avoir peur de soi-même.
Quant à moi, depuis trois semaines, je les vois tous les jours de mon balcon, dans cette vieille place Royale qui eût mérité de garder son nom historique, je les vois calme, joyeux, bon, spirituel, quand je me mêle aux groupes, imposant quand il marche en colonnes, le fusil ou la pioche sur l’épaule, tambours et drapeau en tête. Je le vois, et je vous jure que je n’ai pas peur de lui.Je lui ai parlé, un peu haut* sept fois dans ces deux jours. Dans ces moments de panique je n’ai peur que de ceux qui ont peur. »
Pour lire la suite cliquez ici (le texte est assez long et je ne veux pas décourager ceux qui butinent sur le blog
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mardi 18 janvier 2011
Inondation, effondrement des berges du canal de la Sambre à l'Oise, déshérence des services publics en Thiérache
La chronique de la déshérence des services publics dans la haute vallée de l'Oise, en Thiérache, égrène sa froide et répétitive banalité. Durant la récente inondation les berges du canal de la Sambre à l'Oise se sont effondrées, comme il était bien prévisible (voir nos chroniques précédentes en cliquant sur "canal sambre" dans la liste des mots clés dans la colonne de droite) à proximité du pont-canal de Vadencourt. Fuite sans doute insignifiante compte tenu de l'ampleur de l'inondation me direz-vous, un peu d'eau et de boue ajoutées à niveau déjà exceptionnel. Mais il y a boue et boue, le limon de la rivière en crue peut être fertilisant pour les prairies de fond de vallée (dans les maisons c'est une autre histoire), mais qu'en est-il des boues du canal ? Nul de sait si une analyse de leur toxicité a été entreprise, par exemple.
Cerise sur le gâteau les services départementaux de l'équipement n'ont pas trouvé le loisir de flécher un itinéraire de délestage (une déviation) pour les camions ou voyageurs de long-cours sur la départementale 960 (une ancienne nationale) coupée pendant 3 jours à hauteur de Vadencourt et les inondés, en sus de leurs petits soucis, ont du tirer d'affaire de nombreux égarés. Les GPS ne connaissent pas les inondations ! Seuls les services municipaux de Vadencourt se sont mobilisés pour poser des panneaux interdisant le passage.
Une petite note positive cependant : la retenue de Proisy a fonctionné cette fois (en décembre on avait négligé, semble-t-il, d'activer le clapet : les crues moyennes semblent peu intéresser les décideurs qui doivent vivre sur les hauteurs). Elle a sans doute écrêté la crue d'environ 20 centimètres et Guise a sans doute évité d'égaler l'étiage de la crue de 1993. On est sans nouvelle du projet de retenue en amont d'Hirson mais on peut espérer que le niveau de crue qu'a connu Hirson désarmera les lobbies qui s'opposent à ce projet. Dans tous les cas les légendes et rumeurs ont la vie dure : j'ai encore entendu des esprits d'habitude raisonnables soutenir au comptoir des cafés que ces retenues sont faites pour protéger Paris ! Le rappel que l'Oise se jette dans la Seine à Conflans-Sainte-Honorine, soit très en aval de Paris ne suffit pas à désarmer cet argumentaire dont l'imaginaire, on l'aura compris, n'a rien de géographique.
