samedi 26 juin 2010

J'ai mal à France Inter

Oui depuis quelques jours j'ai mal à France Inter en entendant la nouvelle de l'éviction de Didier Porte et de Stéphane Guillon de l'antenne. France Inter, radio de service public pluraliste, c'est depuis bien longtemps ma radio du réveil. Et pas seulement du matin car j'aime aussi, à l'occasion, beaucoup d'autres émissions de l'antenne, "la prochaine fois je vous le chanterai", "l’Afrique enchantée", Interception, "Carnets de campagne", "Crumble", "Eclectique" et les voix de Pascale Clark, Rebecca Manzoni, Vincent Josse, Philippe Meyer, Noëlle Breham, Laure Adler, Philippe Meyer, Jérôme Garcin, Kriss et Claude Villers dont j'aimais tellement l'empathie joyeuse et facétieuse.
Certes je n'adhérais pas tous les jours aux contenus de l'humour des deux licenciés, il est arrivé qu'ils me fassent hurler, mais ils étaient le contrepoint bien nécessaire à la pesanteur des vérités officielles et que serait l'art de la caricature sans la liberté de forcer le trait ?

Ces évictions interviennent dans un contexte de crise de la presse écrite et de soumission croissante de tous les médias à des actionnaires que n'intéressent que les régies publicitaires, la proximité avec le pouvoir en place, et notre "temps de cerveau disponible" comme le disait l'inénarrable Mr Le Lay. Au fil des décennies nos gouvernants ont laissé se réduire comme une peau de chagrin les conquêtes en matière de liberté et d'indépendance de la presse du programme du CNR, à la Libération. En Picardie l'abandon du statut de coopérative ouvrière du journal le Courrier picard, dans l'indifférence générale, a été le dernier acte de la déshérence de ces conquêtes issues du temps de la résistance.
 
Chateaubriand qui défendit toujours, et souvent contre ses amis politiques, la liberté de la presse écrivait : "La presse est un élément jadis ignoré, une force autrefois inconnue, introduite maintenant dans le monde ; c'est la parole à l'état de foudre ; c'est l'électricité sociale. Pouvez vous faire qu'elle n'existe pas ? plus vous prétendez la comprimer, plus l'explosion sera violente". Il écrivait cela dans un siècle où les atteintes à la liberté de la presse faisaient se dresser les barricades dans Paris. Nous n'en sommes peut-être pas là mais c'est un signe d'affolement du pouvoir. Qu'il se soit trouvé comme allié, pour cette basse besogne, quelqu'un comme Philippe Val dont il m'est arrivé d'aimer les chroniques dans Charlie Hebdo ou sur l'antenne en lieu et place des deux humoristes licenciés, est particulièrement révoltant.

1 commentaire:

Mahieux jacques a dit…

Hé bien voilà,tout est dit et bien dit,et par l'âne,et par François Morel...Etonnante,cette propension de certains à mal vieillir,isn't it,mister Val?Souhaitons-lui bon naufrage...Curieux que personne n'ait encore pensé à rediffuser des extraits des sketches du susdit,époque Font&Val...D'accord,ce lui serait cruel,mais qui aime bien,etc etc...