dimanche 1 avril 2012

Une nouvelle semence de betteraves OGM va-t-elle révolutionner la filière énergétique en Picardie ? Vers une reconversion de la filière betterave-ethanol d’Origny Sainte-Benoite et la création d’un nouveau centre de stockage des déchets nucléaires à Marly-Gomont ?

C'est le "Poisson d'Avril" auquel vous avez échappé cette semaine. J'avais écrit ce texte avec l'idée, facétieuse, de créer un buzzz (enfin une rumeur) dans le genre "poisson d'avril" sur le internet cette semaine via un blog "ad-hoc". Des esprits sages m'ont convaincu que mélanger la fiction et le réel sur des sujets à certains égards si angoissants pour mes contemporains, sujets qui méritent des réflexions et des actions bien réfléchies, n'était peut-être pas très pertinent, particulièrement dans le contexte présent. Rire de nos misères reste cependant toujours d'actualité donc je diffuse ce texte sur mon blog en l'assumant comme une fiction. Ce texte contient cependant des allusions à des problèmes graves, notamment la question des justifications pseudo-écologiques et économiques de la filière de carburants betterave-éthanol. J'y reviendrai de façon plus sérieuse sur ce blog prochainement.

Usine Tereos d'Origny-Sainte-Benoite (Aisne) qui produit à la fois du sucre et de l'éthanol à partir des betteraves sucrières.

Une réunion secrète se serait tenue récemment au Qatar réunissant des investisseurs qataris, des acteurs majeurs de la filière betteravière picarde (groupe Tereos, Crédit-Agricole), un grand groupe semencier international (Monsanto), des industriels de la filière nucléaire européenne (Areva, Siemens) et des groupes actifs dans le traitement et le stockage des déchets industriels (Valor-Aisne et Andra).

Le point de départ est la mise au point jusqu’ici tenue secrète par le groupe Monsanto, d’une nouvelle variété de betteraves sucrières génétiquement modifiée (code xx3145) dont la particularité est son haut pouvoir absorbant de la faible radio-activité ambiante dans les sols de toutes natures. La culture de cette nouvelle semence semble avoir été testée à assez grande échelle dans des pays de l’Union Européenne (Pologne, Roumanie) où la réglementation environnementale est peu contraignante.

La culture à plus grande échelle ouvrirait la perspective d’une reconversion de la distillerie d’Origny Sainte-Benoite (groupe Tereos) en centrale nucléaire douce disposant du label « développement durable ». On savait la filière betteravière inquiète des critiques des scientifiques de l’écologie que la Cour des Comptes vient de relayer récemment en dénonçant un gouffre à subventions aux justifications écologiques en trompe l’œil. Une commission sénatoriale a par ailleurs récemment préconisé une baisse drastique des exonérations de TIPP dont bénéficie cette filière, ruineuses pour les finances publiques. C’est ce contexte qui explique la reconversion en cours par le groupe Tereos de sa distillerie normande de blé-éthanol en usine d’amidon.

Cette filière ouvre la perspective d’une reconversion, véritable bouée de sauvetage pour l’usine d’Origny, de la distillerie d’éthanol en centrale nucléaire d’un type nouveau utilisant comme combustible les éléments faiblement radioactifs concentrés dans les betteraves xx3145 et rendus industriellement utilisables au terme d’un processus de raffinage dont la faisabilité faisait l’objet de la réunion au Quatar. Il s’agit dans un premier temps de réunir les capitaux importants que nécessite la mise au point de ce nouveau process de production. Le groupe AREVA qui est inquiet pour ses approvisionnements en uranium suite à l’insécurité qui prévaut actuellement sur ses principaux sites d’extraction en Afrique sub-saharienne suite aux pressions (enlèvements de personnels) exercées par le groupe Al Quaeda au Maghreb dans cette région, s’est montré intéressé.

Le groupe Monsanto a également fait prévaloir l’intérêt de cette nouvelle semence OGM dans des applications de dépollution des sols consécutifs d’accidents nucléaires de grande ampleur. L’électricien japonais TEPCO, propriétaire des centrales de Fukushima, était d’ailleurs présent, à titre d’observateur, à la réunion de Doha, capitale du Qatar.

Le problème du traitement et du stockage des déchets de cette nouvelle filière semble également avoir été abordé à la réunion de Doha. C’est sans doute ce qui explique la présence à cette réunion de Valor-Aisne et de l’Andra (qui gère les centres de stockage  des déchets nucléaire en France et conduit actuellement des programmes ambitieux de recherche-développement sur des projets de stockage à grande profondeur). Il se murmure auprès des milieux autorisés qu’un projet de centre de stockage d’un type complètement nouveau serait à l’étude à Marly-Gomont (Thiérache) ou sur le site de l’ancienne base militaire de Couvron, près de Laon. On notera que l’Agence de Développement Economique de l’Aisne avait également délégué un observateur dans la capitale du Qatar. La localisation à Couvron semble cependant bien douteuse compte tenu de la proximité de ce site avec la capitale administrative de l’Aisne et compte tenu aussi de la longue série de projets annoncés à grand renfort de fanfares et sitôt avortés qu’a connu ce site. Les géologues consultés penchent plutôt pour le site de Marly-Gomont dont les couches argileuses profondes, assez semblables à celles du site de Bure aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne actuellement développé par l’ANDRA, sont bien plus propices à de tels projets.

La proximité de Marly-Gomont avec le champ de courses de La Capelle aurait également été retenue comme un point positif par les investisseurs qataris. Nos lecteurs se souviendront peut-être qu’une délégation venue de Doha a visité l’été dernier ce champ de course. Après le PSG, peut-on s’attendre aussi à un investissement significatif de l’émirat à La Capelle ? Décidemment on ne peut que se réjouir de l’intérêt nouveau des investisseurs internationaux pour l’Aisne et la Thiérache et plus que jamais « Invest it ‘s op ‘Aisne ! ».

Tout projet ambitieux attirant immanquablement dans notre pays son lot habituel de « pisse-froid » et « mauvais coucheurs », cette perspective, sitôt connue, a déchaîné quelques controverses. Marine Le Pen a déclaré qu’elle ne laisserait pas planter un minaret sur La Chapelle* (sic). Plus sérieusement le chanteur Kamini a déclaré la semaine passée qu’il ne laisserait pas transformer la capitale mondiale du Rap rural en poubelle nucléaire et il semble qu’un grand rassemblement européen est en préparation sur le site de Marly-Gomont pour le dimanche 1er avril.
 * son directeur de campagne semble avoir eu des difficultés à lui faire comprendre qu’il s’agissait d’un champ de course sis sur la commune de La Capelle.

Kamini à Marly-Gomont

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