Brèche dans le Canal de la Sambre à l'Oise à Vadencourt - Photo Association Canal SetEt puis une note d'humour involontaire sur le site internet de VNF : si vous tapez "sambre oise" sur le moteur de recherche de ce site vous tomberez sur la suggestion d'itinéraire suivante :
"Chauny - Maubeuge
Balade sur le canal de la Sambre à l’Oise avec notamment le franchissement de nombreuses écluses, de pont-canaux et ponts tournants manuels Au départ de Chauny, vous serez au cœur du trafic plaisancier de la Picardie, où plusieurs voies se croisent. Une halte à La Fère et son château s’impose. L’écluse Hachette près de Maroilles et l’usine élévatoire de Locquignol, valent le voyage avant l’arrivée dans la ville de Maubeuge fortifiée par Vauban
Balade sur le canal de la Sambre à l’Oise avec notamment le franchissement de nombreuses écluses, de pont-canaux et ponts tournants manuels Au départ de Chauny, vous serez au cœur du trafic plaisancier de la Picardie, où plusieurs voies se croisent. Une halte à La Fère et son château s’impose. L’écluse Hachette près de Maroilles et l’usine élévatoire de Locquignol, valent le voyage avant l’arrivée dans la ville de Maubeuge fortifiée par Vauban
- 121 kilometres
- 49 ecluses
- 30 heures environ"
- 49 ecluses
- 30 heures environ"
Notez que le canal est fermé depuis bientôt 5 ans et que le délai de "réservation" pour cette ballade n'est pas précisé ! VNF, en outre, ne semble pas avoir lu le livre si charmant que Robert-Louis Stevenson a consacré à cet itinéraire ("Voyage sur les canaux et rivières du Nord de la France")
Dernière heure (samedi 22 janvier 2011) : ce matin je constate sur le site de VNF que la description de l'itinéraire a été supprimée depuis sa publication sur l'âne vert. Par contre il ne semble pas que VNF fêtera ses vingt ans sur le canal de la Sambre à l'Oise, aucune nouvelle sur le site hors le fait que l'avis de fermeture à la navigation va bientôt arriver à péremption. Il a déjà été réédité en 2008 car l'avis initial de février 2006 n'était plus pérenne (il n'est d'ailleurs plus visible en archive). VNF teste sans doute, en Thiérache de l'Aisne, la possibilité d'une inscription de son patrimoine au livre des records : la plus longue fermeture de son l'histoire de la navigation fluviale. On peut aussi apercevoir sur le site de VNF un film "ludique et décalé" qui donne à penser que seule la musique semble en mesure de réveiller les énergies de VNF. Le film commence par une scène - un aveu ? - où le personnel de VNF est figé, statufié ou endormi, immobilisé sans doute par on ne sait quelle baguette magique : une sirène (la "pincoya" peut-être que j'ai déjà croisée dans ma jeunesse à Chiloé au Chili ?) de passage dans les bureaux du nouveau siège ? C'est peut-être le moment de sortir nos orphéons !
Dernière heure (samedi 22 janvier 2011) : ce matin je constate sur le site de VNF que la description de l'itinéraire a été supprimée depuis sa publication sur l'âne vert. Par contre il ne semble pas que VNF fêtera ses vingt ans sur le canal de la Sambre à l'Oise, aucune nouvelle sur le site hors le fait que l'avis de fermeture à la navigation va bientôt arriver à péremption. Il a déjà été réédité en 2008 car l'avis initial de février 2006 n'était plus pérenne (il n'est d'ailleurs plus visible en archive). VNF teste sans doute, en Thiérache de l'Aisne, la possibilité d'une inscription de son patrimoine au livre des records : la plus longue fermeture de son l'histoire de la navigation fluviale. On peut aussi apercevoir sur le site de VNF un film "ludique et décalé" qui donne à penser que seule la musique semble en mesure de réveiller les énergies de VNF. Le film commence par une scène - un aveu ? - où le personnel de VNF est figé, statufié ou endormi, immobilisé sans doute par on ne sait quelle baguette magique : une sirène (la "pincoya" peut-être que j'ai déjà croisée dans ma jeunesse à Chiloé au Chili ?) de passage dans les bureaux du nouveau siège ? C'est peut-être le moment de sortir nos orphéons !
Le Canal de la Sambre à l'Oise à Vadencourt après rupture de la berge- Photo Association Canal Set
Brèche dans le Canal de la Sambre à l'Oise à Vadencourt - Photo Association Canal Set
Pour toute information complémentaire et soutiens: Association Canal Set (défense du canal) c/o Francine KIMPE - 02510 IRON Tel 03 23 60 45 16
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mardi 7 décembre 2010
Stupéfiant : Aisne tv change de banque !
Selon certaines rumeurs, non encore confirmées, un certain nombre de décideurs politiques du département, légèrement fatigués de servir régulièrement d'hommes sandwichs à la banque bien connue du monde agricole qui sponsorise depuis des années Aisne tv, auraient souhaité qu'Aisne tv change de sponsor. Verra-ton prochainement le Crédit Coopératif et la Banque Postale prendre le relai ?
L'opportunité de l'ouverture d'une succursale du Crédit Coopératif, une des rares banques "éthiques" du paysage bancaire français, dans la ville du Familistère de Jean-Baptiste André Godin, est également évoquée. Ce serait une petite révolution quand on sait que cette banque éthique n'a actuellement qu'une seule agence en Picardie et le signe fort que l'utopie n'est pas seulement, à Guise, un objet de musée. L'âne vert s'associe bien volontiers à ces perspectives en espérant qu'il ne s'agit pas d'effets d'annonce.
Remarquons que nos informateurs n'ont pas, pour l'instant, souhaité s'exprimer officiellement sur le sujet.
Notons que ces informations de l'âne vert ne sont sponsorisées ni par le Crédit Coopératif, ni par la Banque Postale.
Pour le Crédit Coopératif notez que même en l'absence d'agence dans votre ville il est très facile d'y ouvrir un compte (lisez le message laissé par Colette à ce sujet)
Pour le Crédit Coopératif notez que même en l'absence d'agence dans votre ville il est très facile d'y ouvrir un compte (lisez le message laissé par Colette à ce sujet)
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jeudi 21 octobre 2010
A Guise, ville du Familistère Godin, manifestation du 19 octobre pour les retraites
Manifestation du 19 octobre, à l'initiative des syndicats de métallos en grève de la ville de Guise (Godin, Majencia) contre la réforme des retraites promue, sans négociation ni concertation, par le gouvernement Sarkozy. La manifestation qui salue au passage Jean-Baptiste André Godin et son utopie, est rejointe par une partie des lycéens et des habitants de la ville. 500 manifestants c'est du jamais vu, de mémoire d'homme (et de femme), dans cette ville de 6000 habitants, depuis 1968. Le reportage photographique est de Michel Mahieux. La bande son, "la grève de l'orchestre" par l'orchestre de Ray Ventura et ses collégiens, est empruntée à un CD de chansons de l'époque du Front Populaire édité par Frémeaux & associés. Je vous recommande ces deux CD, un régal de bonne humeur pour l'oreille ! Et c'est un éditeur qui fait un travail magnifique.
jeudi 9 septembre 2010
On reconnaît une société à la façon dont elle traite les fous, par le docteur Jean Oury
Au mois de mai je vous ai parlé du docteur Jean Oury (voyez les archives de mai de ce blog: "la nuit sécuritaire...", vous y trouverez aussi une bibliographie).
Je vous donne à entendre une autre interview de lui (elle est extraite d'un documentaire "un monde sans fous" qui a été programmé cet été sur une chaîne du service public.
En cliquant sur l'image vous accéderez à cette interview. Si vous êtes sensible à ces questions lisez aussi la pétition contre les soins sécuritaires et décidez de la signer si elle vous paraît pertinente. En cliquant sur la deuxième image vous accéderez au site de cette pétition.
Site de l'appel contre les soins sécuritaires : cliquez sur l'image ci-dessous
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mardi 24 août 2010
"Liberté" de Tony Gatlif, un film pour réfléchir (vite) à la question pressante : que faire ?
J'ai vu ce film cet hiver, qui m'a bouleversé, j'en ai parlé sur des blogs amis mais j'ai oublié de vous en parler. Je ne mesurais pas bien alors ce que le poids de l'oubli et les émotions sans lendemain peuvent avoir de paralysant. Il est urgent, ce me semble de nous souvenir qu'il est écrit au fronton de nos mairies et de nos écoles "Liberté Egalité Fraternité". Les colères nécessaires ne doivent pas paralyser l'urgence de nos solidarités. Ce matin je suis tombé par hasard, à un péage, sur un traquenard à "gens du voyage", j'ai partagé mon déjeuner avec eux et leur ai souri, c'était peu, juste la moindre des choses.
Depuis juillet l'âne vert se souvient de plus en plus souvent qu'il a été gens du voyage et il aspire à partager son pré ou faire un bout de chemin avec ses semblables. Ceux qui me lisent et ont des idées plus claires sur "que faire", sont les bienvenus sur ce blog.
http://www.lavoixdesrroms.org/
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samedi 26 juin 2010
J'ai mal à France Inter
Oui depuis quelques jours j'ai mal à France Inter en entendant la nouvelle de l'éviction de Didier Porte et de Stéphane Guillon de l'antenne. France Inter, radio de service public pluraliste, c'est depuis bien longtemps ma radio du réveil. Et pas seulement du matin car j'aime aussi, à l'occasion, beaucoup d'autres émissions de l'antenne, "la prochaine fois je vous le chanterai", "l’Afrique enchantée", Interception, "Carnets de campagne", "Crumble", "Eclectique" et les voix de Pascale Clark, Rebecca Manzoni, Vincent Josse, Philippe Meyer, Noëlle Breham, Laure Adler, Philippe Meyer, Jérôme Garcin, Kriss et Claude Villers dont j'aimais tellement l'empathie joyeuse et facétieuse.
Certes je n'adhérais pas tous les jours aux contenus de l'humour des deux licenciés, il est arrivé qu'ils me fassent hurler, mais ils étaient le contrepoint bien nécessaire à la pesanteur des vérités officielles et que serait l'art de la caricature sans la liberté de forcer le trait ?
Ces évictions interviennent dans un contexte de crise de la presse écrite et de soumission croissante de tous les médias à des actionnaires que n'intéressent que les régies publicitaires, la proximité avec le pouvoir en place, et notre "temps de cerveau disponible" comme le disait l'inénarrable Mr Le Lay. Au fil des décennies nos gouvernants ont laissé se réduire comme une peau de chagrin les conquêtes en matière de liberté et d'indépendance de la presse du programme du CNR, à la Libération. En Picardie l'abandon du statut de coopérative ouvrière du journal le Courrier picard, dans l'indifférence générale, a été le dernier acte de la déshérence de ces conquêtes issues du temps de la résistance.
Chateaubriand qui défendit toujours, et souvent contre ses amis politiques, la liberté de la presse écrivait : "La presse est un élément jadis ignoré, une force autrefois inconnue, introduite maintenant dans le monde ; c'est la parole à l'état de foudre ; c'est l'électricité sociale. Pouvez vous faire qu'elle n'existe pas ? plus vous prétendez la comprimer, plus l'explosion sera violente". Il écrivait cela dans un siècle où les atteintes à la liberté de la presse faisaient se dresser les barricades dans Paris. Nous n'en sommes peut-être pas là mais c'est un signe d'affolement du pouvoir. Qu'il se soit trouvé comme allié, pour cette basse besogne, quelqu'un comme Philippe Val dont il m'est arrivé d'aimer les chroniques dans Charlie Hebdo ou sur l'antenne en lieu et place des deux humoristes licenciés, est particulièrement révoltant.
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dimanche 6 juin 2010
Les soldats oubliés de mai-juin 1940 sur les fronts de l’Aisne, de la Somme et de l’Oise
Groupe de soldats du 25 ème GRCA 1940 lieu inconnu,
mon père, Michel Harmelle, est le soldat de gauche à l'arrière du groupe
Je reviens d’une randonnée au sud de Roye (Somme) puis au nord-est de Noyon (Oise) et à Verberie (Oise) dans les pas de mon père, soldat du 25 ème GRCA, lors des ultimes combats de juin 1940. J’ai déjà brièvement évoqué sa mémoire dans un billet précédent (10 mai 1940 Début de l'offensive allemande, le grand historien Marc Bloch est à Bohain-en-Vermandois, dans l'Aisne) auquel vous pouvez vous reporter.
Je crée une page distincte de la temporalité de ce blog, en mémoire de mon père, sur les combats du 25 ème GRCA auquel il participa. Vous pouvez y accéder en cliquant, au bas de la colonne de droite de ce blog, à la rubrique "Documents", sur le lien "Michel Harmelle, un soldat oublié de 1940". Vous pourrez ensuite revenir au blog en cliquant sur l'imagette de l'âne vert.
Je ne donne ici que les grands traits des combats de cette unité ainsi que mes impressions de randonnée.
Après les combats de mai à la frontière belgo-luxembourgeoise à l’ouest de Longwy, le 25 ème GRCA est déplacé sur les fronts de l’Aisne, de la Somme et de l’Oise. Il est d’abord mis en réserve à la défense des ponts de l’Aisne d’Attichy à Choisy au Bac. Le 25 mai, il est mis en réserve du 24 ème corps d’armée « pour colmater les brèches en tous points du front », au sud de Roye (Plessis-de-Roye, Laberlière, Roye-sur-Matz). Ce corps d’armée défend le front de la Somme, au nord, et du canal de Crozat (ou canal de Saint-Quentin) à l’est. Le 5 juin, jour du déclenchement de l’ultime offensive allemande vers le sud, une brèche s’ouvre au sud-est de Noyon, les troupes allemandes franchissent l’Oise à Chauny et menacent Noyon par le sud-est. Le 25ème GRCA participe à la défense de Noyon en tentant d’empêcher les troupes allemandes de franchir l’Oise et le canal latéral de l’Oise vers le nord. Le 25 ème GRCA combat pendant deux jours au sud d’une ligne Baboeuf-Salency-Morlincourt puis se replie vers le nord-ouest de Noyon à un moment où il est presque encerclé (au nord les troupes allemandes ont dépassé Guiscard et à Noyon elles remontent vers le nord au mont Saint-Siméon) et à court de munitions. Il se repositionne à Verberie au sud de l’Oise où l’armée allemande menace de s’engouffrer, vers Paris, dans la trouée entre les forêts de Compiègne et d’Halatte. Au bout de deux jour de combats il est encerclé dans Verberie par des troupes qui ont franchi l’Oise à hauteur de Pont-Ste-Maxence et à l’est de Verberie. L’essentiel du 25ème RCA parvient à briser l’encerclement en combattant et amorce alors une longue retraite où il combat encore pour la défense des ponts de la Seine et de l’Yonne. Il franchit la Loire à Gien et Châteauneuf-sur-Loire le 17 juin quelques heures avant que les ponts soient détruits.
Quand il se regroupe au sud de la Loire le 25ème GRCA a perdu 489 hommes (tués, blessés, disparus ou prisonniers) soit près de la moitié de son effectif. De façon certaine l’unité a perdu 47 tués (parmi lesquels 12 officiers et sous-officiers) et 73 blessés (dont 15 officiers et sous-officiers), beaucoup de tués et de blessés sont présumés parmi les disparus. C’est une unité qui a combattu constamment, notamment sur le front de l’Oise, pour tenter de colmater les brèches et protéger la retraite des autres unités. Elle fait face à un ennemi toujours supérieur en nombre, sans soutien aérien alors qu’elle est en permanence sous le feu des stukas. Autour de Noyon et de Verberie elle combat jour et nuit sans sommeil et presque sans ravitaillement pendant 7 jours alors même que l’approvisionnement en munition, comme les communications avec les unités voisines, sont de plus en plus précaires. Mon père, dans son agenda, rend hommage au colonel Lesage qui commande l’unité « notre colonel est gonflé, un sang froid admirable » écrit-il après Verberie.
On est loin de l’imagerie, longtemps véhiculée par la vox populi, et de façon intéressée par les historiens pétainistes, d’une armée de la République (et du Front Populaire) qui n’aurait pas combattu. Dans un petit livre édité par la mairie de Verberie et que l’on m’a donné fort gracieusement un historien rappelle d’ailleurs ces données qui donnent bien l’échelle de l’âpreté des ces combats : en 14-18, durant les 300 jours de la bataille de Verdun, nombre de tués par jour (côté français) : 1116, et pour les combats de mai-juin 1940 : 3477 tués par jour !
Venons en à ma récente randonnée. Au cours des deux jours passés sur les lieux des combats où mon père fut présent j’ai rencontré des maires, des anonymes, des personnes ressources que le voisinage m’indiquait. Toutes ces rencontres, sauf à Verberie, m’ont confirmé ce que je pressentais : les soldats de 40 sont les oubliés de l’histoire. Les nations préfèrent le plus souvent se souvenir de leurs victoires que de leurs défaites et les soldats de 40 ont le plus souvent été enterrés à la hâte dans des combats d’arrière garde ou laissés à la diligence du vainqueur. Dans ce deuxième cas il semble que les civils mobilisés pour ces tâches d’inhumation ont travaillé à l’économie dans un temps et un espace si dévastés que la survie même des survivants était bien problématique. Le résultat est que même sur les lieux où je sais, soit par le journal de mon père, soit par le journal du 25ème GRCA, que des soldats ont été enterrés (à Baboeuf, à Sallency, à Laberlière par exemple) je ne trouve pas trace de ces tombes. A Sallency une plaque commémorative rappelle les noms de ceux qui sont tombés pour la défense de la commune en juin 40 mais personne ne sait où sont leurs sépultures.
La visite des cimetières militaires de Noyon et de Verberie me confirme dans cette impression. Au cimetière militaire de Noyon, un panneau officiel m’apprend que 773 soldats de la guerre de 40 sont enterrés dans l’ensemble des cimetières militaires de Picardie. C’est peu, compte tenu de ce que je sais des combats. Où sont les autres ? Nul ne semble le savoir. A Noyon, pas de tombes de soldat de 40, à Verberie je les trouve difficilement, ils ont été enterrés, dans le désordre, au milieu des soldats de 14-18. J’apprends, grâce au petit livre que m’a remis la mairie, que le Colonel Lesage, qui commandait le 25 ème GRCA est revenu souvent à Verberie et que c’est grâce à son zèle que les tombes éparses de juin 40 ont été regroupées au cimetière militaire de la ville.
Le souvenir est si vivant, et douloureux, à Verberie, de ces combats, que dans le premier bar où je m’arrête pour me rafraîchir, un inconnu, mon voisin de comptoir, tombe en larmes quand je lui raconte le motif de mon reportage et lui montre l’agenda de mon père, alors même qu’il n’est pas d’âge à avoir vécu cette époque. Il me parle du Colonel Lesage qu’il semble avoir connu et m’envoie à la mairie.
La visite de ces cimetières militaires qui voisinent souvent avec des cimetières allemands et anglais m’apprend aussi une chose que j’ignorais : nos cimetières militaires, dans cette zone, en comparaison des cimetières allemands et anglais, sont entretenus et gérés de façon bien misérable. Anglais et allemands se donnent les moyens de jardiner et de fleurir soigneusement leurs cimetières militaires là où les nôtres sont entretenus à minima. Les monuments funéraires en matériau pauvre (béton armé de mauvaise qualité) se dégradent, voire s’effondrent, sans qu’il y soit porté remède. Les plaques identifiant les soldats morts sont souvent illisibles, parfois cassées ou pendantes, certaines, brisées, jonchent le sol. Je vous livre quelques photos pour porter témoignage de cet état de fait. Je comprends bien l’argument que l’on m’opposera qu’il est plus urgent de s’occuper des vivants que des morts. L’armée qui a tellement marqué de son empreinte ces contrées du nord-est de la France, semble d’ailleurs se préoccuper prioritairement d’accompagner la ruée de mes contemporains vers le sud et l’ouest du pays, cette déshérence est peut-être un corolaire de cela ? Mais je voudrais aussi rappeler aux autorités militaires, qui ont la charge de ces lieux, que les anthropologues conviennent généralement à dater les débuts de nos civilisations aux premières traces, chez les humains, de pratiques de sépulture. Et au cours de ce bref voyage il m’est arrivé de me demander si nous étions encore une « civilisation ».
Cimetière militaire anglais de Noyon, juin 2010
Cimetière militaire français de Noyon, juin 2010
Plaque commémorative des soldats de juin 40 tombés à Salency (Oise)
Tombe collective 14-18 à Laberlière (Oise), juin 2010
Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Dassonville Guy, sous-lieutenant du 52ème BMM
Mort pour la France le 11-6-1940
Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Baisse Roger, lieutenant du 94ème RI
Mort pour la France le 11-6-1940
Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Debargue Marcel, lieutenant du 25ème GRCA
Mort pour la France le 11-6-1940
Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Assouline Moise, soldat du 94ème RI
Mort pour la France le 11-6-1940
Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
MATHIEUX Joseph, caporal du 105ème RI
Mort pour la France le 7-8-1918
Cimetière militaire de Verberie (Oise), juin 2010
Surcouf Jean, soIdat du 25ème GRCA
Mort pour la France le 11-6-1940
Pour aller vers la page consacrée à mon père vous pouvez cliquer sur l'intitulé suivant : Michel Harmelle
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